« I’m the greatest rapper alive ». Une phrase que l’on a entendue bien souvent, car clamée par de nombreux rappeurs depuis des années. La dernière déclaration en date vient de Kendrick Lamar via « The Heart Part 4 », une musique qu’il a sortie il y a quelques jours. C’est d’une part l’occasion pour lui de faire son retour et d’annoncer son album à venir pour le 14 Avril ; et d’autre part de remettre le débat sur le tapis et de l’huile sur le feu en s’en prenant en majeure partie à Drake, mais aussi à Big Sean ou Jay Electronica.

Le MC de Compton est évidemment légitime dans cette déclaration et peut prétendre à ce statut. Cependant, ce n’est pas le seul dans ce cas, et d’autres candidats sont en lice dans cette élection sans vainqueur officiel et qui dure depuis de nombreuses années.

Alors, qui est le Most Valuable Rapper ? Voici quatre candidats plausibles parmi les hottest MCs du Rap Game US. Quatre noms mis en parallèle avec les quatre prétendants au titre de MVP de la saison NBA actuelle.

Drake

Le premier candidat est certainement celui qui fait le plus parler : Drake, le rappeur de Toronto, ancien membre de YMCMB, leader de son label OVO (October’s Very Own). Dans cette compétition, Drake peut se targuer d’être le plus valuable : presque chaque single et album sorti est un succès, que ce soit sur les ondes, sur le web, dans les charts, les streams, etc. C’est également l’un de ceux – si ce n’est celui – qui bénéficie des meilleurs productions (Metro Boomin, 40, Boi-1da…), ce qui lui permet de faire – potentiellement – les meilleurs sons avant les autres.

Néanmoins, le terme rapper fera tiquer les puristes. S’il est capable de faire de véritables titres de rap bien sentis (Headlines, Started from the Bottom, No tellin, 9 …), son autre style mêlant pop et chant rend la chose contestable. Toutefois, c’est grâce à cela qu’il a connu ses plus gros hits (Best I Ever Had, Find Your Love, Hold On, We’re Going Home, Hotline Bling…). Et c’est grâce à cette versatilité qu’il a su se démarquer et imposer un nouveau style qui a pu inspirer d’autres artistes (The Weeknd, PARTYNEXTDOOR).

De plus, Drizzy est désormais un contender sérieux en featuring. Fini le temps où il était le rookie face à Kanye, Lil’ Wayne et Eminem sur Forever. On le sent désormais confiant et sûr de lui dans ses collaborations avec Future, Weezy, Rozay etc. Enfin, il a souvent gagné ses beefs. Certes, dans notre époque, ils se déroulent plus souvent sur les réseaux sociaux que sur bande sonore, mais tout de même : il est ressorti indemne – voire renforcé – de ses conflits notamment contre Chris Brown, mais surtout face à Meek Mill, qu’il a ridiculisé, bien que ce dernier se soit tiré une balle dans le pied avec Wanna Know, raillé par la Toile.

Quel NBA Player serait-il ? James Harden.

L’un comme l’autre ne prennent jamais de repos et sont très actifs depuis 8 saisons après avoir été drafté en haute position (Harden 3ème position chez le Thunder). Depuis 2012, ils mènent leurs propres équipes (OVO et les Houston Rockets) vers les sommets, et leurs barbes se sont étoffées aussi vite que leurs succès. Malheureusement pour eux, ils ont souvent été proches d’être MVP (2ème derrière Curry en 2014-2015) sans jamais l’être malgré d’excellentes performances saison après saison. Le titre est toujours contesté, et cette année ne déroge pas à la règle.  En effet, malgré un leadership, une vingtaine de triple doubles et une troisième place de Conférence Ouest assurée pour les Rockets ; et les sommets des charts et un record de streams toutes catégories confondues, le titre ne leur est pas promis.

Avantage : Il est Le plus hype. Show et présentation du All-Star Game 2016 à Toronto, futur animateur de la nouvelle remise de trophées à venir ; nombreux clins d’œil aux basketteurs dans ses textes (LeBron James, Kobe Bryant, Dikembe Mutombo, Kevin Durant, Derrick Rose, Vince Carter, Chris Paul etc.).
Défaut : une crédibilité souvent moquée et mise à mal

Kendrick Lamar

Le second rappeur s’est autoproclamé roi. King Kendrick est le candidat naturel au titre. Depuis ses débuts et sa notoriété croissante vers la fin des années 2000, K. Dot est adoubé par le milieu et considéré comme le meilleur lyriciste, notamment par les anciens de la West Coast dont il est originaire, comme Dr. Dre, Snoop Dogg, The Game, etc.

