Certaines cultures prétendaient pouvoir lire l’avenir dans les entrailles d’animaux, d’autres comme les grecs droguaient et faisaient entrer en transe de jeunes vierges pour qu’elles révèlent les intentions des Dieux, les chinois lançaient des tiges d’achillée en l’air et analysaient les motifs formés… On a eu à peu près tous les cas de figures possible. A peu près. Conor McGregor, lui, lit l’avenir dans les billets de 500 dollars.
Sa motivation est autant financière que sportive, il a synthétisé ça par la formule « get in, get rich, get out » (entrer, s’en mettre plein les fouilles, sortir). Parce que c’est une réalité pour tous les combattants pro, une carrière dans ce genre de sport c’est environ 10 ans. Pendant ces dix années, pour lesquelles tu sacrifies ta vie de famille, ton temps et ta santé, t’as intérêt à amasser autant de blé que tu le peux parce qu’autrement les lendemains seront sacrément secs. Avec de la chance, un talent particulier au micro, à la plume, ou une réputation suffisamment légitime tu peux devenir commentateur comme Bas Rutten, lancer ta propre organisation comme Ray Sefo avec le WSOF ou devenir chroniqueur à la Chael Sonnen… Mais tu peux aussi tomber en dépression et t’autodétruire comme Mike Bernardo, kickboxer légendaire qui s’est suicidé en Afrique du Sud, ou encore tomber en disgrâce totale comme Tim Sylvia, ancien champion à l’UFC et qui il y a quelques mois s’est vu refuser l’autorisation de combattre sur le circuit régional parce que trop gros et dans un état de santé trop précaire.
Le MMA, spécialement depuis que l’UFC à resserré les ceintures avec le « deal Reebok » n’est clairement pas la solution pour quiconque espère devenir millionnaire à 40 balais et siroter du lait de chèvre peinard dans le jacuzzi d’une baraque à Santa Cruz.
Tout ça Conor l’a bien compris, et sa solution pour faire monter la béchamelle est somme toute très simple mais sacrément couillue et révolutionnaire, la Divination. Alors que les concurrents se contentent de tailler sur le physique ou les compétences de l’adversaire, notre assassin Irlandais annonce en prime la façon dont il va gagner, le round, et parfois même quand il est en forme la minute à laquelle sont adversaire tombera. Il n’est pas le premier à l’avoir fait, ne sera sûrement pas le dernier mais là ou il se démarque c’est qu’avec lui, ça marche.
En 2008, à 21 ans il annonce que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il n’entre à l’UFC, déclaration plutôt audacieuse sachant qu’à ce moment là pas un seul Irlandais n’avait encore atteint l’octogone (ce qui ne sera fait qu’un an plus tard avec Tom Egan, un pote de Conor d’ailleurs), pourtant 5 ans plus tard il faisait ses début à Stockholm.
Je vous mets la vidéo pour que vous « soyez témoin » comme on dit dans Mad Max (et soyez indulgent sur le fait qu’il a les joues aussi ravagées que le Waziristan par les drones Américains, on est tous plus ou moins passés par là).
https://youtu.be/3VHkNxmbvR8
Depuis 2008 tout ce qu’il a prophétisé s’est matérialisé ; il est entré à l’UFC, a brisé Diego Brandao au premier round, fracassé Dustin Poirier en 1:46 après lui avoir annoncé que sa tête claquerait contre le sol avant les 2 minutes, rompu Chad Mendes au deuxième round et enfin détrôné José Aldo en moins d’un. C’est du pur délire. La seule anicroche c’est le tank allemand Denis Siver, dont Conor avait annoncé l’implosion du moteur en 2 minutes, et qui n’a éclaté ses chenilles qu’à 1:54.. du second round. Ce qui n’en fait en plus que la moitié d’un fail.
https://youtu.be/VEICMT9LPmE
La différence fondamentale avec les exercices de divination nommés au début, c’est que dans le cas de Conor, il n’y a aucune part de chance, pas d’intervention divine ni de grand-mère obèse devant une boule en plexiglas. Tout est question de préparation.
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Dans le film « Limitless », Bradley Cooper avale des pilules qui décuplent son intelligence à tel point qu’il est capable de prédire l’avenir simplement en analysant tout les éléments de son environnement. Il en saisissait toutes les variables et à partir de là il déterminait le scénario inéluctable, en d’autre termes le futur. C’est exactement le même principe avec The Notorious. Lui et son équipe de la SBG Ireland, menée par John Kavanagh, analysent en profondeur les petites habitudes des adversaires en scrutant leur combats précédents, leurs façons de bouger, de réagir à certains stimulis, certaines situations, et à partir de là ils établissent pour Conor un plan de bataille qui permettra de façon optimale de neutraliser, dominer et finir le combattant d’en face. Bon ça, toutes les teams à très haut niveau le font, la différence c’est Conor, qui est lui même un génie du décryptage du langage corporel et qu’il a les aptitudes physiques pour mettre ses idées à exécutions.
Pour s’habiller comme Conor c’est ici ou alors en cliquant sur l’image.
