« Les gens me disent souvent qu’il y avait des comparaisons entre moi et Sugar Ray Robinson. Croyez-moi, il n’y en a aucune. Le plus grand c’est lui, Sugar Ray Robinson. » – Sugar Ray Leonard

Nous allons aujourd’hui nous intéresser et rendre hommage au plus grand boxeur de tous les temps, celui que même Muhammad Ali adulait, j’ai nommé Sugar Ray Robinson. Ce nom vous dit sûrement quelque chose, mais à l’inverse d’un Tyson ou Ali, sa carrière pugilistique tout comme sa vie sont bien moins connues du grand public. Amateurs du noble art, prenez note, car l’histoire du plus grand homme à avoir foulé un ring commence.

Né le 3 mai 1921, en tant que Walker Smith Junior, Sugar était le plus jeune d’une fratrie composée de trois enfants. De parents fermiers, ce dernier fut contraint à cumuler deux jobs pour pouvoir aider sa famille à subvenir à ses besoins. Six jours par semaine, sa journée commençait dès 6h du matin pour finir aux alentours de minuit.

À l’âge de 12 ans, ses parents se sépareront et Sugar suivra sa mère à New York : c’est ici que sa passion pour la boxe prendra naissance. Il ne pourra malheureusement commencer les compétitions qu’à l’âge de 18 ans, puisqu’il sera dans l’impossibilité de se procurer une carte de membre, autrefois sésame pour les compétitions sportives.

Pour contourner cette barrière, il empruntera un certificat de naissance à l’un de ses amis, Ray Robinson, indispensable pour l’obtention de ladite carte. Lors d’un tournoi, une jeune femme dans l’audience le qualifiera de « sweet as sugar », marquant alors les débuts du plus grand boxeur de l’histoire, Sugar Ray Robinson.

Dans les années 30, la criminalité américaine et les guerres de gangs sont de plus en plus présentes. Robinson intégrera l’un de ces gangs et sera impliqué dans plusieurs massacres, mais conservera son ambition de devenir le meilleur boxeur de tous les temps. À 19 ans, il terminera sa carrière amateur avec le record monumental de 85 victoires pour aucune défaite, dont 69 ko (40 de ces 69 ko survenant lors du premier round). Il gagnera de plus les Golden Gloves dans la catégorie des featherweight en 1939.

C’est donc le 4 octobre 1940 que notre ami passera professionnel. Un an plus tard il affrontera du très lourd à savoir le champion du monde Sammy Angott (60-15), le futur champion Marty Servo (42-0), et le grand Fritzie Zivic (111-26). Sugar flanquera une raclée à ces trois guerriers, mais un rematch aura lieu en 1942 contre Zivic. Au terme de 10 rounds, Robinson ressortira une nouvelle fois vainqueur en lui infligeant un ko, chose qui ne s’était produite qu’une seule fois dans la carrière de Zivic sur plus de 150 combats.

Plusieurs fights plus tard, Robinson fera face à son futur plus grand rival, Jake LaMotta. Il remportera le combat par décision unanime. Pourtant, plus de 12 livres séparaient les deux combattants (Robinson étant le moins lourd des deux). 4 combats plus tard, notre ami sera élu Fighter de l’année 1942, avec un record de 14 victoires pour aucune défaite.

Il continuera de rouler littéralement sur la concurrence pour obtenir un bilan de 40 victoires et aucune défaite. Mais c’est monsieur LaMotta qui lui infligera son premier revers. Pour sa défense, LaMotta pesait en tout et pour tout 8 kilos de plus que Robinson lors du fight. Trois semaines plus tard, encore un combat avec LaMotta ! Cette fois-là c’est bien Sugar qui en sortira vainqueur.

Il combattra ensuite son idole, Henry Armstrong. Le pauvre Armstrong alors bien vieux et n’étant plus que l’ombre de lui-même sera totalement malmené et perdra le combat. Plus tard, ce dernier avouera qu’il n’a fait tout ça que pour l’argent. En 1943, Robinson sera envoyé à l’armée. Il y rencontrera sa seconde idole, Joe Louis. Ces deux grands champions auront l’occasion de s’affronter plusieurs fois lors de simples matchs d’exhibition pour l’armée américaine.

