Nous étions à Dublin le week-end dernier pour Winamax Poker Open. Une incursion au cœur de ce sport à part entière.

La fameuse question: le poker est-il un sport? Au regard de ce que nous avons appris, on peut vous le dire droit dans le clavier : oui ! Alors que les meilleurs joueront 10h par jour pendant une semaine non-stop, on commence à se dire que c’est du serious-business. Ajoutez à ça le fait de jouer plusieurs dizaines voire centaines de milliers de dollars et vous obtenez le plus Molotov des cocktails. Sans cesse observé, mais également à l’affût du moindre indice laissé par les autres joueurs présents à la table, se lancer dans une partie; c’est accepter d’être à la fois le chasseur et le chassé.

« Quand on parle du haut niveau, hormis la dimension physique toutes les composantes du sport professionnel sont là. À un niveau professionnel, ça s’apparente clairement à une discipline sportive. » – Stéphan Matheu, manager du Team Pro Winamax

Si restez assis pendant une dizaine d’heures, ne présente pas de difficulté particulière, rester concentré pendant autant de temps est une autre paire de manches. Winamax a d’ailleurs un « Manager ++ » également coach pour la team pro. Un apport quasi indispensable aujourd’hui. Stéphane Matheu a donc accepté de répondre à nos questions :

 » Ça fait 6 ans que tu es chez Winamax, comment es-tu arrivé là ?
J’étais joueur de tennis professionnel. J’ai arreté à 27 ans et je repris la fac aux États-Unis. Je me suis retrouvé à l’université de Las Vegas et je coachais des équipes de tennis là-bas. J’ai rencontré Gus Hansen, grand joueur de poker qui cherchait quelqu’un pour l’entraîner au tennis. Il m’a fait découvrir ce monde-là. J’étais fasciné par le truc et vu plein de choses parallèles avec le sport de haut-niveau. À l’époque c’était tout nouveau. Avec le potentiel, les enjeux et l’adrénaline, j’ai un peu vu que ça allait exploser dans le monde. Avec mon profil, je me suis dit  que  je pouvais apporter à des joueurs. En 2008, je me suis donc lancé là-dedans avec Bertrand Grospellier alias ElkY. Au bout de deux ans, Winamax est venu me chercher. Bref, tout cela est un concours de circonstances complet !

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Comment fais-tu pour remettre un joueur sur les rails après un échec?
Je travaille de manière très personnalisée. Le travail en amont permet de bien connaître leurs besoins, motivations et objectifs. Cela permet de mettre en place un accompagnement et un plan d’action propre à chacun. Après il y a le côté soutien, c’est une discipline où les émotions sont plus violentes que dans le sport en général. La part de variance et donc d’injustice joue un très grand rôle. Dans le sport professionnel, à 98% c’est le meilleur joueur qui gagne. Ce n’est pas du tout le cas en poker. Les pros peuvent ainsi être éliminés par des joueurs qui ont pris de moins bonnes décisions qu’eux. Cet élément est très dur à gérer avec le fait de perdre, finalement, assez souvent. À la longue, quand c’est un métier, c’est très dur à gérer émotionnellement.

Comment se passent les avants-tournois, tu as développé une routine ?
Je les incite fortement à développer leurs propres routines. Par exemple, certains aiment commencer avec 2-3h de retard, d’autres font de la méditation. J’essaie juste de donner des outils pour arriver dans les meilleures conditions. Pour moi, il est promordial d’arriver en ayant mangé et après la digestion, il ne faut pas être sur un estomac vide non plus, être réveillé…On parle vraiment de bases physiologiques là. Sur les tournois, j’arrive au Day 2/Day 3 pour les joueurs.

On parle de Team Winamax, développes-tu toute cette partie « équipe » ?
Tout à fait ! Tous les ans, j’organise un séminaire. On se regroupe tous pendant 4-5 jours, généralement avant le tournoi de Monaco en mai. On fait des découvertes sportives le matin et des défis physiques. Je fais également intervenir des gens de l’extérieur : nutritionniste, coach, kinés, psychiatres, ou des anciens sportifs de haut niveau. L’objectif étant d’ouvrir leur esprit et surtout d’amener d’autres concepts adaptables au poker.

Au-delà de ça, on voyage en équipe toute l’année. On est 20 semaines par an sur la route. Je les incite à travailler ensemble tout ce qui est stratégique et technique. »

Rencontre avec Gaëlle Baumannn en quête de son premier titre majeur

Comme vous avez pu le découvrir, le poker, au plus haut niveau, est un véritable challenge physique et mental. Une discipline qui a tout du sport professionnel. Parmi les joueurs présents au Winamax Poker Open, nous sommes allés voir Gaëlle Baumann, alias O RLY.  Membre de la team Winamax, nous avons évoqué tous les aspects de cette discpline mais également la place de la femme dans le poker et son parcours.

