Demetrious Johnson, terrorise sa division depuis qu’elle existe à l’UFC. Seul problème : il pèse 57 kilos.

Vous vous souvenez des vieux jeux de course sur Playstation (ou Xbox, c’est bon arrêtez de pigner) ? Ces jeux à l’intérieur desquels, dans le menu entraînement, vous trouviez un mode « fantôme » ? Le principe était le suivant ; pour vous aider à vous améliorer, le jeu faisait courir en même temps que vous une silhouette de votre voiture, mais débarrassée des défauts et approximations humaines. Pour que vous vous en inspiriez et transcendiez votre conduite, qui jusque-là ressemblait plutôt à celle d’un Amish repris de justice.

La version 2.0 du portrait de Demetrious Johnson est présente dans notre premier Livre « Le Grand Livre du MMA » disponible partout ici.

Le fantôme épousait la courbe parfaite à chaque virage, accélérait au moment optimal, freinait avec l’exacte intensité… Vous aviez devant vous le modèle à suivre, la copie 20/20.

Au MMA c’est le même principe : vous allez dans le menu entraînement. Vous sélectionnez « mode fantôme ». Vous soufflez sur vos doigts comme un crétin, geste inutile, mais par lequel tous les joueurs et joueuses console sont passés. Sauf que là le mec que vous retrouvez en face, c’est Demetrious Johnson.

Laissez-nous vous expliquer.

  • #1 dans la catégorie Flyweight (-57kg) depuis sa création.
  • #1 au classement Pound for Pound. Autrement dit il est considéré par tous comme le meilleur combattant de la planète.
  • Il en est déjà à sa 10e défense de ceinture consécutive.

La preuve par trois.

 

Mais le plus fou dans tout ça, c’est que vous n’en avez sûrement jamais entendu parler. Et pour cause, il fait 1m60 et n’a sorti que sept gros mots en tout et pour tout depuis qu’il est sorti de Mme Johnson il y a de ça 30 ans.

À l’heure des Conor McGregor et des Ronda Rousey jurant à tour de bras et utilisant l’agression comme outil de déstabilisation, « Mighty Mouse » se fait aussi politiquement correct et discret qu’un Suisse en 1914. En toute franchise c’est tout à son honneur, mais réalistement à l’UFC qui tient aujourd’hui autant du théâtre que de l’organisation sportive, ce n’est probablement pas comme ça qu’il s’assurera une retraite. Pour un combat contre Dominick Cruz, le Champion de la catégorie d’au-dessus, il fixait par exemple comme condition un salaire de 2 millions de dollars. C’est ce qu’a gagné Nate Diaz pour combattre Conor la seconde fois, au cours de l’event le plus regardé de l’histoire de l’UFC. Et les cartes headlinées par DJ étant régulièrement parmi les plus mauvaises de la compagnie en termes de PPV, autant vous dire qu’on n’est pas près de le voir enlever son imper.

Et quel crève-cœur pour toutes les hordes de fans hardcore ! Regarder un combat de Mighty Mouse, c’est comme s’asseoir au cinéma pour un Scorsese : c’est contrôlé et orchestré avec une telle maestria qu’on passe parfois à la limite de lâcher la petite perle lacrymale.

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Quand Conor McGregor se fait sucrer au cardio contre Nate et tente un takedown pour amener le combat au sol c’est un désastre. Quand Rousey se rend compte qu’elle se fait manger debout et tente une prise de judo ou un clinch et qu’elle se fait repousser comme une gosse, c’est un désastre. Parce que l’adversaire a trouvé la faille.

Chez DJ, on hume (remarque avec Matt, forcément
#CalembourDuTurfuPourLesFansDeMMAlesPlusAffutésEtAuTaquetDeSesMorts) comme un doux parfum de Georges St Pierre : il a toujours 5 coups d’avance où que se déroule le combat.

