Par périodes de 2 ans, l’arrivée des premières chaleurs de l’été s’accompagne d’un heureux évènement : tous les amoureux du ballon rond en France ont le plaisir d’oublier notre chère Ligue 1 pour pouvoir suivre avec attention les aventures des Bleus lors des Euro et mondiaux.

Pour la première fois depuis 1998, c’est dans notre propre pays qu’ont eu lieu les festivités. Mais avec les compétitions à venir, l’Euro 2016 pourrait bien avoir été le dernier à faire régner cette ambiance chaleureuse propre aux grandes compétitions de football… Décryptage de l’avenir du football international.

Pendant un peu plus d’un mois, les rues de France ont vibré au son des chants venant des 4 coins du continent. Vêtus de vert, de bleu, de rouge et de bien d’autres couleurs, les supporters de toute l’Europe se sont réunis, telle une marée arc-en-ciel envahissant l’hexagone pour faire exploser les ventes de bières et de pastille pour la gorge à travers le pays. La France a été le théâtre de scène de fête et d’allégresse, de colère et de violence, autant de sentiments tous plus forts les uns que les autres qui font le bonheur des fans de foot. Le temps d’un mois entier, charmé par l’ambiance, les rengaines classiques des haters du football disparaissent, les « sport de danseuse ! » laissent place à des « allez les bleus ! », les mines renfrognées lors des discussions-ballon deviennent des analyses plus ou moins pertinentes sur les performances d’Antoine Griezmann, et ceux qui ne connaissent pas West Ham portent des maillots floqués Payet. Mais malheureusement pour les habitués ou même ceux qui y prennent tout juste goût, l’Euro 2016 en France pourrait bien avoir été la dernière compétition de son genre à avoir lieu. La faute aux attributions des prochaines coupes : le mondial 2018 en Russie, l’Euro 2020 Paneuropéen, la Coupe du Monde 2022 au Qatar…

Les prix des billets pour la Coupe du Monde en Russie viennent d’être dévoilés, et pour assister à un match il faudra dépenser pas moins de 105 dollars. De quoi refroidir une bonne partie des supporters ayant prévu de prendre leurs vacances dans la région pour assister au mondial. Bien sûr, cela correspond à la catégorie la plus économique, pour le match le moins cher de la compétition, une place Catégorie 1 pour la finale représentant la modique somme de 1100 dollars américains. Autant dire que la population présente dans les tribunes ne sera pas celle habituée à enflammer les stades, et que le prix du trajet jusqu’en Russie devrait décourager la plupart des célèbres supporters de Grande-Bretagne ou d’Europe de l’Ouest de faire le déplacement. Pour ceux qui auraient l’espoir de voir l’Euro 2020 rattraper tout ça, ce ne sera malheureusement pas le cas. Cette Coupe d’Europe n’aura pas lieu dans un unique pays organisateur qui regroupera les supporters du continent entier, mais sera réparti sur l’ensemble du territoire européen dans 13 villes hôtes s’étendant de Bakou en Azerbaïdjan jusqu’à Dublin en Irlande. Cette décision prise par Michel Platini part d’un souci économique, le but était de ne pas forcer un pays à construire de nouvelles infrastructures, mais d’utiliser celles déjà présentes dans les différentes villes sélectionnées. Malheureusement, en faisant ça, Platoche a détruit la plus belle partie de ces rendez-vous internationaux… Mais le vrai scandale n’est pas l’Euro 2020.

Russie 2018, Qatar 2022… l’Euro 2016 a-t-il marqué la fin d’une époque ?Sepp Blatter, ex-président de la FIFA victime d’un jet de billets lors d’une conférence presse pour dénoncer la corruption dont il est accusé

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Tous deux attribués en 2010, les mondiaux russes et qataris de 2018 et 2022 avaient suscité l’incompréhension et la colère du public et plus particulièrement celle de Greg Dyke, le président de la Fédération anglaise qui été intervenu au micro de la chaîne Sky Sports : « À la place des organisateurs qataris, je ne dormirais pas très bien. ». Selon lui le choix du Qatar est « incompréhensible » quand on considère les autres nations en compétitions (Australie, Japon, Corée du Sud et États-Unis). Le ministre des Affaires Étrangères qataris a immédiatement répondu en jouant la carte du racisme anti-arabe, affirmant dans un communiqué officiel que c’est « à cause de préjugés et de racisme que nous avons cette campagne de dénigrement contre le Qatar ». En 2014, Michel Garcia, ancien enquêteur de la FIFA en charge de l’écriture du rapport sur l’attribution de ces deux Coupes du Monde à quitter l’organisation en voyant que son travail ne serait pas publié. Le mondial 2022, est celui qui soulève le plus particulièrement la polémique. En effet, dur de comprendre comment un pays d’environ 2 millions d’habitants, présentant une superficie de 11 500 km2, dont l’équipe nationale était à l’époque classée 112ème mondiale (aujourd’hui 80ème) et n’a jamais participé à aucune Coupe du Monde pourrait encadrer le plus grand évènement sportif de la planète. Sepp Blatter lui-même reconnait l’erreur de cette attribution, « c’était la volonté politique » selon lui.

Pour ajouter du Folklore à cette affaire, la température au Qatar pouvant atteindre 50 degrés Celsius durant l’été, la compétition n’aura pas lieu comme à son habitude pendant la trêve estivale en juin-juillet mais au mois de novembre-décembre, en plein milieu de la saison des championnats majeurs européens. Les températures étant quand même élevées sur ces périodes (pouvant atteindre un maximum de 30 degrés Celsius en novembre), le projet a été évoqué de faire des stades fermés et entièrement climatisés, réelle catastrophe environnementale. Ces stades n’existant pas encore, ils sont en cours de construction. Manquant de travailleurs, le gouvernement du Qatar est allé chercher la main-d’œuvre à l’étranger, dans des pays comme le Népal ou l’Inde. D’après certains journaux anglais, plus de 900 ouvriers seraient déjà morts sous des conditions « proches de l’esclavagisme » et une estimation en prévoit 4000 d’ici 2022 si rien n’est fait. Lorsqu’en 2013 une délégation visant à vérifier les conditions de travail a été envoyée par la Confédération Syndicale Internationale, l’accès aux chantiers lui a été refusé.

Alors qu’une réattribution aux Etats-Unis a été évoquée, certains parlent encore « d’acharnement anti-Qatar ». Si ce mondial 2022 devait avoir lieu, il serait le symbole de la chute des compétitions internationales majeures et de la disparition de toute morale dans le football au profit de la corruption, seul cette éventuelle réattribution pourrait nous en sauver, mais l’espoir est faible… Affaire à suivre.

Par Tim

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