Adaptation de la célèbre franchise d’Ubisoft, Assassin’s Creed réalisé par Justin Kurzel et avec Michael Fassbender qui s’en sort avec les honneurs.

C’est le film le plus attendu de cette fin d’année après Star Wars Rogue One. Parmi les franchises les plus rentables de l’histoire du jeu vidéo, Assassin’s Creed tente donc de se transposer au grand écran. Confié au réalisateur de Macbeth, Justin Kurzel, le bébé de l’éditeur français Ubisoft risquait très gros avec ce film. Produit par Michael Fassbender qui interprète également le rôle du célèbre assassin, cette adaptation s’en tire largement avec les honneurs. Sauvé notamment par ses scènes d’actions à couper le souffle.

Assassin’s Creed en mode Mad Max

Assasin’s Creed débute en 1492, dans une batisse d’Andalousie où une mystérieuse confrérie se réunit secrètement. Très vite, le fan de jeu vidéo va retrouver ses marques et le néophyte comprendra facilement les principaux enjeux dans cette guerre entre les assassins et les templiers. Quelques minutes de blabla en espagnol pour placer le décor pour ensuite prendre de la hauteur et suivre un aigle dans un plan séquence aérien qui va nous transposer en 1980 pour arriver quelques instants plus tard à notre époque.

Cette adaptation cinématographique signée Justin Kurzel (auteur du magnifique, mais agaçant Macbeth, déjà avec Fassbender et Cotillard) ne suit pas les aventures de Desmond Miles (héros du jeu vidéo), mais d’un certain Callum Lynch qui a exactement le même passé que son homologue vidéo ludique. Condamné à la peine de mort pour meurtre, Lynch va être finalement récupéré par l’entreprise Abstergo pour participer à un programme mystérieux développé par l’ordre des templiers. Sofia Rikkin (Marion Cotillard), fille du PDG (Jeremy Irons) a mis au point l’Animus, une machine capable de reproduire les aventures de nos ancêtres de plus de 500 ans. Ils vont donc se servir de la mémoire de Lynch qui n’est autre que le descendant de l’assassin Aguilar pour replonger au temps de l’Inquisition espagnole en 1492 et ainsi retrouver la pomme d’Eden. Une relique qui est capable de contrôler le libre arbitre afin de détruire l’ordre des assassins.

Ce pitch très proche de celui du jeu vidéo devrait satisfaire les fans de la première heure. Pour autant, il est nécessaire de prévenir que les ¾ de ce film se passent à notre époque et non durant le moyen-âge comme c’est le cas dans le jeu vidéo. Ainsi les passages dans l’Animus se comptent sur les doigts de la main droite d’Aguilar, c’est-à-dire quatre (scène d’intro comprise). Si on entend déjà les fanboys crier à l’arnaque, la construction du film fait que cet angle choisi se justifie largement. Si ces séquences se déroulants de nos jours étaient dans le jeu vidéo très ennuyeuses, elles prennent ici tout leur intérêt  (preuve que cinéma et jeux vidéo sont deux arts différents). Dans cette adaptation, Justin Kurzel a pensé ses passages historiques comme un moyen de faire avancer son histoire où tous les enjeux sont placés dans le présent. Un construction très inspiré de Matrix

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Très court, les séquences au temps de l’Inquisition n’en restent pas moins intenses. Construises à la manière d’un niveau de jeu vidéo, elles respectent plus ou moins le schéma suivant : scène d’introduction avec un plan aérien, premier combat entre gardes et assassins, course poursuite et combat final avec le boss. Une construction très vidéoludique assez impressionnante qui en fait la grande force du film. S’inspirant du dernier Mad Max, ces scènes d’actions proposent un rythme frénétique où les plans se succèdent à la volée. Ces derniers sont tellement courts qu’on a le sentiment que Kruzel a fabriqué cet Assassin’s Creed en appuyant furieusement sur une manette de PlayStation. Des passages magnifiés par ailleurs par une excellente mis en scène.

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Outre la vitesse de défilement extrêmement rapide, la direction artistique de cet Assasin’s Creed est particulièrement réussie. Pour son troisième long métrage, le réalisateur australien a repris une grande partie de son équipe présente sur Macbeth. Ainsi, on retrouve notamment en chef opérateur, l’excellent Adam Arkapaw qui réalise une nouvelle fois un travail remarquable sur la prise de vue et dans les jeux de lumière.

Bug des acteurs

Avec un tel rythme, Assassin’s Creed se distingue ainsi des blockbusters hollywoodiens comme les Marvel. D’une durée légèrement inférieure à 2 h (plutôt rare pour un film de ce genre), ce long métrage n’offre aucun temps mort. Ubisoft qui est resté maître de cette adaptation a pris ainsi quelques risques afin de se démarquer de la concurrence. On peut citer par exemple le fait d’avoir tourné toutes les scènes historiques en espagnol, chose encore inconcevable à Hollywood constamment accusé de « white washing » et d’américanisation du reste du monde.

Si l’ensemble se tient, Assassin’s Creed n’en reste pas moins perfectible. Dans le scénario tout d’abord qui est très simpliste et ne réussi  pas à s’élever par rapport à ceux des jeux vidéo. On est donc face à une grande introduction qui ne va pas chercher plus que de présenter la franchise. Autre problème, plus embêtant, les acteurs totalement hors du coup. Si les fans ont reproché à Michael Fassbender et Marion Cotillard de n’avoir jamais joué à l’œuvre originale, ils pourront également se révolter de leur interprétation. Pas forcément aidé par le metteur en scène qui a voulu gardé une certaine théâtralité (celle de Macbeth) dans les phases dialogues, les comédiens ne sont pas loin du ridicule et manque cruellement d’humanité. On pensera notamment à un passage où Fassbender tente de jouer la folie… gênant. Heureusement certains s’en sortent mieux comme Ariane Labed (The Lobster, Fidelo L’Odyssée d’Alice) qui en redoutable assassine prouve une nouvelle fois tout son talent.

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Malgré ses défauts scénaristiques et d’interprétation, Assassin’s Creed évite le plantage annoncé. Après les Resident Evil et autres ratages du genre, l’univers du jeu vidéo a enfin une adaptation cinématographique digne de ce nom. Une très grande introduction à l’univers créé par Ubisoft qui devrait ravir les fans de la première heure. Il n’en reste pas moins l’un des blockbusters les plus bizarres de 2016 et finalement l’un des plus intrigants.

Assassin’s Creed (USA-FRA – 1H56)
Réalisé par Justin Kurzel
Avec Michael Fassbender, Marion Cotillard et Jeremy Irons
En salles le 21 décembre

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