« Racontes-nous tes débuts et l’évolution du poker
Quand je suis arrivée, je me suis vraiment concentrée sur le online. Comme j’ai débarquée au même moment que tout le monde, je ne me suis pas rendue compte de l’explosion du poker. Au fil des années, on ne voit pas que ça a diminué. Sur les tournois, on voit les mêmes joueurs, les tournois grandissent eux-mêmes donc non, on ne voit pas trop ces changements.

La transition du online au live n’a pas été trop compliquée ?
Du tout, je pense qu’il est beaucoup plus difficile de garder son calme online qu’en live. Tout simplement parce qu’en online on joue beaucoup plus de tables. Toutes les émotions sont décuplées. Si ça passe mal sur une table (en live), c’est beaucoup plus facile à gérer que si ça se passe mal partout. En live ce sera plutôt des problèmes d’impatience.

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T’es chez Winamax depuis 2012, quelle a été ton évolution au sein de la team ?
Je fais partie des anciens maintenant. L’équipe a beaucoup changé au fil des années et depuis mon arrivée. Des gros joueurs sont partis pour passer à autre chose et d’autres sont arrivés. Ça a été de mieux en mieux chaque année, je crois. C’est super d’en faire partie et j’espère pour encore quelques années.

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Tu te vois continuer dans le poker encore longtemps ?
Quelques années oui, je ne sais pas encore quand j’arrêterais. Chez Winamax, je me sens très bien. Tant que l’on voudra bien de moi, je resterai ici. On a une vie qui permet de voyager beaucoup et on a les copains sur le circuit.

Pour toi, quelle est la principale raison de l’absence de femmes dans le monde du poker ?
Je pense qu’il y a moins d’attrait pour les femmes aux jeux d’argent. Historiquement, les jeux d’argent étaient interdits aux femmes et mine de rien, les mentalités mettent du temps à évoluer. J’ai aussi l’impression que les femmes ont moins tendance à aimer le risque. Ça se ressent forcément dans le jeu, si la prise de risque est calculée, il faut avoir cette envie.

Au niveau de la préparation quel travail fais-tu avec le coach (NDLR : Stéphane Matheu) ?
Ce travail se répand de plus en plus avec des personnes qui mangent très bien et qui font du sport…ce qui n’est pas forcément mon cas. C’est sur que ça aide. Si rester assis pendant 10h par jour semble facile, ça demande un très grand niveau de concentration. Rien que boire un soda peut faire que l’on sera fatigué à table, donc que l’on va rater des informations. C’est un jeu d’informations. On négligeait l’impact de l’hygiène de vie sur le jeu et maintenant les joueurs s’y intéressent.

Si physiquement tu ne fais pas un gros travail, j’imagine que mentalement, ton investissement est plus important.

Oui, c’est un point crucial ! J’ai eu du coaching avec un collègue de Stéphane qui venait du monde du tennis. On discute de choses qui peuvent freiner notre progression dans le jeu. C’est long et fastidieux, mais c’est très important de le faire le plus tôt possible. Les jeunes qui arrivent ont plus de facilités à modifier ce qui ne va pas.

Le plus grand souvenir de ta carrière pour le moment ?
Mon plus grand souvenir est également le pire, quand j’ai fini 10e du Main Event des World Series of Poker. C’était incroyable, je ne savais plus comment je m’appelais. Je débutais à peine dans les tournois live et j’ai été éliminé à la 10e place au bord de la table finale. Chaque année c’est le plus gros tournoi du monde, plus de 6000 joueurs et les 9 derniers reviennent en novembre pour la table finale.

Je n’ai pas trop su gérer la pression lors du Jour 6. Je pense que si je refaisais la même chose, je jouerais différemment. Mais bon, cette année j’ai fini 102e du tournoi. De nouveau une petite déception, mais c’était bien d’être là au Jour 5.« 

Bilan du Winamax Poker Open de Dublin

Au termes de tournoi disputé dans une super ambiance, c’est Antonin Teisseire qui a remporté les 72 000€ promis au gagnant. Une belle façon pour lui se consoler après sont élimination en demi-finale du tournoi de Beer Pong organisé 3 jours plus tôt. Venu avec son fils Antonin, il repart avec la victoire. Victoire acquise après un superbe événement rythmé par les Quizz, les Beer-Pong et bien évidemment la Guinness.

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Un grand merci à Winamax pour l’accueil, merci à Laurence et Alexandre pour nous avoir permis de découvrir le poker au sein de la plus grande équipe d’Europe.

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Tags Dublin Poker

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