Critique du premier film de Sylvain Desclous, Vendeur

Le 25 avril dernier, nous sommes nombreux à nous presser devant l’entrée du Club de l’Étoile, cinéma très humain et chaleureux situé à quelques cent mètres de l’Arc de Triomphe; et pour cause le film Vendeur de Sylvain Desclous avec pour têtes d’affiche Gilbert Melki et Pio Marmaï nous est présenté en avant-première.

La nature même de l’évènement est une certaine mise en abîme: on nous fournit un sac rempli de goodies pour la promotion du film, le réalisateur et Gilbert Melki sont présents et un cocktail est organisé à la sortie. Je me félicite de ne pas être allé à l’avant-première de « The Assassin », on n’est jamais trop prudent…

Vendeur, donc, est l’histoire d’un quinquagénaire Serge, vendeur itinérant vedette interprété par un Gilbert Melki qui nous présente un cousin éloigné de son personnage dans La Vérité Si Je Mens en y intégrant une profondeur et une sensibilité brillante, qui voit débarquer son fils Gilbert (Pio Marmai) dont le restaurant a fait faillite et qui cherche un emploi de toute urgence. Après des débuts difficiles pour ce dernier dans une société de vente de cuisines aménagées où son père fait office d’icône, Gilbert (le fils) se découvre finalement un don (notamment grâce aux conseils de son père). Mais cette nouvelle carrière n’est-elle pas un renoncement ? Finira-t-il seul et malade comme son père ?

Ce film, le premier réalisé par Sylvain Desclous, est tout d’abord une plongée dans le monde fascinant de la vente, du management agressif et de l’enfumage de la clientèle. L’univers est dépeint avec précision (le réalisateur a travaillé en amont avec de vrais vendeurs) et le talent de Desclous se révèle à travers la transcription de la tension, du stress voire de la folie de ce milieu sans foi ni loi. Il réussit à donner au terme « vendeur » une connotation mystique, inquiétante.

En effet, ici il n’y a aucune volonté de retranscrire une quelconque réalité sociale ou une critique « profonde ». Si la solitude et le mode de vie du père sont des thèmes majeurs du film, le réalisateur s’inscrit dans « une volonté de faire du cinéma » (comprendre par opposition au documentaire ou au film français social). Les surcadrages, costumes, le travail de la lumière ou encore le choix de la bande originale (fait avec Gilbert Melki) traduisent cette ambition de créer et magnifier une ambiance, une histoire, qu’elle soit réaliste ou non. Le terme de road-movie revint d’ailleurs plusieurs fois dans la conférence de presse qui suivi la projection, la voiture de Serge étant un décor récurrent et la route un sujet sous-jacent.

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Car il ne s’agit pas ici de se contenter de dépeindre la vie ou les névroses des professionnels de la vente en foire, mais de parler d’une relation père-fils, de l’âge adulte et des projections que l’on peut avoir de ses parents, du deuil, des schémas qui se répètent au sein d’une même famille.

Famille dont les femmes sont relativement exclues, de par la profession, le tempérament et le mode de vie de ces trois hommes (on peut y inclure le père de Serge). Si elles sont le parent pauvre de ce film, Sylvain Desclous nous a déjà promis que son second film leur fera la part belle.

Date de sortie 4 mai 2016 (1h 29min)

De Sylvain Desclous

Avec Gilbert Melki, Pio Marmai, Pascal Elso 

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By T.T.R

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