Même si sa discographie est moins épaisse que d’autres, Kendrick prouve dans ses textes et ses performances qu’il est le meilleur. Cela a été le cas dans Control, une musique de Big Sean sorti en 2013 (avec Jay Electronica) où il prend à partie la plupart des rappeurs du moment.

« I got love for you all, but I’m tryna murder you niggas
Tryna make sure your core fans never heard of you niggas
They don’t wanna hear not one more noun or verb from you niggas
What is competition? I’m tryna raise the bar high »

Un couplet assassin, considéré comme le meilleur de l’année d’après le magazine Complex. 2013 a d’ailleurs été une année faste pour lui. Outre son BET Cypher ultra-agressif sur l’instru de Shook Ones part. II, il est nommé rappeur de l’année par le magazine GQ. Que ce soit en solo ou en featuring, Kendrick n’a pas peur de l’affrontement, et prouve régulièrement qu’il est le meilleur rappeur de cette génération.

Quel NBA Player serait-il ? Russell Westbrook.

La comparaison est presque inévitable entre les deux angelinos. D’ailleurs, K. Dot le cite dans The Heart part 4. On peut d’ailleurs lire à travers les paroles un soutien envers le meneur du Thunder face au départ de Kevin Durant pour les Warriors. On peut aussi y lire un diss envers Drake, qui était proche de KD, et un parallèle puisque Russ West et KD ne se parlent plus, tout comme Kendrick et Drake depuis Control. Quoi qu’il en soit, les deux placent la performance au premier plan et repoussent les limites. Russ West réalise une saison exceptionnelle et historique – dans les vrais sens des termes – en étant en triple-double de moyenne sur la saison. Du jamais vu depuis Oscar Robertson en 1961-1962 ! Kendrick revient lui aussi très fort cette année et l’annonce de la sortie de son quatrième album éclipse – et effraie – déjà ses concurrents.

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Avantage: Le plus fort et le plus plébiscité, par les rappeurs et même par Barack Obama : How much a dollar cost était la musique préférée du 44ème président des États-Unis en 2015 !
Défaut: Moins présent que les autres dans les bacs.

J.Cole

Le troisième prétendant est né en Allemagne, mais a grandi dans la même région que His Airness Michael Jordan : Jermaine Cole, originaire de Fayettenam a.k.a Fayetteville.

Cole aurait vraiment pu être MVP un jour s’il avait percé dans le basketball, lui qui était doué étant petit. Il s’est finalement tourné vers le rap, avec succès. Il est le premier artiste signé sur Roc Nation, le label crée par Jay-Z. Après un premier échauffement avec la sortie de sa mixtape The Warm Up en 2009 (ballon en main sur la couverture), Friday Night Lights lui permet de s’imposer dans le paysage du rap, grâce à de bons titres et à la présence de Jigga à ses côtés.

Sa notoriété et ses succès augmentent au fil du temps, ce qui lui permet de créer son propre label, Dreamville Records, le 28 Janvier 2014, jour de son anniversaire. C’est avec cette structure qu’il va sortir l’excellent album Forest Hills Drive – en référence à l’adresse de la maison où il a grandi – qu’il a lui-même produit. 4 your eyes only, sorti en décembre dernier, est également réussi et s’est classé premier dans les tops Rap et R&B/Hip-Hop Albums et au Billboard.

Quel NBA Player serait-il ? Kawhi Leonard.

Ils semblent avoir la même personnalité, le même charisme et la même passion pour le basket. Ils ont progressé de manière conséquente chaque année pour être parmi les meilleurs de leurs disciplines. Kawhi Leonard est sans doute le meilleur two-way player de la Ligue, c’est-à-dire qu’il est performant en attaque et en défense. C’est aussi le cas de J. Cole, qui peut exceller dans l’égotrip, mais aussi dans un rap plus conscient. Après la mort de Michael Brown, abattu par des policiers en 2014, J. Cole s’est engagé d’une part à travers sa superbe chanson Be Free, et d’autre part sur le terrain en se rendant à Ferguson, là où Michael Brown a trouvé la mort. Une démarche sincère et solidaire. Les deux sont certainement ceux qui prétendent le moins à un titre de MVP, mais ils mériteraient d’être plus présents dans les discussions, rien que pour leur passion et leur engagement vis-à-vis de leur profession. À cet égard, J. Cole s’apparente un peu à Nas, qui est d’ailleurs une source d’inspiration majeure pour lui.

