Déjà visibles en fin de saison précédente, les pancartes « Wenger Out » sont ressorties depuis plusieurs semaines à l’Emirates Stadium et dans les rues de Londres. Une nouvelle tendance les a même fait voyager aux quatre coins du monde lors de matchs de rugby néo-zélandais, de rencontres de football australien ou encore pendant la Wrestlemania WWE aux États-Unis. Lors du déplacement à West Brom, dans une scène surréaliste, deux avions sont passés de manière successive au-dessus du stade avec des bannières « No Contract #WengerOut » puis « In Arsene We Trust #RespectAW ». Plus que jamais, l’Alsacien est pris à parti par les supporters comme responsable de la situation actuelle du club, mais la direction est aussi remise en cause, la faute encore et toujours à un manque de folie sur le marché des transferts. À la même époque l’an dernier, plusieurs gros achats étaient annoncés : Riyad Mahrez, Julian Draxler, Jamie Vardy ou encore Gonzalo Higuain ; mais le club n’a finalement enregistré que les arrivées de Shkodran Mustafi, Lucas Perez, Granit Xhaka et Rob Holding.
Pourquoi le club de la capitale anglaise n’est-il pas plus dépensier, véritable OVNI dans une Planète Football où règne la démesure ? Contrairement à la plupart des clubs, Arsenal présente des comptes sains – à titre de comparaison Manchester United et Benfica, les deux clubs les plus endettés du monde, possèdent une dette respective de 536 et 336 millions d’euros – mieux, il dégage même régulièrement des bénéfices. Le club est dirigé comme une vraie entreprise plutôt que comme une institution sportive. Investissement majeur de ces dernières années, la construction du nouveau stade s’inscrit dans une logique d’expansion financière, le club délaissant le mythique Highbury et ses 38 000 places pour le majestueux (et très rentable) Emirates Stadium de 60 000 places. Aucun des 460 millions d’euros déboursés pour la construction n’a été emprunté au contribuable, la somme venant dans sa totalité des fonds propres du club. Pour équilibrer son budget, ce dernier a notamment enregistré les départs très lucratifs de Robin Van Persie et Cesc Fabregas, priorisant l’aspect financier sur la compétitivité sportive.
Avec un montant avoisinant les 1300 euros pour le moins cher, le club présente les prix les plus élevés pour l’achat d’un abonnement annuel. À titre de comparaison, ceux du Bayern Munich et du Real de Madrid valent environ 350 euros. Cette politique a provoqué la colère des supporters, beaucoup d’entre eux n’ayant plus les moyens de venir régulièrement au stade. En suivant cette ligne de conduite, le club a perdu une bonne partie de sa « fan base » au profit de clients plus aisés, mais moins passionnés, sacrifiant l’ambiance pour le profit. Cela a permis au club de dégager une recette de billetterie de 132 millions d’euros en 2015, soit le montant le plus élevé en Europe. En parallèle, les Gunners affichent une politique de recrutement similaire à celle du FC Porto, préférant recruter des joueurs jeunes pour les revendre en effectuant une grosse plus-value. Cette politique a été lancée par Arsène Wenger à son arrivée en 1996, il a par exemple acheté Nicolas Anelka pour 750 000 euros au PSG avant de le revendre pour 33 millions au Real de Madrid. Une politique favorable pour les finances du club, mais qui empêche l’effectif de compter plus de quelques stars à la fois, dans un monde ou United et sa dette de 536 millions n’hésitent pas à débourser 105 millions d’euros pour Paul Pogba.
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Suivant parfaitement la ligne de conduite imposée par sa direction, Wenger garde les faveurs du directeur sportif Ivan Gazidis et de l’actionnaire majoritaire, l’américain Stan Kroenke. Ce dernier, dont la fortune est estimée à plus de 5 milliards d’euros, possède également la franchise NBA des Denver Nuggets. Certains médias affirment même que c’est la relation privilégiée de Wenger avec Kroenke qui empêche la direction de se séparer du technicien alsacien. Malheureusement, la politique de maximisation du profit financier n’est pas vraiment compatible avec celle de réussite sportive. Au début des années 2000, Wenger avait réussi à faire d’Arsenal l’un des tops européens et si la direction souhaite que le club retrouve ce statut et ne se contente pas d’être une simple usine à profit, il faudra un jour penser à casser la tirelire. par Tim
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