Film quadruplement Oscarisé en 1982 (dont meilleur film), Chariots of Fire ou les Chariots de Feu est l’oeuvre du britannique Hugh Hudson, avec dans les rôles principaux Ian Charleson qui interprète Eric Liddell, Ben Cross qui joue Harold Abrahams et Ian Holm dans le rôle de Sam Mussabini.
Le scénario reprend l’histoire vraie de deux athlètes britanniques, l’un juif anglais, l’autre chrétien écossais, qui s’affrontèrent durant la période d’après guerre pour finalement remporter tous deux l’or en 1924 aux Jeux de Paris, Abrahams sur 100m et Liddell sur 400m (après avoir renoncé par convictions religieuses à l’épreuve reine dont les qualifications se déroulaient un dimanche)
Dès le début du film l’action s’inscrit dans un cadre classique d’université prestigieuse anglaise du Trinity College. Les thèmes du devoir, de l’héritage sont ainsi présentés directement à travers une scène de cérémonie d’hommage aux anciens de l’école décédés au front. La tradition est tout au long du film contestée, remise en question. Ainsi quand Eric Liddell refuse de concourir par obligation religieuse, le scénariste réussi le tour de passe-passe de ne pas présenter la religion comme une tradition mais au contraire comme une source de contestation de l’autorité royale (représentant alors la tradition) qui insiste pour que l’athlète participe à la compétition. Cependant le film n’est pas une ode à la révolte et à la rébellion, loin de là, et la structure classique qui permet aux hommes de se transcender et de réussir est ici la mémoire, qui elle permet plus de s’inscrire dans l’histoire (qui est selon la morale du film le but de chacun) que la tradition qui exclu et correspond plus à un folklore. En effet le personnage d’Abrahams développe l’idée que sa volonté de réussite est avant tout le prolongement de la mémoire de son père, immigré juif dont l’intégration n’est pas aussi complète qu’elle l’aurait méritée et ce justement à cause des traditions chrétiennes (et antisémites) de l’Angleterre des années 1920.
Dans le combat des protagonistes contre la tradition (qui représente le seul ennemi dans le scénario), la pratique sportive trouve un écho tout particulier. On nous présente une aristocratie britannique qui repose sur des principes de gentleman complètement dépassés.
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Ainsi, l’amateurisme est présenter comme une réelle valeur par les responsables du College dans lequel Abrahams étudie et s’entraine, le monde professionnel étant regarder avec mépris car pour eux seul le talent compte mais, comme l’explique le jeune coureur juif, il n’est pas suffisant pour ceux qui ont pour ambition de gagner et de marquer l’histoire. Ce modèle est présenté comme celui des américains qui sont sur-entrainés, musclés et donc les plus redoutés. Le conservatisme européen est donc décrié et l’Anglais prend un coach qui lui permet finalement de gagner en vitesse grâce à une technique performante. Mais néanmoins la technique reste insuffisante pour gagner.
Si Eric Liddell s’oppose au roi pour défendre ses convictions religieuses, il n’en demeure pas moins le symbole d’une époque qui se termine avec une réussite qui ne repose que sur sa fougue et sa foi infinie. En effet, bien qu’il domine Abrahams lors d’une course on apprend rapidement que sa technique est trop faible pour qu’il puisse faire de bons temps et remporter les jeux sur 100m. Pour l’Écossais la religion est sa source unique de succès, ce qui permet de le présenter comme un personnage finalement assez simple et trop chevaleresque pour être le vrai héros.
Pour Abrahams, la morale est plus complexe. Le sprinteur se définit également autour de sa religion mais plus pour l’identité qu’elle représente aux yeux des autres britanniques à l’antisémitisme latent que pour une quelconque notion de foi. Il représente en terme de narration un héros plus complexe, athlète moderne qui prend conscience des enjeux de son époque, de ses faiblesses et qui se bat pour l’avancement social (tandis que l’Écossais est présenté comme un missionnaire de l’athlétisme, un simple messager du Christ). Sa complexité réside dans le fait qu’il lui manque quelque chose pour vaincre. Et ce quelque chose, Abrahams va l’obtenir grâce à son entraîneur qui lui remet un collier orné d’un symbole qui représente la spiritualité et la foi qui est nécessaire en complément de sa technique pour lui donner le surplus qui lui donne la victoire.
En résumé, Les chariots de feu réussit l’exploit de faire passer la foi comme un moyen de dépasser un monde conservateur et de faire triompher le progrès et la science. Peut être que Hudson était un précurseur dans la théorisation de la force mentale comme réelle spiritualité.
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