Réalisé par le britannique David MacKenzie, Comancheria avec Chris Pine, Ben Foster et Jeff Bridges se place comme le polar de l’année.

Après l’exceptionnel Des Poings contre les Murs, David MacKenzie traverse l’Atlantique et nous plonge au fin fond du Texas pour un polar-western écrit par Taylor Sheridan (Sicario) et joué par un trio d’acteur impressionnant. Présenté à Cannes (un Certain Regard) et à Deauville, Comancheria se place comme l’un des gros coups de cœur de l’année.

Le Sud comme vaste terrain de jeu

Réalisateur britannique, David MacKenzie signe ici son neuvième long-métrage. Auparavant, il nous avait plongé avec brio dans l’enfer carcéral avec Des Poings contre les Murs (avec le très bon duo Jack O’Connel – Ben Mendelsohn) ainsi que dans un fin du monde sensorielle dans le sympathique (mais poussif) Perfect Sense en compagnie de Ewan McGregor et Eva Green. Cette fois-ci, direction le sud des États-Unis et le Texas, connu pour ses luttes familiales, ses armes, son pétrole et ses cowboys.

Comancheria s’inscrit dans les plus purs films de braquages. Après la mort de leur mère, Toby (Chris Pine) et Tanner (Ben Foster) vont organiser des pillages à travers l’Etat du Texas en attaquant uniquement les agences de leur propre banque. L’objectif est de réunir la somme nécessaire pour éviter la saisie du ranch familial. Mais c’est sans compter Marcus (Jeff Bridges), ranger qui à quelques jours de la retraite veut réaliser un ultime coup avant un repos bien mérité.

Un synopsis simple, mais bougrement efficace écrit par Taylor Sheridan, connu notamment pour son rôle dans la série Sons of Anarchy, mais aussi (et surtout) pour avoir imaginé l’un des meilleurs polars de 2015 : Sicario réalisé par Denis Villeneuve. Comancheria qui désigne le territoire de l’ouest du Texas a pour mérite de ne pas tomber dans le piège du manichéisme. Chacun veut tracer sa voie et tous les objectifs des personnages sont louables. Ce film est d’ailleurs une magnifique représentation du marasme financier qui touche les USA depuis 2007 et du rôle des banques dans la crise des subprimes. On peut voir dans Comancheria un middle west qui souffre, la même qui votera à grande majorité Donald Trump en novembre prochain avec l’espoir (en vain) que les choses s’amélioreront.

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La grande force de la mise en scène de MacKenzie est son approche réaliste dans la façon de filmer le sud des USA. À la manière des Jeff Nichols (Mud, Midnight Special) et Benh Zeitlin (Les Bêtes du Sud Sauvage), le britannique arrive parfaitement à représenter cette culture propre à cette région. Comancheria a aussi un côté très nostalgique dans son approche. Lorgnant clairement vers le western, il parvient à montrer que cette époque est révolue. Les rares cowboys se battent avec leurs troupeaux dans l’espoir de survivre dans un monde où le pétrole et la finance sont devenus rois.

Jeff Bridges remarquable

Cette nostalgie est très bien illustrée dans le personnage de Marcus. Un ranger drôle et émouvant magnifiquement interprété par Jeff Bridges. L’acteur de 66 ans oscarisé pour Crazy Heart a un rôle taillé pour lui. Multipliant les blagues « racistes« , Bridges apporte une touche attachante à ce personnage.

Face à lui le duo Chris Pine – Ben Foster est impeccable. Deux hommes qui luttent pour leur lignée et pour l’honneur de leur famille. Vu récemment dans Star Trek 3, l’un des gros films de l’été, Chris Pine joue l’un des meilleurs rôles de sa carrière. Pour Ben Foster qu’on a pu voir dans The Program sous les traits de Lance Armstrong, c’est la confirmation pour cet acteur au talent rarement exploité.

À la fois actuel et nostalgique, polar et western, Comancheria est l’un des très bons films de la rentrée. Une chronique de cette Amérique profonde en proie aux doutes et au changement d’époque. Magnifiquement mis en scène par David Mackenzie, ce film est un pur régal que ce soit pour ses scènes d’actions que pour ses phases de dialogues déjà cultes. Et le tout avec un Bande Originale composée par Nick Cave en personne.

Comancheria (USA/UK – 1H42)
Réalisé par David MacKenzie
Avec Jeff Bridges, Chris Pine et Ben Foster
En salles le 7 septembre

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