Retrouvez notre interview de Pierre Pousse

À 50 ans, Pierre Pousse dirige depuis 2005 avec Dave Henderson la sélection nationale en hockey sur glace. Avec lui, nous avons discuté des futures échéances pour l’équipe de France avec le mondial qui se tiendra en mai en Russie et le Tournoi de Qualification Olympique en septembre prochain.

Bonjour Pierre Pousse, tout d’abord comment s’est déroulé le dernier tournoi de l’équipe de France en Autriche ? 

Pierre Pousse: C’était un tournoi d’un bon niveau en général. On a rencontré la Slovaquie qui jouait avec son équipe B, la Slovénie proche de son équipe type et une Autriche en plein renouveau. On termine avec qu’une seule victoire, on aurait du en avoir deux au final, car on a vraiment dominé la Slovaquie, on a été meilleurs qu’eux dans le jeu, mais on n’a pas réussi à concrétiser nos occasions. Sur le match de la Slovénie, on a fait un très mauvais 1er tiers et l’on ne mérite pas de gagner ce match. C’est bien d’avoir fini sur une victoire face à l’Autriche qui est d’un niveau assez équivalent et c’est toujours bien de les battre.

Quel est l’objectif de ce genre de tournoi pour l’équipe de France ?

Pierre Pousse: La victoire n’est pas importante, mais c’est sûr qu’on préfère gagner. Ce qui est important c’est de voir les joueurs jouer à un niveau international, différent du niveau en club. La sélection et le clubs sont deux choses bien différentes, le fait d’enchaîner 3 matchs en 3 jours, c’est quelque chose de dur et cela nous permet de voir qui est capable de venir aux championnats du monde. Le mondial ce n’est  pas comme il y a quelques années où il y a un seul match, il faut maintenant être performant et prendre des points sur chaque match. On ne sait jamais quel est le match qui va nous permettre soit de nous maintenir, soit d’accéder à un quart de finale.

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Pierre Pousse

Vous avez testé pas mal de nouveaux joueurs (E.Berthon, F.Douay,…), avez vous été satisfait de leur performance sur ce tournoi ?

Pierre Pousse: Il y a des joueurs qui ne seront peut-être pas au mondial avec nous, mais on a les a fait venir pour qu’ils se développent et qu’ils prennent de l’expérience stage après stage. On veut voir aussi s’ils arrivent à passer un cap, car ce n’est pas facile d’y parvenir. Dans ce tournoi il y a eu des satisfactions, il y a eu aussi des joueurs qui ne sont pas encore prêts à venir nous aider. Maintenant en équipe de France, il y a une solide concurrence surtout au niveau des avants et on a un réservoir de joueurs qui est intéressant. En sélection, tout le monde ne peut pas avoir le rôle qu’il a en club, il faut donc qu’ils arrivent à trouver leur place.

Le mondial arrive bientôt, la sélection est-elle déjà établie dans votre tête ?

Pierre Pousse: On part dans ce type de compétition avec un groupe de 25, notre liste est on va dire déjà établie à 90 %. Avec Dave (Henderson, le sélectionneur), on réactualise souvent notre liste stage après stage. Il y a toujours des changements au fil de l’année avec des joueurs qui se révèlent. Il va y avoir un mois de préparation avant le mondial et des joueurs vont peut-être sortir du lot, d’autres seront peut-être déclinants. C’est donc vraiment à la toute fin de la préparation qu’on saura quelle est l’équipe qui nous accompagnera et puis il y a toujours une incertitude avec nos NHLers, s’ils font les play-offs ou non.

Plusieurs joueurs n’ont pas été testés cette année. On pense notamment à Johann Morant qui joue en Suisse et Tim Bozon. Ont-ils leur place malgré le fait qu’ils aient été un peu oubliés par le passé ?

Pierre Pousse: Je suis allé voir Johann Morant plusieurs fois en Suisse cette saison. Johann avait fait la prépa il y a 2 ou 3 ans avec nous, je lui ai posé la question de savoir s’il était intéressé de venir faire la préparation. Il m’a répondu que pour l’instant il ne préfère pas rejoindre l’équipe de France pour des raisons familiales, il ne viendra donc pas avec nous cette année. Pour le cas de Tim Bozon, l’année dernière il a joué en junior et uniquement en junior et vu la concurrence on ne pouvait pas lui garantir une place.  On sait que c’est  un joueur talentueux, qu’il a été repêché à un niveau jamais atteint par un français. Cette année il fait sa 1re saison pro, il connaît des difficultés. On n’a malheureusement pas pu aller le voir quand on était en Amérique du Nord, mais c’est un joueur qu’on suit. On est en contact avec lui, son club en AHL ne fera sûrement pas les play-offs il pourra donc peut-être nous rejoindre pendant la préparation.

De plus, Tim Bozon ne réalise pas forcément une grande saison en sénior…

Pierre Pousse: Oui bien sûr, Tim on l’avait pris en 2013 parce qu’il a réalisé des saisons extraordinaires en junior. On l’avait pris, car voulait marquer le coup avec lui, on voulait qu’il s’intègre avec nous. On avait vu qu’il n’était pas forcement le niveau et après sa maladie est arrivée et heureusement il en est sorti vainqueur. La c’est sa 1re année pro et c’est normal que ça soit dur, il est encore jeune. On le suit très attentivement, je ne doute pas qu’un jour il soit prêt et peut-être même dès cette année.