Mais il rencontrera plusieurs problèmes avec ses supérieurs, ces derniers refusant que les Américains d’origines africaines assistent aux matchs d’exhibition (Sugar étant lui-même américain d’origine africaine). C’est pourquoi il refusera de continuer ces combats au sein de l’armée.

Quelques mois plus tard, il fera une chute violente dans des escaliers qui lui fera quitter l’armée. Il reprendra alors sa carrière pugilistique : il ne perdra aucun combat dans sa catégorie jusqu’en 1946. À cet instant notre ami n’a perdu qu’un seul combat en 75 affrontements ! Il détruit la concurrence et n’épargne personne. 

Cependant à cette époque la mafia est relativement présente dans le boxing game. Et cette dernière est très réticente à l’idée de faire combattre Robinson pour un titre mondial. Mais il finira quand même par obtenir ce qu’il veut en affrontant Tommy Bell (39-10) le 20 décembre 1946. Dans un de ses plus grands combats, Sugar remportera le fight par décision unanime en 15 rounds.

Un an plus tard, il défendra sa ceinture contre Jimmy Doyle (42-6). Mais notre ami fera un rêve étrange en s’imaginant tuer Doyle pendant l’affrontement. Il refusera alors de l’affronter, mais finira par être convaincu par un prêtre que tout ceci n’était qu’un rêve. Malheureusement, après un violent ko au 8e round, Doyle s’effondre, inconscient. Il mourra un jour plus tard.

Les autorités enquêteront alors sur cette mort, mais Robinson sera considéré comme innocent. Pourtant, comme pour se faire pardonner, en apprenant que le rêve de Doyle était d’offrir une maison à sa mère, il fera don d’assez d’argent à la mère de celui-ci pour qu’elle puisse s’offrir un véritable toit. Malgré cet incident notre champion continuera de massacrer ses adversaires, le seul qui arrivera à lui tenir vraiment tête sera Henry Brimm (23-9) : le match se terminera sur un nul.

Le temps passe et Sugar peine de plus en plus à rester au poids, c’est pourquoi ce dernier décidera de grimper chez les middleweight pour essayer de casser d’autres figures. Et c’est précisément ce qu’il fera en battant les plus grands noms de la catégorie par exemple Robert Villemain (42-3), Charley Fusari (63-7), Ray Barnes (29-2) …

Plus tard il fera face à Jose Basora qu’il mettra ko en 50 secondes seulement, un record historique pour l’époque, qui ne sera battue que 38 ans plus tard. Le 14 février 1951, nouvel affrontement entre Robinson et LaMotta, le sixième en date. Ce fight sera surnommé « le massacre de la Saint-Valentin » et notre champion en sortira vainqueur en 13 rounds, récupérant par la même un nouveau titre de champion du monde. À noter qu’en 95 combats professionnels, ce TKO sera le tout premier infligé de toute la carrière de LaMotta. Durant la promotion du film Raging Bull, retraçant la vie de LaMotta, ce dernier affirmera : « j’ai tellement affronté Sugar Ray, j’en ai presque attrapé le diabète ». Bilan, 5 victoires pour Robinson sur 6 rencontres avec le Raging Bull.

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Après cela, Robinson décidera de faire le tour de l’Europe. C’est à Londres qu’il connaîtra enfin sa seconde défaite dans un match merveilleux contre Randolph Turpin (41-2). Mais trois mois plus tard la revanche aura lieu et notre ami enverra Turpin au tapis en 10 rounds et récupérera son dû. Bilan de l’année, une seule défaite en 11 rencontres. De ce fait, il sera élu encore une fois boxeur de l’année 1951.

Nouvelle année et nouveaux cassages de bouches, c’est Rocky Graziano (67-8) qui cette fois en fera les frais. Et là, le drame ! C’est lors d’un fight avec Joey Maxim (78-18) le 25 juillet, et par une température de près de 40 degrés sur le ring que Robinson subira sa seule et unique défaite de toute sa carrière par KO. À l’issue de cette désillusion, Sugar prendra sa retraite pendant trois ans. Bilan, 131 victoires pour seulement 3 défaites.

https://youtu.be/3WvDCkMS6jo

Mais son comeback marquera le début de la fin. Il ne combattra que 20 fois en 5 années, et perdra 6 fois par décisions. Néanmoins parmi ces victoires, une est à retenir, celle contre Gene Fullmer (37-3). Robinson l’enverra voir les étoiles en seulement 4 rounds grâce à un énorme crochet gauche, marquant le tout premier ko de la carrière de Fullmer. À l’issue de ce combat, le monde de la boxe qualifiera ce crochet comme étant « le coup parfait ». Et quand un journaliste demandera jusqu’à quel point ce coup a pu faire mal à Fullmer, Sugar répondra : « je ne sais pas, mais il a compris le message ».