Avantage: Le plus complet, offensif en attaque et engagé en défense.
Défaut: Trop discret (défaut ou qualité ?)

Rick Ross

Le meilleur pour la fin ? On a en tout cas affaire à l’un des plus costauds. Rick Ross is last but not least. Le Teflon Don opère toujours, plus discret qu’auparavant, mais tout de même présent. Il fait partie des têtes d’affiches du rap US depuis son premier album, Port of Miami et son morceau phare, Hustlin. Cette année, il a également tutoyé le sommet des charts avec son 9ème album, Rather You Than Me, sorti le 17 Mars dernier.

Rozay est le Boss depuis des années. Pour preuve, ses 8 précédents opus ont toujours été dans le top 10 des ventes en première semaine. Il sait vendre et en impose, et il reste une référence et le meilleur dans son style malgré les années et son ancien statut de gardien de prison qui l’a quelque peu décrédibilisé.

Quel NBA Player serait-il ? LeBron James.

Le parallèle est moins évident que pour les précédents, car la supériorité intrinsèque de LeBron est plus affirmée dans son sport que Rick Ross dans le rap. Mais ce sont tous les deux les plus anciens parmi les candidats. Ce sont également deux poids lourds qui ont connu le succès à Miami (entre autres), dans le « port » ou sur le parquet. La voix lourde de Rozay sur une musique ou les dunks stratosphériques de LeBron sur les cercles sont aussi marquants qu’imposants. En résumé, les deux sont dominants sans pour autant avoir la distinction chaque année.

Avantage : La longévité et le plus lourd car Everyday he’s hustlin!
Défaut: Une crédibilité écornée par son meilleur ennemi 50 Cent.

Les oubliés

Ils auraient pu faire partie de la discussion, mais accusent du retard sur leurs concurrents pour diverses raisons :

  • Migos x Les Splash Brothers et KD à il ne peut y avoir qu’un MVP !
  • A$AP Rocky x John Wall à ils peuvent être président à défaut d’être MVP
  • Meek Mill x Kyrie Irving à encore dans l’ombre du Boss
  • Lil’ Wayne x DeMar Derozan à pas besoin de titre quand on a Birdman et Kyle Lowry à ses côtés
  • Mac Miller x Isiaiah Thomas à les little men qui montent
  • Nas x Carmelo Anthony à être les icônes de New-York ne suffit pas
  • Jay-Z x Kobe Bryant à retired !

Conclusion

Le NBA Most Valuable Player sera connu début Mai, presque en même temps que le prochain président français. L’année dernière, Stephen Curry a été élu haut la main, devenant le premier unanimous MVP de l’histoire. Cette année, l’équation est différente et la lutte se joue surtout entre Russell Westbrook et James Harden. Kobe Bryant – suivi par Damian Lillard et Jacques Monclar notamment – a même suggéré de donner un titre de co-MVP aux deux anciens partenaires, tant leurs saisons respectives sont monstrueuses. Une issue peu probable, à moins qu’un concours de circonstances lors des votes le permette. Néanmoins, le fait que d’un point de vue collectif le Thunder soit plus bas dans le classement (6ème), mais que d’un point de vue individuel Russ West soit en triple-double de moyenne sur la saison va jouer pour l’un ou pour l’autre au moment du vote.

Il en va de même pour le rap, et même si cela ne se résume pas à un affrontement entre Drizzy et K. Dot, cela pourrait y ressembler. More Life est sorti il y a quelques jours ; l’album de Kendrick prévu pour vendredi devrait aider à déterminer si Kendrick est le MVR. Pour ma part, je pense que deux hommes pourraient régler ce débat, s’ils acceptent de sortir de leur retraite : MM, le rappeur le plus célèbre de Détroit et MJ, le propriétaire des Charlotte Hornets. Babacar

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