Pour faire simple, il fait preuve d’une créativité, d’une rapidité et d’une diversité dans ses attaques absolument incompréhensible. Il change de garde sans arrêt. Est en mouvement continu. Attaque presque aussi souvent des genoux que des coudes et des tibias que des poings. Il varie les niveaux. Est au sol en perpétuel mouvement et s’adapte comme un boa à chaque tentative de progression de son adversaire pour avancer encore, placer du Ground & Pound ou travailler une soumission.

Il ne se contente jamais d’un seul aspect du sport. Quand il est debout, il ne se borne pas à seulement échanger les coups, il va constamment menacer de mises au sol. Que ce soit à la fin de ses propres enchaînements ou en contre, le takedown est toujours là, en épée de Damoclès au-dessus du cuir chevelu de l’adversaire. Les transitions d’un secteur à un autre se font à une vitesse aveuglante et il en ressort à chacun de ses combats en flyweight comme une désarmante impression d’avance. Comme si Johnson avait été réglé par l’univers avec une seconde d’avance sur le reste des êtres vivants.

Du fait qu’il prend toujours les parfaites décisions à chaque seconde d’un combat, il en devient virtuellement quasi-intouchable. Et si John Dodson, ce qui se rapproche le plus de sa Némésis avait réussi à le mettre knock-down trois fois lors de leur première rencontre (que notre héros remportera malgré tout sans aucun problème) par la vitesse de ses poings, leur deuxième combat sera une ballade, sandwich et chocolat chaud en main pour Mighty Mouse. C’est-à-dire que non seulement il s’adapte en combat, mais si vous lui laissez une seconde opportunité de gommer les erreurs contre un adversaire en particulier, alors il arrivera avec un plan de bataille revu et corrigé, style Genghis Khan et ça tournera à la démonstration.

Derrière les rideaux, le chef d’orchestre se nomme Matt Hume. C’est lui qui a façonné DJ depuis ses balbutiements martiaux, qui lui a tout enseigné. C’est sur ses conseils que Demetrious arrêtera de travailler à côté pour se consacrer professionnellement au MMA après sa défaite contre Dominick Cruz (!). C’est lui. Et si vous en avez marre des cornermen qui hurlent du « allez, c’est bon tu l’as, défonce-le c’est toi le meilleur ! » à tout bout de champ entre les rounds, venez faire un tour du côté du Champion lors du prochain combat. Des instructions au cordeau, précises et dénuées d’émotions superflues. Si on n’était pas dans une cage entourée de plusieurs milliers de fans, on jurerait qu’il est à la pause café en train de lui expliquer le fonctionnement d’une montre à quartz.

Architecte de leurs plans démoniaques au AMC Pankration à Kirkland, Washington, Matt Hume est également l’entraîneur de Bibiano Fernandes, le Champion Bantamweight du OneFC. Sont également passés entre ses mains Josh Barnett, Matt Brown et Rich Franklin. Un CV comme qui dirait crédible.

Pas de trash-talk donc, mais une efficacité maximale sur le plan du combat.

DJ a récemment déclaré qu’il voulait battre le record du nombre de défenses de ceinture d’Anderson Silva (10) avant de passer à autre chose et de mettre son palmarès en jeu. Une manière d’appréhender sa carrière à la Jose Aldo, tout en mesure du risque, à l’extrême opposé d’une approche à la McGregor prêt à affronter n’importe qui, n’importe où, n’importe quand pourvu que ça fasse du bruit et que ça lui offre un véritable challenge. Ce refus de la prise de risque malheureusement ne le popularisera pas de sitôt, et ne placera pas la catégorie des flyweights à portée de longue vue des fans occasionnels. Le manque de compétition au sein de la caté est également un vrai problème. Dire que Demetrious a limé tout le monde à 57kg est un euphémisme : il a renvoyé son plus dangereux ennemi (John Dodson) chez les bantamweight après l’avoir réglé deux fois, a battu les trois premiers prétendants actuels (deux fois pour Joseph Benavidez). Et dans le reste du top 15, ils se battent tous les uns les autres régulièrement et tuent du même coup toute possibilité de hype pour qui que ce soit.

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