À noter de plus que ses deux affrontements avec Carmen Basillo seront respectivement élus fights de l’année 1957 et 1958. En 1961, alors âgé de 41 ans, Robinson écrasera le futur champion Denny Moyer (30-6) lui-même âgé de seulement 22 ans ; mais sera vaincu par décision unanime lors de la revanche quelques mois plus tard.

Quatre ans plus tard et quelques dizaines de fights plus tard, Robinson annonce enfin sa retraite définitive et raccrochera définitivement les gants à l’âge de 45 ans avec le plus grand record de l’histoire : 173 victoires pour 19 défaites et 6 nuls. En plus de ce record historique, ce dernier détient aussi celui du plus grand nombre de KO (108), record qui n’a encore jamais été égalé et ne le sera probablement jamais.

https://www.youtube.com/watch?v=UGL6j6lQLCQ

Son style de boxe :

Passons au plus intéressant ! Un mot vient tout de suite à l’esprit, le cœur. Pour preuve il affirmera : « le rythme est la chose la plus importante en boxe. Chaque mouvement que l’on fait commence avec le cœur ».

Cet homme était un véritable génie, le plus grand qu’il n’ait jamais existé. Il était capable de se battre dans TOUS les styles de boxe : une fois puncheur (et quel puncheur…), une fois contreur, une autre maîtrisant le flicker jab… Personne ne pouvait le battre, personne. Sa boxe était d’une pureté jamais égalée. Rapide, précis, puissant, intelligent, endurant… Il avait tout. À l’heure actuelle, un boxeur est bien souvent caractérisé par sa plus grande qualité, par exemple son punch, sa vitesse, son footwork… Eh bien, Robinson avait tous ces attributs poussés à leur paroxysme.

Personne ne pouvait lui résister, lui qui pourtant se battait jusqu’à 20 fois par an ! Sa régularité est tout bonnement hallucinante et même à plus de 40 ans il continuait de distribuer des corrections à des mecs plus jeunes de 20 ans. Son panache, sa finesse est tellement inexplicable qu’une vidéo vaut tous les mots du monde.

Il était tellement surhumain que le classement Pound for Pound fut créé en son honneur. Autres distinctions et non des moindres, celles de boxeur du siècle catégorie Welterweight, mais aussi catégorie Middleweight, et plus généralement, boxeur du siècle toutes catégories confondues. Le monde de la boxe s’accorde toujours à dire que Robinson est le plus grand et le restera à jamais. Muhammad Ali l’a même supplié pour qu’il devienne son manager et affirmera bien souvent être le meilleur de tous les temps, juste après Ray Robinson.

Son surnom Sugar a même été repris en son hommage par des boxeurs de renoms comme Sugar Ray Leonard ou Sugar Shane Mosley. Son influence est telle qu’il est le véritable pionnier de la boxe moderne (avec le grand Jack Dempsey). Même si les noms de Fullmer, Basillo, LaMotta ne vous disent peut-être rien, croyez-moi qu’ils écraseraient tous sans exception la catégorie actuelle des Middleweight.

On dit souvent que Muhammad Ali, Hagler, Hearns… ont boxé dans la catégorie reine de leurs temps, mais c’était aussi le cas pour Robinson. À l’époque tous les boxeurs étaient de véritables affamés, des animaux infatigables, car ils ne combattaient pas simplement par passion, mais aussi par nécessité, la nécessité de survivre.

Ses adversaires étaient de vrais durs, les combats se déroulaient avec parfois presque 10 kilos de différences entre les deux boxeurs et ce plusieurs fois par mois. Je vous l’assure, aucun autre boxeur n’aurait pu tenir cette intensité et s’en sortir avec ce palmarès. Et pourtant ce mec en ressort avec la plus brillante carrière de tous les temps, que voulez-vous de plus ?

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