Adoré ou détesté, Joey Barton est incontestablement l’une des personnalités les plus complexes et excentriques du football moderne. Grande gueule, intellectuel, bagarreur et parfois footballeur à ses heures perdues, portrait d’un phénomène tout droit sorti des rues de la banlieue de Liverpool.

Avec une carrière ressemblant un peu à la vie de Benjamin Button, Barton vient de terminer son contrat chez les Glasgow Rangers. Formé à City, il passe par Newcastle, Queens Park Rangers, Marseille et Burnley avant de venir offrir ses services du côté de l’Ecosse. Malheureusement pour Joey, le club a décidé de rompre prématurément son contrat initialement signé jusqu’en 2018, pour plusieurs raisons… parmi celles-ci, l’accusation dont il fait l’objet par la Fédération Écossaise de Football d’avoir effectué des paris illicites. L’anglais aurait en effet parié sur une lourde défaite du rival, le Celtic Glasgow, face au FC Barcelone (score final 7-0 pour le Barça) alors qu’il est strictement interdit pour les joueurs de parier sur le football. En plus de cela, Barton était suspendu depuis le 10 septembre par son club pour avoir insulté ses coéquipiers et son coach après une correction subie lors du derby de Glasgow (5-1). Le club a publié le 10 novembre dernier un communiqué des plus austères sur son compte Twitter : « Les Rangers et Joey Barton ont décidé de rompre son contrat avec effet immédiat. Ni les Rangers ni Barton ne feront de commentaires supplémentaires. ».

Il faut dire que Joey n’en est pas à ses premiers écarts. En 2007 il avait déjà dû quitter City, son club formateur, pour des problèmes de comportements alors qu’il y occupait un poste de titulaire et possédait un statut de cadre affirmé. Après des débuts prometteurs, il reçoit son premier carton rouge pour avoir été trop virulent avec l’arbitre lors d’une explication à la mi-temps, le jeu n’ayant même pas encore repris… En 2004, il déclenche une bagarre générale lors d’un match contre Doncaster et ne trouve rien de mieux à faire quelques semaines plus tard que d’éteindre son cigare dans l’œil de son coéquipier Jamie Tandy. Il expliquera avoir fait cela après avoir surpris Tandy tenter de mettre feu à son t-shirt (effectivement, pas un pour rattraper l’autre), l’affaire lui valant une amende de 60,000 livres. Alors qu’on pourrait croire que cela lui a servi de leçon, l’année suivante, il percute un piéton en voiture à 2 :00 du matin dans les rues du centre de Liverpool et se voit renvoyé d’un stage de présaison pour avoir agressé un jeune fan d’Everton qui l’aurait insulté. Dans un autre registre, il est aussi interdit de communication avec la presse par son coach, après avoir publiquement qualifié le niveau de certains de ses coéquipiers comme « inférieurs aux standards du club ». Son dernier exploit du côté de Manchester est aussi celui qui lui vaut son départ. Lors d’un entraînement, il agresse son coéquipier Ousmane Dabo aux suites d’une altercation pour un tacle trop appuyé. Ce dernier est laissé au sol, inconscient, et devra être transféré à l’hôpital où on lui diagnostique notamment un décollement de la rétine, rien que ça. Barton sera condamné à 4 mois de prison avec sursis, 200h de travaux d’intérêt général et 3,000 livres de compensation.

Pour la suite de sa carrière, Joey Barton reste fidèle à sa réputation, alternant thérapies de gestion de la colère et polémiques extrasportives. Il effectue même une peine de 77 jours de prison en 2007, après avoir confondu deux hommes avec des punching-bags en pleine rue de Liverpool, sous l’emprise de l’alcool. Il est suspendu à de nombreuses reprises pour des actes plus ou moins violents, parmi eux un coup de genou à Sergio Aguero, une tentative de coup de boule sur Vincent Kompany et une droite discrète en plein milieu d’un match contre Blackburn. Il laisse un souvenir impérissable au public marseillais – qui en fait d’ailleurs l’un de ses chouchous – lors de son bref passage dans la cité phocéenne, lorsqu’il tient tête au géant suédois Zlatan Ibrahimovic en se moquant de son nez ou après son altercation sur Twitter avec Pierre Menes. Le style de jeu de Barton est plutôt à son image, musclé. Connu pour ses tacles à retardements ou les pieds décollés du sol (parfois les deux en même temps), il joue un rôle de milieu défensif bagarreur, et beaucoup diront qu’il vaut mieux être avec que contre lui, même si le passé a prouvé que personne n’est à l’abri. Il est capable de garder le ballon dans les pieds et de transmissions parfois lumineuses, mais son point fort reste son apport physique pour tenir le milieu du terrain. Aujourd’hui Barton n’a plus de club, et s’il n’a jamais caché son attachement pour l’OM depuis son départ, il semble peu probable de le revoir un jour fouler les pelouses de Ligue 1, voire même fouler les pelouses tout court.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la personnalité de notre Joey préférée ne se limite pas à une brute sans cervelle, à peine bonne à enfiler ses crampons. Barton s’avère être une personne pleine de réflexion intellectuelle et loin d’être stupide. Grand adepte des réseaux sociaux et notamment de Twitter, il commente les différents évènements sportifs tout en partageant son point de vue sur diverses questions politiques, d’actualité ou même philosophiques. Il a récemment sorti une autobiographie, en collaboration avec Michael Calvin, dans laquelle il évoque, explique et analyse les faits marquants de sa vie et notamment l’impact du football, un monde qui « vous consume vivant », selon ses propres mots. Il y décrit son enfance difficile et raconte « une histoire brute, mais rédemptrice », dans un style superbement écrit.

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Joey Barton, LE bad boy du Football

« Je sais ce que certains d’entre vous pensent, je suis dans mon élément derrière les barreaux. Je suis un voyou, un homme de Neandertal, une tâche dans la société. Je suis de retour dans le lieu auquel j’appartiens, avec les criminels et les drogués. Je suis l’Homme Qui A Fait Honte A Notre Grand Sport, le Football […]. Ce fut une longue route, avec de nombreux soubresauts, mais je m’accepte finalement pour ce que je suis. Je ne pourrais être plus fier de ce que j’ai achevé. De bonnes personnes m’ont donné le temps et l’espace pour comprendre pourquoi, et comment j’ai été hors de contrôle si longtemps, la majeure partie de ma jeunesse. L’une d’entre elles est d’ailleurs ici, purgeant une sentence de 7 ans et demi pour homicide involontaire. »

Extrait de l’autobiographie de Joey Barton « No Nonsense », traduit directement de l’anglais par la rédaction.

Fidèle à lui-même, il y évoque quand même son point de vue, selon lequel il aurait fait un meilleur sélectionneur de l’Angleterre que Roy Hodgson ou Sam Allardyce. Qui sait, un jour peut-être… Affaire à suivre.

Par Tim

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