Retour sur le sacre des Springboks à la Coupe du Monde de Rugby de 1995. Une victoire politico-sportive avec Nelson Mandela aux commandes.

Jusqu’à la fin de l’été, on vous replonge dans les plus grands exploits qui ont marqué les 90’S . Aujourd’hui, place au rugby avec le sacre des Springboks en 1995 — une victoire historique et politique.

Nelson Mandela à la baguette

Tout juste élu président depuis un an, Nelson Mandela grande figure de la lutte contre l’Apartheid voit grand avec cette Coupe du Monde de Rugby qui a lieu pour la première fois en Afrique du Sud. L’objectif est de se servir des Springboks pour unifier la nation sudafricaine entre les noirs et les blancs. Seul problème, le rugby n’est absolument pas populaire auprès des communautés noires. Ce sport reste le symbole de l’ancienne Afrique du Sud du temps de l’Apartheid. Second problème, l’équipe de l’époque doit retrouver son meilleur niveau. De retour sur la scène internationale en 1992, les Springboks sont encore loin de pouvoir rêver au trophée Webb-Ellis.

Mais le pays doit se relever rapidement. Confrontée à de nombreux problèmes économiques et sociétaux, l’Afrique du Sud est en 1995 au plus mal. Mandela voit donc l’arrivée de cette Coupe du Monde  comme un moyen rapide de remonter rapidement la pente. Pour promouvoir l’équipe de l’emblématique capitaine François Pienaar, Mandela n’hésitera pas à se mettre en scène au côté des rugbymen. Dans une équipe qui ne compte qu’un seul joueur noir – l’ailier Chester Williams (largement pris à parti par ses coéquipiers) – il est  bien compliqué de « vendre » cette équipe. Seuls les résultats sur le terrain compteront.

Un parcours irréprochable

Lors des phases des poules, la machine Springboks s’est lancée de la plus belle des manières en remportant les 3 matchs du tour préliminaire. Une victoire 27-18 contre l’ennemi australien, un succès 21-8 contre les rugueux roumains et un facile gain 20-0 contre les bûcherons canadiens. Finissant premiers de leur poule, Pienaar et ses coéquipiers commencent donc le tournoi de la plus belle des manières. Place aux phases finales avec  les Samoa pour les quart de finale.

Ce match du 15 juin 1995 au Ellis Park Stadium aura été une démonstration pour les Springboks. Avec un jeu léché et efficace, l’Afrique du Sud terrasse la pauvre équipe des Samoa avec au final un score très lourd de 45-12. Les choses sérieuses vont enfin pouvoir commencer par la suite avec la demi-finale face au XV de France. Face à Thierry Lacroix et ses partenaires, la marche s’annonce un peu plus haute que face aux adversaires rencontrés précédemment. Sous des trombes d’eau (la rencontre a été retardée), l’Afrique du Sud va tout de même finir par s’imposer 19-15. Un match très controversé puisque la France se verra refuser 3 essais. L’arbitre gallois Derek Bevan n’est pas exempt de tout reproche. Beaucoup insinuent d’ailleurs qu’il aurait été acheté pour permettre aux locaux d’accéder à la finale.

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Une finale au scénario hollywoodien

Et voilà la finale tant attendu entre l’hôte de cette Coupe du Monde et les redoutables All-Blacks aura bien lieu. C’est dans un Ellis Park plein à craquer que cette finale va se jouer. Juste avant le coup d’envoi, Mandela fait un tour sur le terrain pour saluer les joueurs. Un Boeing 747 avec écrit en gros « Good Luck Booke » survolera même le terrain. Dans cette rencontre décisive, la Nouvelle-Zélande part largement favorite. Dans ses rangs, elle peut compter sur le meilleur joueur de rugby de tout les temps Jonah Lomu malheureusement décédé en novembre dernier.

Un match  très serré où les Boks et les Blacks répondent coup pour coup. Aucun essai ne sera inscrit au cours de 80 minutes de jeu et le score sera de 9-9, direction donc les prolongations. 12-12 à 6 minutes de la fin, la délivrance viendra finalement du pied de Joel Stransky avec un drop sorti de nulle part. L’Afrique du Sud est championne du monde chez elle et pour la première fois de son histoire.

Mandela et les Springboks peuvent enfin exulter, le miracle tant attendu est bien arrivé. Dans tout le pays, des scènes de joie et de liesse ont lieu pour fêter la victoire des champions. Bien qu’historique ce titre n’aura finalement que peu d’impact sur la mixité et l’égalité raciale dans le rugby sudaf. Pour corriger cela, le gouvernement a imposé pour 2019 des quotas pour avoir obligatoirement 50 % de joueurs noirs sur le terrain. À ce moment-là, on pourra enfin parler d’équipe arc-en-ciel.

L’Afrique du Sud sera par la suite une seconde fois championne du monde lors de l’édition 2007 en France. Pour aller plus loin, on vous conseille bien sûr le film Invictus réalisé par Clint Eastwood et le livre Playing The Enemy écrit par John Carlin.

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