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Ses propos l’année dernière dans les médias suisses ne remettent pas en cause votre jugement sur ce joueur ?

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Pierre Pousse: Non, comme je disais, il est jeune et il a eu une attention médiatique importante. Les choses étaient claires il n’avait pas pu rejoindre plus tôt et la liste d’attaquants était longue. Ce qu’il a pu dire par le passé importe peu, tout ce qui nous intéresse c’est ce qui se passe sur la glace.

Cette année la France sera dans une position inédite puisqu’elle est d’ores et déjà assurée de se maintenir du fait qu’elle organisera le mondial l’an prochain. De quelle manière aller vous aborder la compétition ?

Pierre Pousse: On a appris que notre place était assurée en 2017, c’est la première fois que ça nous arrive. Cependant, on ne va pas faire l’impasse sur ce championnat du monde, les matchs officiels sont importants pour le ranking et détermine les suivants. Avec Dave, on s’est construit sur une progression au fil des ans, le groupe sait maintenait qu’il peut gagner tous les matchs. L’objectif c’est d’obtenir des points sur chaque rencontre. C’est sûr qu’on n’aura pas cette année la boule au ventre, mais il ne va surtout pas falloir faire l’impasse. Avec un calendrier proche de l’an passé, il va falloir assurer les  3 premiers matchs surtout celui contre les allemands.  L’objectif sera aussi de prendre de la confiance en vue du Tournoi de Qualification Olympique en septembre prochain.

Ce tournoi de qualification est l’objectif numéro un cette année, est-ce que ce serait une grosse déception de ne pas parvenir à se qualifier ? 

Pierre Pousse: On a mis en place un triptyque au niveau des objectifs : le TQO, le mondial 2017 et les JO. Ce triptyque est une sorte d’aboutissement pour le groupe que nous dirigeons depuis 2005 et ce sera la dernière chance pour toute une génération de faire les JO. L’objectif est donc de se qualifier pour les jeux.

Le fait que le tournoi se déroule en septembre permettra d’avoir une équipe complète, est-ce que les joueurs NHL (Pierre-Edouard Bellemare et Antoine Roussel) pourront participer à la compétition ?  

Pierre Pousse: Oui, je pense. On est allé les voir il y a quelques semaines et ils ont cet objectif de participer au TQO. Ils en ont en tout cas la possibilité, on en a discuté avec les managers des Flyers et des Stars et ils ont donné leur accord pour les mettre à disposition. Le seul problème pourrait de l’association des joueurs (NHLPA), mais la World Cup je ne pense pas. Le fait que le TQO soit placé en septembre est une chance pour nous, en plus d’avoir une équipe complète — comme toutes les autres équipes du tournoi d’ailleurs — on va pouvoir préparer notre équipe comme pour un championnat du monde. On sait qu’il nous faut du temps pour mettre nos joueurs et surtout ceux qui viennent de Magnus au niveau international.

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Vous n’avez pas peur que les joueurs soient fatigués après une grosse préparation avec leur club au mois d’août ?

Pierre Pousse: C’est quelque chose qu’on met en place en accord avec les clubs pour que les objectifs se rencontrent. Il faudra aussi prendre en compte le facteur CHL (Champions Hockey League) où les clubs  qui sont qualifiés vont faire une préparation plus poussée comme Gap l’an passé. Je pense donc que pour les deux parties : clubs et sélections, les objectifs se rejoindront même si cela pourra peut-être poser des problèmes.

L’IIHF (Fédération Internationale de Hockey sur Glace) organise un mondial par an, que pensez-vous de ce calendrier unique dans les sports collectifs ?

Pierre Pousse:  L’IIHF a besoin de faire un mondial par an pour assurer ses revenus financiers, cela ne changera donc pas. Pour nous la France, c’est important que nos joueurs puissent faire une grande compétition chaque année, ils ont besoin de cette vitrine pour accéder à des grands championnats étrangers. Ce qui est plus compliqué c’est le reste du calendrier IIHF avec des tournois amicaux est plus un problème avec des clubs ont de plus en plus de mal à libérer leurs joueurs pendant la trêve. Il faudrait donc peut-être mettre ne place une sorte de championnat d’Europe pour le reste de l’année avec des matchs qui auraient un impact sur le ranking. Il y a des groupes de travail qui planchent là-dessus, mais je sais que ce n’est pas facile pour des clubs qui payent les joueurs de les libérer avec un risque au retour de le retrouver blessé.

 

Avec Dave Henderson, votre contrat se termine en 2016 avec une année en option pour 2017. Pensez-vous déjà au futur et serez-vous tenté pour vous occuper d’un club, chose que vous n’avez jamais faite auparavant ?

Pierre Pousse: J’ai déjà entraîné Chamonix pendant 4 ans avant leur accession en Magnus. On entraîne l’équipe de France avec Dave depuis pas mal d’années, c’est une mission toujours excitante. Pour l’instant, on est focalisé sur le mondial 2016, le TQO  et le mondial 2017. Après je suis ouvert à toutes les options même si mon statut à la FFHG me permet de continuer là-bas avec pour par exemple m’occuper des collectifs juniors.  Mais je reste pour l’instant concentré sur mes objectifs, quand le moment viendra on verra bien ce qui s’ouvrira à moi.

Dave Henderson

Dave Henderson

 

Merci Pierre Pousse et bonne continuation à vous

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