Surnommé Semtex pour l’entreprise de démolition que constitue chacune de ses apparitions, Paul Daley est un peu ce sniper perché sur le clocher dans tous les films sur la Seconde Guerre mondiale. Tu sais pas d’où ça vient, tu sais pas où ça va toucher. Mais ce que tu sais et qui est loin de te rassurer, c’est que chaque balle est envoyée avec la puissance d’une cartouche pour la chasse à l’éléphant.

Né à Londres en 1983, il est élevé et maintenu dans le droit chemin par ses parents originaires des Caraïbes. À 8 ans alors qu’il déclare à sa mère que son projet professionnel se résume à « ninja », il se lance dans les Arts Martiaux par le karaté. Il poursuivra avec le Muay-Thaï, qui deviendra par la suite la figure de proue de sa terrifiante boîte à outils. Avant de réellement s’engager dans une carrière de combattant pro, il passera par l’armée Britannique, en allant faire un petit tour du côté des troupes de reconnaissance de la cavalerie. Mais il se lasse vite et à l’âge de 18 ans il découvre le MMA.

Deux ans plus tard, il fait déjà ses débuts sur le circuit et entame joyeusement les petits fours avec un KO au premier round contre l’illustre John Connelly. Le premier d’une très, très longue série. Les premières années, un peu à la manière d’un Crocop version Dark Chocolate, il gérera parallèlement une carrière de kickboxeur et de Mixed Martial Artist. Se taillant une solide réputation sur les circuits Européens et majoritairement Anglais, il passera notamment par le Cage Warriors et le Cage Rage, ou il deviendra d’ailleurs champion.

Combattant dans la catégorie welterweight, il faudra néanmoins attendre 2009 avant de le voir faire ses débuts à l’UFC (soit 15 KO plus tard. Pour vous aider à vous y retrouver ce sera plus simple de raisonner en introduisant un système de frise chronologique du Jugement Dernier, basée sur son avalanche annuelle de KO), qui lui « offre » comme cocktail de bienvenue le redoutable champion de kickboxing Danois Martin Kampmann. Ce sera emballé, pesé, étiqueté et renvoyé à la douane en 2 minutes et 31 secondes, montre en main. Le monde fait officiellement connaissance avec l’arsenal nucléaire Britannique.

Lors de son apparition suivante, il nous introduira tout d’abord à ce qui deviendra une quasi-tradition chez lui, à savoir rater la pesée. Ça ne l’empêchera pas d’anesthésier le malheureux Dustin Hazelett au premier round tout pareil. Mais la controverse, la vraie, la crasseuse survint à la fin de son troisième duel dans l’organisation Américaine contre le lutteur blond bouclé à la langue bien pendue, l’insupportable Josh Koscheck. Ce qui était à la base un combat pour déterminer le prochain challenger pour le titre tournera à la démonstration de lutte à la faveur de l’Américain, qui passera alors la totalité de la rencontre à contrôler Semtex au sol, prenant bien soin de l’insulter et de le traiter de petite chatte sur les 15 minutes qu’auront duré le supplice. L’énervement et la frustration de Daley, « bats-toi comme un homme, laisse-moi me relever ! » n’y feront rien et les réponses narquoises de Josh « Bah relève toi bonhomme ! T’attends quoi pour te relever tout seul ? » finiront de rendre fou notre estimé destructeur des mondes. À la fin du combat alors que la cloche eut clairement retenti, Paul tente de balancer un crochet à Koscheck pour la lui fermer une bonne fois… Mais comme dirait Tarantino : « Wrooong motherfucking move ».

Paul Daley

Le soir même Dana White annonce que Daley est viré et qu’il ne remettra plus jamais les pieds à l’UFC. C’est le début de l’errance du banni. Néanmoins loin de se laisser démoraliser par la sentence, il se relancera dans différentes organisations, des plus modestes (le « Shark Fight » ou encore le « Ringside MMA », des organisations qui sentent bon le barbecue et les ring girls en surpoids) aux plus glorieuses comme le Strikeforce, où il ira jusqu’à disputer le titre à Nick Diaz pour nous offrir un combat monoround d’ANTHOLOGIE, mais aussi le Bellator où il fait actuellement des merveilles.

Si un retour à la maison mère aka UFC ne semble aujourd’hui plus faire partie de ses priorités, il n’a pas l’air d’être bien malheureux au Bellator non plus, car la compétition est en train de très, très sérieusement s’armer avec les atterrissages récents de Rory MacDonald et Benson Henderson ajoutés à la présence déjà bien malsaine des Douglas Lima et autre Andrei Koreshkov.

Le pain est sur la planche, Semtex a sorti la hache.

Paul Daley KO

Car si on a résumé sa carrière jusque là, qui n’a pas spécialement l’éclat d’un tableau de chasse à la Fedor ou à la Khabib puisqu’il a déjà été dominé dans certains combats et majoritairement au sol, ce n’est plus vraiment ce qui nous intéresse avec Daley. Avec lui c’est plutôt : « jusqu’où peut-on aller dans la démolition pure, simple et terrifiante d’agneaux sacrificiels ».

Accompagné de son fidèle crochet du gauche et de toute sa ribambelle de sales gosses, Riri, Fifi, Coude, Genou et Tibia, il vagabonde d’une organisation à l’autre, acceptant les combats de MMA et de kickboxing de façon indifférenciée pour y délivrer ses KO comme on délivre des colis, et laisser les foules en état de choc partout autour du globe.

S’il confessait un intérêt pour les ceintures il y a quelques années, sa seule motivation aujourd’hui est celle du beau geste et de la performance parfaite. Il a pour seule ambition de se mesurer aux tout meilleurs afin de tester ses skills et de voir s’ils sont assez affûtés pour lui permettre de leur bâcher le crâne vers l’intérieur.

S’entraînant dans son propre gym, le Spirit Dojo à Nottingham, il est vous l’aurez compris affamé de KO et les soumissions ne sont pas nécessairement le sujet à aborder si vous voulez attirer son attention. D’ailleurs c’est bien simple, le mec s’en trempe tellement les bourses dans le chocolat chaud que sur le site de l’UFC où il est toujours enregistré comme combattant (ne nous demandez pas pourquoi), il cite « le KO » comme étant une de ses techniques de grappling favorites. B-B-B-B-Baaaller…

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Dans son petit train vers l’Enfer, il a déjà fait 29 victimes comme on le spécifiait au début. Et, c’est là que Paul Daley brille de mille feux, à la manière de Professeur Melvin Manhoef ou de Docteur Yoel Romero, car on réalise en découvrant Daley que dans les sports de combat il a « KO » et « KO ».

Il y a les KOs :

https://youtu.be/Fdl8enIUl_g

Des chefs-d’œuvre de précision et de timing, mettant en lumière une superbe lecture ou réaction à l’adversaire par un geste contrôlé et impeccablement dosé (généralement).

Et il y a les KOs de Paul Daley :

https://youtu.be/LcjtRbtMPF8

Dead.

And dead.

Avec Semtex, il y a toujours ce petit temps après la boucherie ou tu commences très, très sérieusement à t’inquiéter pour la santé de la victime. C’est tout simplement un niveau d’impact et de destruction radicalement différent. Dan Hardy, ancien challenger au titre welterweight à l’UFC s’étant longtemps entraîné avec Dale, affirmait de la gauche de Daley c’était comme se faire frapper par une boule de bowling, parlant d’une « lourdeur dans les poings presque étranges, incompréhensible… ». Voilà le genre d’animal auquel on a affaire.

https://youtu.be/HoN-kEWWZvI

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Tags MMA

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