Notre interview du brillant Thylacine

Lors du festival Chorus et du Printemps de Bourges, on a eu le plaisir de rencontrer Thylacine, jeune artiste français qui explose depuis la sortie de Transsibérian, album composé à bord de ce train mythique. Formé aux Beaux-Arts d’Angers, Thylacine est un artiste touche à tout qui depuis 2011 a réussi à conquérir le public comme la critique (qui le surnomme depuis le Petit Prince de l’électro). Au cours de ces deux entretiens, on a pu mieux comprendre son histoire, son périple et ses projets futurs.

On est en pleine saison des festivals avec pour toi pas mal de déplacements, de voyages et de rencontres. Est-ce que le fait de pas mal bouger t’a inspiré pour ton dernier album Transsiberian ?
Thylacine :
Oui en grande partie. À la base, j’ai commencé à beaucoup composer dans le train entre deux concerts. Je me suis rendu compte que j’étais bien mieux dans un wagon que dans un studio où il n’y a pas de vie. Tu enchaînes des dates et tu rencontres des gens, le train est un cadre très agréable pour composer. Tu es dans ta petite bulle sur ton fauteuil, tu peux isoler et voir les paysages qui défilent.

Justement, parlons directement de l’album Transsibérian. Comment s’est passé ce périple de plus de 9000 km et comment est né ce projet ?
Thylacine : C’est une idée que j’ai eue il y a plus de deux ans maintenant. J’aime bien le rapport entre un lieu et un morceau, il y a une influence hyper intéressante. Quand je suis tombé sur le Transsibérien qui est le train le plus long du monde, je me suis dit que c’était le studio idéal pour faire un album. Au total, j’ai fait 160 heures de train, ce qui laisse pas mal de temps pour composer (rires). Je suis partie également avec une petite équipe vidéo pour pouvoir documenter le projet, montrer le contexte et mettre un visage sur les personnes que j’ai rencontrées. On s’est arrêté dans plein de villes, de petits villages, on a eu un super accueil musical de la part des gens. J’ai pu ainsi enregistrer pas mal de voix comme des dames qui chantaient ou encore un chaman près du lac Baïkal. C’était hyper riche d’avoir toute cette matière surtout quand tu n’es pas de là-bas, car tu as tous les sens ouverts. Bref, c’était un voyage complètement fou et très fort, c’est une grosse histoire plus qu’un morceau pondu dans sa chambre.

Tu avais peur de revenir sans rien ?
Thylacine : Oui c’était un gros flip (rires) ! Je me suis rendu compte après, mais la pression aurait pu être énorme surtout qu’on avait déjà lancé la comm et mis pas mal d’argent dans l’affaire. À la limite, je ne serais pas revenu avec rien, mais avec des morceaux bof. J’aime bien les défis, je suis parti avec l’idée de faire 6 morceaux et au final je reviens de ce voyage avec de quoi faire un album.

Tu es partie en Russie, car tu te sentais proche de cette culture ou c’était vraiment pour le Transsibérien ?
Thylacine : Le premier axe était vraiment le Transsibérien. Ce qui m’intéressait aussi c’était la Sibérie, je ne connaissais rien de tout cela. J’aime bien le fait de partir sans aucune image en tête sur une région, il n’y a pas 30 000 docs sur le sujet comme on peut en avoir sur l’Amérique du Sud ou l’Australie. Cela me plaisait bien de ne pas aller dans un endroit touristique. D’ailleurs, les gens étaient hyper surpris quand ils nous voyaient. Pour certains, c’était la première fois de leur vie qu’ils rencontraient des Français.

La barrière de la langue n’a pas été une difficulté ?
Thylacine : Je suis parti avec une traductrice. Cela a permis de mieux se fondre dans le moule. Pour la deuxième fois, c’était avec un grapheur pour m’aider à traduire le documentaire. La musique a aidé à nous rapprocher, mais si j’étais tout seul cela aurait été plus chaud.