Je vais résumer ça par l’exemple qui lui a permis de gauffrer la mâchoire d’Aldo. Il a prononcé les mots suivants dans une interview avec l’analyste Robin Black, deux jours avant le combat, après le staredown de la conférence de presse : «j’ai senti pendant le staredown que sa main avait comme un tic nerveux, pour moi c’était une subtile indication qu’il est prêt à décharger sa droite et je sens que ça pourrait être l’instrument de sa chute. Si il laisse aller sa droite, je ne serai plus là. (…) si je feinte et que je sens qu’il sur-réagit, je re-provoquerai une réaction pour le piéger dans quelque chose d’autre. Je créerai des pièges et des impasses dans l’octogone ». Je vous dépose l’interview ici, au cas ou vous douteriez..
Le résultat on en a tous été témoin: 13 secondes.
C’est le temps qu’il aura fallu pour qu’un crochet court en contre ouvre une nouvelle page dans l’histoire du MMA. Le plus fabuleux c’est qu’en seulement 13 secondes on a eu confirmation de tout ce qu’on attendait : un José Aldo au top physiquement qui évite d’un court et précis mouvement de tête le premier cross gauche de l’Irlandais, mais dont la première attaque aura été une combinaison de crochets larges en rushant comme un gros porc tête la première, ce qu’il ne fait normalement jamais et qui confirme l’impact des tactiques de guérillas psychologiques de Conor. De l’autre côté The Notorious au sommet de son art, qui réussit avec un timing tout simplement incompréhensible à caler un crochet du gauche, en contre et en reculant sur une pourtant terrifiante et ultra rapide entrée en blitzkrieg de la légende Brésilienne.
Je vais pas vous mentir, pour m’être levé à 2 heures du matin, avoir été à l’autre bout de la ville chez des amis et fait chauffer la Mastercard pour voir l’event en direct, je vous cache pas que 13 secondes ça fait pas gros… Pour avoir attendu ce moment autant que la sortie du prochain Tarantino, j’avais les boules bien visibles juste devant la pomme d’Adam mais avec un peu de recul, c’était bien à la hauteur du moment historique attendu. C’était la première fois qu’on était électrocuté d’une telle manière devant un combat d’une telle envergure. C’est phénoménal et laissez moi vous épargner le suspens, ça n’est probablement que le début ! Parce que toutes ces histoires, tous ces drames et toutes ces performances c’était dans la division featherweight (-67 kg), alors quand Mystic Mac annonce en grande pompe qu’il va monter s’occuper des lightweight (-71 kg) « coincés dans la boue », les mecs feraient peut-être bien de commencer à s’inquiéter.
Ca faisait déjà un bout de temps que ça lui trottait dans le cibouleau mais jusque là personne ne prenait ça vraiment au sérieux. Déjà pace que les types de physiques entre les 2 catégories est monstrueusement différent et que Conor aurait affaire à des artilleurs beaucoup plus gros, mais aussi parce regarder une interview de Conor c’est comme mater Jack Nicholson dans « les infiltrés » ; un concentré presque surréaliste de punchlines (ici chantées avec un lourd accent Dublinois), de gestuelles implacables au service d’une garde robe tantôt impeccable style président zahirois 3 pièces blanc immaculé, tantôt « bas les couilles » jean-polo-mocassins et de confiance inébranlable. Mais après avoir été témoin du sort qu’il a réservé au Roi Déchu José Aldo, tout le monde a perdu l’envie de rigoler.
Et maintenant quoi ? Le combat pour déterminer le champion lightweight a lieu cette nuit entre Rafael Dos Anjos et Donald Cerrone et si « Cowboy » Cerrone sort vainqueur, alors Ladies and Gentlemen nous avons un blockbuster entre les mains vu le pedigree et les accomplissement des deux hommes. Si c’est Dos Anjos alors vous avez une rencontre entre l’incarnation de la violence et un irlandais régicide. Si Conor décide de rester en featherweight il est attendu de pied ferme par Frankie Edgar, ancien champion lightweight, sur une série de 5 dominations écrasantes et qui vient de dépecer Chad Mendes encore plus rapidement que ne l’avait réussi McG’. Dana White, le président de l’UFC commence déjà à faire courir des rumeurs de Croke Park, le stade mythique de Dublin de 80 000 personnes pour un Edgar-McGregor début 2016. Si ça se matérialise alors là ça va être absurde, dément, monstrueux, chimérique… Parce que de mémoire de fan hardcore, l’UFC Fight Night Dublin de l’année dernière est l’événement à l’ambiance la plus hallucinante que j’ai jamais entendue, et pourtant avec les brésiliens, les anglais et les mexicains la concurrence est rude mais le public irlandais est dans une ligue tout à fait spéciale. Ils chantent tous en chœur pendant tous les combats, deviennent complètement possédés quand un irlandais fait quoi que ce soit d’à peu près potable, tapent du pied, claquent des mains… Un UFC en Irlande c’est l’expérience d’une vie. Et si vous me dites que tout ça c’est bien beau mais 80 000 sièges à remplir ça fait quand même beaucoup, gardez à l’esprit que Conor a battu avec l’UFC 194 le record de recette sur un event avec 10,1 millions de dollars et que les 9500 places pour l’UFC Dublin en 2014 s’étaient vendues en quelques heures, alors maintenant que l’enfant du pays est devenu la plus grande star de l’histoire du MMA, remplir un stade devrait être une fockin’ formalité. A moins qu’il ne se blesse gravement comme ça avait été le cas contre Max Holloway lorsqu’il s’était rompu les ligaments croisés, Mesdames et Messieurs nous venons juste de gratter la surface de ce qu’il va convenir d’appeler dès aujourd’hui : « l’Ère McGregor ».
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