Même si le numéro est toujours aussi populaire et les noms qui le portent toujours aussi prestigieux, le 10 « à l’ancienne » a laissé place au meneur de jeu moderne.

Depuis quelques années, rares sont ceux qui jouent encore avec ce style légendaire, La Sueur rend hommage au(x) dernier(s) survivant(s).

Riquelme, Maradona et Messi… Le bon, la brute et le truand

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a pas que deux numéros 10 dans le panthéon du football argentin. Il n’a pas toujours été reconnu à sa juste valeur en Europe, mais Juan Roman Riquelme est une légende dans son pays natal et beaucoup de ses compatriotes le considèrent comme l’un des meilleurs à avoir foulés les pelouses. Aimé pour son comportement et sa fidélité envers son pays, sa réputation dénote avec celles de Messi et Maradona, entachées par des démêlés avec la justice. Après 19 ans passés à distribuer des caviars des Argentinos à Villareal en passant par Boca et le Barça, l’homme qui embrassait le ballon avant de tirer ses coup-francs raccrochait les crampons en janvier 2014. Il a rangé sa tunique floquée de son habituel 10, et en même temps tout l’héritage qu’il traînait avec lui. Ce jour-là, la planète football n’a pas seulement perdu l’un de ses joueurs emblématiques, mais aussi ce que certains considèrent comme le dernier vrai numéro 10 à proprement parler.

Platini, Rivaldo, Raï, Maradona, Zidane, Zico, Genghini, voilà l’héritage de Riquelme… Souvent lent, mais capable d’imposer son rythme aux 21 autres joueurs, pas forcément costaud, mais un cauchemar pour les défenseurs lorsqu’il couvre sa balle, le meneur de jeu à l’ancienne joue avec sa tête autant qu’avec ses pieds. Adepte du jeu long et des passes lasers entre les lignes, il se place derrière l’attaquant et relaie les ballons depuis le milieu de terrain vers l’avant. Il doit avoir une vision du jeu et une qualité de transmission exceptionnelle et pour couronner le tout il est souvent très habile sur coup de pied arrêté.

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Même si Riquelme était un 10 « old school », il avait déjà subi les mutations du football moderne. À l’époque de Michel Platini et Maradona les meneurs de jeu distribuaient les ballons uniquement depuis l’axe du terrain, dès la fin des années 1990 avec Zidane et Riquelme ils commencent à dézoner et peut jouer sur les ailes, et de nos jours, comme Antoine Griezmann ou Lionel Messi, le meneur de jeu peut être placé sur un côté aussi bien que dans l’axe. Avec l’évolution du football moderne et l’explosion des petits joueurs, très rapide et très technique comme Messi, Sanchez ou Eden Hazard, ceux qui tiennent les clés de l’équipe se positionnent de plus en plus souvent ailier. Le pressing incessant demandé par les coaches aux dix joueurs de champ ne correspond plus au style du numéro 10 qui courait et défendait très peu et dont la seule mission était de donner le tempo sur les phases offensives. Le poste tout entier semble disparaitre, et aujourd’hui très peu de joueurs correspondent à la description. Malgré tout, certains irréductibles continuent de pratiquer ce football, et un en particulier y parvient plutôt bien.

Ozil, le dernier samouraï

L’histoire a régalé les médias britanniques pendant quelques jours : maintenant que Wilshere a décidé de squatter l’infirmerie de Bournemouth plutôt que celle d’Arsenal, il a laissé le numéro 10 vacant chez les Gunners et Mesut Özil compte bien le récupérer. Pour cause, l’actuel 11 a toutes les caractéristiques du 10 pur et dur, et souhaiterait faire de son changement de numéro une condition au renouvellement de son contrat du côté de l’Emirates Stadium. Ozil c’est ce joueur parfois fantôme parfois génie, frustrant et envoûtant à la fois, impressionnant sur certaines séquences et affligeant sur d’autres. Capable de courir moins que le gardien adverse, il ne connaît pas la définition du mot pressing et n’est pas du genre fusée sur ses accélérations. À côté de ça, il a terminé meilleur passeur de Premier League avec 19 offrandes la saison passée, et possède un pied gauche aussi précis qu’un sniper. Placé derrière la pointe en club et en sélection, il donne le rythme sur toutes les phases offensives et régale les attaquants de ses ballons en profondeur et de ses centres. Dénotant avec la grinta de certains de ses coéquipiers comme Sanchez ou Muller, il est l’un des rares joueurs que l’entraîneur laisse marcher sur les phases défensives.  Très technique et peu physique, il parvient à faire coller son style à l’ancienne au football moderne au prix de nombreuses critiques et semble être le dernier de son espèce à jouer au très haut niveau. Hauteur d’un excellent début de saison avec Arsenal, il s’est clairement imposé comme l’un des meilleurs joueurs du championnat anglais. Alors qu’il a déjà 28 ans et qu’aucun successeur ne semble apparaître, il y a fort à parier que la retraite du « Magicien d’Öz » marque la disparition de l’espèce… Affaire à suivre.

Par Tim

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