Quel était l’objectif de la web-série faite en parallèle ?
Thylacine : Mon idée de départ était de montrer de comment un morceau peut se créer et pouvoir mettre des visages sur ce que tu entends. Le but était aussi de montrer un autre regard sur un lieu qu’on ne connaît pas.

Est-ce que le prochain projet pourrait être quelque chose qui ne soit pas forcement musical ?
Thylacine : Oui ça pourrait. Ces dernières semaines, je suis reparti tout seul en Russie pour retrouver les gens qui ont participé à l’album, c’était une promesse que j’avais faite. Mais la musique reste la forme où je suis le plus à l’aise pour m’exprimer. Les autres médias m’intéressent dans la façon dont ils interagissent avec la musique qui restera dans tous les cas au centre de mes futurs projets.

Transsibérian, c’est un peu le projet d’une vie et tu l’as fait très jeune. Comment tu vas construire ta prochaine création ?
Thylacine : Sur Transsibérian, j’ai découvert une nouvelle façon de produire de la musique et de la présenter au public que je trouve hyper intéressant. On peut faire beaucoup de choses actuellement avec internet et les gens sont ouverts à cela. J’en étais persuadé avant cet album et il a fallu que je force un peu les choses auprès de personnes qui sont dans le circuit classique de la musique et qui ne comprenaient pas qu’un projet comme celui-ci pouvait marcher. Je vais prendre le temps de faire des recherches musicales et des collabs avant de refaire un gros truc. Je veux qu’un album raconte une histoire et pas que ce soit juste un regroupement de morceaux. Je suis donc en train de bosser pour la suite, mais je ne veux pas me presser. Transsibérian m’a pris beaucoup de temps, surtout que je l’ai produit sur mon propre label et que c’était un peu le bordel pour trouver des partenaires et des financements. En tout cas, je vais essayer de ne pas faire un Transsibérian 2.

SUR LE MÊME SUJET :

On te surnomme Le Petit Prince de l’électro. Comment tu vois cette évolution rapide de ta jeune carrière et cet engouement qu’il y a autour de toi ?
Thylacine : Franchement je ne fais pas trop attention à cela parce que tout peut être éphémère. Ce dont je suis fier, c’est monter des projets tels que Transsibérian que j’ai produit du début à la fin et rendre les gens heureux. Être célèbre ce n’était absolument pas mon but, je n’ai pas fait de la musique pour cela.

On sait que tu connais Fakear, autre prodige de l’électro française. Quelques mots sur lui ?
Thylacine : J’aime sa spontanéité. Je suis hyper heureux de tout ce qui se passe autour de lui et que cela arrive à une personne comme Fakear. C’est quelqu’un de généreux et qui est très loin de la starification. Tous les deux, on a peu la même façon de composer et on ne se pose pas trop de questions sur la musique que l’ont fait. On ne programme rien, je dirais qu’on produit une musique un peu naïve, là pour s’exprimer avant tout.

D’ailleurs comme lui, tu viens d’une ville de province. Gardes-tu toujours des attaches avec Angers, ta ville d’origine ?
Thylacine : Oui, je fais toujours des allers-retours. J’ai toujours ma famille là bas et je me fais souvent des microbreaks là-bas. Jouer à Angers c’est toujours très sympa, tu joues devant des personnes qui te suivent depuis le début. C’est toujours fort, il y a quelque chose de différent quand tu joues là-bas au Chabada.

Merci Thylacine et bonne chance pour la suite

 

En bonus on vous laisse avec le magnifique remix de Train par Michael Mayer :

Propos recueillis par P.A.P et Zizou

Texte P.A.P.

Pour soutenir l’artiste

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Découverte du producteur niçois Møme : Electro & Surf

    […] de faire qui ressemble pour beaucoup à Transsiberian, la création magnifique du DJ angevin Thylacine imaginé à bord du célèbre train qui traverse la Russie d’ouest en […]

    Répondre