En marge d’un nouveau Finist’Air Show remporté haut la main, Tom Pagès nous a accordé un peu de son temps pour une interview.

C’est toujours un plaisir pour le public breton de te retrouver. Que leur prépares-tu pour demain ?

Tom Pagès – Mes figures habituelles, ensuite on verra, j’ai deux rampes un peu spéciales avec des bascules en haut qui envoient la moto par l’avant, ça va être à moi de rester avec. Il y aura deux figures un peu inédites lors du Finist’Air Show.

Justement, peux-tu nous parler du processus de création pour tes nouveaux tricks ?
Tom Pagès – C’est d’abord de la visualisation à 80%. Après techniquement, tu connais tes capacités. Ensuite c’est la prise de risques, car tu pars dans l’inconnue. Je m’entraîne beaucoup sur bac à mousse. On répète, on répète, on répète, on répète. 6 mois, 1 an, 5 ans, le temps qu’il faut. Pour le front flip flair par exemple j’ai mis trois mois, 4h par jour pendant trois mois. C’était le temps qu’il me restait avant Madrid et il fallait le faire à Madrid.

Quand tu commences une figure, ça peut devenir une obsession ?
Ça l’est devenu. Je savais que si ça passait à Madrid alors j’étais intouchable. Un moment, j’ai eu peur que ça ne pose pas. Je travaillais tellement ça que je perdais mon niveau à côté. Ça a payé, mais ça pouvait être un flop complet. C’est ce que les gens qui n’apportent pas de figures ne comprennent pas. Si ça ne passe pas : j’ai perdu mon niveau, j’ai perdu l’événement et je n’ai rien de nouveau. Il y en a certaines que j’arrête, car ça ne passe pas.

On est en période hors compétition, en dehors de ces manifestations, que fais-tu pour te maintenir physiquement ?
J’ai une grosse préparation sur la moto. Je dirais 90% du temps. Pour le reste, je sors avec les potes, je fais de la moto freestyle et je fais du parachute. C’est important de rester actif en se déconnectant de son propre sport. Ce sont des phases d’entraînements constantes également, au haut-niveau, la compétition est toujours là.

Contrairement à beaucoup d’athlètes, tu ne fais pas de musculation.
Tom Pagès – Je n’ai jamais été dans cet environnement contrairement à eux (NDLR : les américains et les australiens). Ils viennent d’un milieu où il faut faire d’autres sports. Comme je t’ai dit, moi je passe la plupart de mon temps sur ma moto. Je n’en ai pas besoin à vrai dire. Certains font de la musculation pour compenser les soirées avec les potes. Je n’ai pas ce mode de vie.

Pour ta préparation mentale, es-tu accompagné ?
Oui, j’ai une psychologue qui me suit. On s’appelle régulièrement et elle est là pour les grosses compétitions. C’est quelqu’un que j’ai découvert grâce au sport. Il fallait, pour moi, essayer d’avancer avec les périodes de gros-stress en compétition. Aujourd’hui, ce qui est certain, c’est que ça m’a vraiment aidé pour ma carrière. J’espère que ça m’aidera également pour l’avenir dans ma reconversion.

Justement pour l’avenir, vers quoi aimerais-tu te diriger ?
Pour le moment je n’ai pas vraiment d’idées. Pourquoi pas créer mon propre événement. 2017 va encore être à fond moto. J’essaie de voir année après année et de ne pas trop me projeter.

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T’es au sommet aujourd’hui, quels étaient les objectifs du jeune Tom Pagès ?
Être professionnel. J’ai commencé la moto assez tard et je n’ai jamais vraiment su vers quoi m’orienter à l’école. Je me souviens avoir dit à mon prof en quatrième que je voulais être pilote de moto. Évidemment quand un élève te dit ça, tu ne le prends pas trop au sérieux… Quand j’ai commencé le freestyle motocross, mon objectif était ensuite de passer certaines figures. Ensuite, ça a été de rouler avec les meilleurs puis gagner, encore gagner. J’ai gagné 4 fois Madrid aujourd’hui et validé les médailles aux X-Games. Je pense que j’ai fait ce que j’avais à faire, même plus. L’avenir va me réserver d’autres choses et ce sera à moi de trouver les bons objectifs pour pouvoir avancer et ne pas me laisser aller.

À tes débuts, dans le monde du FMX qui était ta plus grande source d’inspiration ?
J’ai mal été bercé par Travis Pastrana (le GOAT), après j’ai toujours un gros challenge avec mon frère. Rien que de réussir à être meilleur que lui fut très difficile.

Et ton plus grand rival ?
Je pense que pendant une période c’était moi-même. Non pas que les autres étaient moins bons, mais avec le stress et la peur, j’avais du mal à exécuter mes figures. À partir du moment où j’ai réussi à battre mes propres peurs et à savoir pourquoi j’étais là alors j’étais performant. Aujourd’hui, même si beaucoup de gars si très forts, Josh Sheehan est très très bon. Clinton Moore également (tous deux présents au Finist’Air Show). Ce sont les deux plus grands pour moi aujourd’hui.

Tom Pagès, Josh Sheehan & Clinton Moore MadridLors des Red Bull X-Fighters de Madrid en 2016 – Tom Pagès 1er, Clinton Moore 2e et Josh Sheehan 3e

Justement, comment tu expliques la camaraderie présente en FMX, malgré la rivalité ?
Entre ces d’eu-là et moi y’a une bonne ambiance, car personne n’a peur de l’un ni de l’autre. Si en compétition on fait ce qu’on a à faire, on sera déjà très content. SI chacun pose son run, il n’y a presque pas de gagnant et ce sera alors une simple appréciation des juges. Après il y en a d’autres que cherchent presque à mettre des bâtons dans les roues. À mettre la rampe de telle ou telle manière à toujours chercher des failles.

Dans de nombreux sports US, les rivalités ont forgé les légendes et delà sont arrivés les meilleurs all-time. Est-ce que tu veux qu’à la fin de ta carrière on dise : « Tom Pagès, c’était le meilleur » ?
Là c’est compliqué. Par exemple aux JO, c’était Bolt, Bolt et Bolt. Même en France, on a peu parlé de la troisième place de Lemaitre. Si tu veux qu’on se souvienne de toi, t’as qu’à être le meilleur.

En France, tu permets à beaucoup de personnes de découvrir le FMX, il pourrait même y avoir « Un avant et un après Tom Pagès ».
Ce n’est pas du tout recherché, mais je me rends compte que d’avoir marqué l’histoire de mon sport va me servir pour l’avenir. Ça va m’ouvrir des portes, je pense. Marquer l’histoire de son sport, ça permet de gagner sa liberté ensuite.

Qu’est-ce que tu dirais à la mère de famille qui a un fils fan de toi qui veut se lancer dans le FMX ?
Je vais lui dire que c’est dangereux, mais si son fils est heureux c’est le principal.

Merci Tom et très bonne continuation

Tom Pages - Madrid Celebration

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