L’égalité des salaires entre hommes et femmes dans le sport est une utopie. Elle n’existe déjà pas entre les hommes. Ainsi, les salaires des joueurs du PSG sont bien plus importants que ceux des joueurs du SCO. Pourtant, ils participent quasiment aux mêmes compétitions. La différence vient d’une chose en particulier : ce que le sportif va rapporter. Un Neymar rapportera toujours plus qu’une Le Sommer. Il faut avoir une vision globale : plus d’argent pour le PSG, plus d’argent pour la Ligue 1 (en droits TV), plus d’argent pour les équipementiers (maillots, chaussures), plus d’argent pour les clubs (billetterie), plus d’argent pour les fédérations (licenciés). En cela, le salaire faramineux du Brésilien est une « bonne affaire ». Toutefois, les clubs ne vont pas payer un sportif si le retour sur investissement n’est pas certain…
Les sportifs doivent donc performer pour attirer le public et les sponsors mais aussi être mis en avant par leurs institutions. Un exploit, aussi gigantesque soit-il, doit avant tout être vu, connu et reconnu. Du tennis au football en passant par le cyclisme, les femmes militent pour la parité avec les hommes. Malheureusement pour elles, on est encore à des années-lumière d’un Tour de France féminin ou d’une Ligue des Champions féminine d’envergure. Certaines équipes masculines de cyclisme, notamment françaises, ont déjà des difficultés à boucler leur budget, alors imaginez pour les femmes… Pour que de telles compétitions deviennent réalité, il faudrait un travail commun ET sur le long terme. En cela, le travail de l’UFC force le respect. Souvent pointée du doigt pour son organisation quasi dictatoriale (à juste titre), l’UFC pousse les femmes comme rarement. Si le niveau technique est bien inférieur à celui des hommes, les spectateurs se passionnent pour les performances féminines. Rien qu’en 2017, l’UFC a jouté deux catégories féminines : flyweight et featherweight. Avant l’émergence de Conor McGregor, c’est Ronda Rousey qui était la plus grande star du MMA mondial. Et pourquoi ?
Parce que l’UFC investit énormément dans ses talents. Organisation privée, elle pousse celles et ceux qui pourront rapporter le plus, sans distinction. Ainsi, Rousey a eu droit à de nombreuses apparitions dans les médias, à des trailers apocalyptiques et à des posters plus gigantesques les uns que les autres. Grâce à cela, le public découvre la sportive, son histoire, commence à la suivre… Si les performances suivent, un cercle vertueux se met en place. C’est tout un travail en amont qui permet ensuite à Rowdy de combattre devant des millions de personnes. Car oui, être la meilleure quand seule votre famille vous regarde, ce n’est pas terrible… Aujourd’hui, l’organisation essaye de reproduire ce schéma avec Cris Cyborg et Rose Namajunas. Les filles doivent assurer dans la cage et l’UFC se charge du reste. Ainsi, Cyborg était placée en combat principal de la carte de fin d’année et de celle de mars. À chaque fois, elle était la mieux payée, tous sexes confondus (500 000$ x 2). Lors de l’UFC 223 en avril prochain, Tony Ferguson affronte Khabib Nurmagomedov. Il s’agit du combat le plus attendu de l’histoire de la catégorie. Pourtant, il est promu de manière égale avec le Rose Namajunas vs. Joanna Jędrzejczyk 2. Des posters aux bandes-annonces, la promotion des deux combats est assurée de façon similaire.
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Notons qu’à chaque fois, l’UFC met en avant les performances sportives ! Ce sont même les combattants qui sont plutôt sexualisés par l’organisation (bonjour Francis Ngannou). Avant les femmes faisaient la pesée en maillot. Désormais, elles posent avec les tenues reebok, moins sexy et plus sportives. Pourtant, les hommes posent toujours torse nu et en caleçon. Est-ce un drame ? Non. L’UFC met aussi en avant ses talents les plus photogéniques comme Paige Van Zant ou Sage Northcutt, mais ça n’empêche pas les autres de toucher des millions. L’UFC est en effet pragmatique. Avec sa gueule d’ange et son côté gendre idéal, Northcutt est bien plus susceptible de faire accepter le MMA qu’un type comme Overeem (aussi talentueux soit-il).
Toutefois, l’organisation ne force pas les choses. Malgré toutes les tentatives de mise en avant, Demetrious Johnson ne passionne pas les foules. Recordman de défense de ceintures à l’UFC, le champion lightweight ne dépasse pas son sport. Il n’est donc payé « que » 350 000$ par combat. Une somme inférieure à d’autres combattantes… parce qu’elles rapportent plus. C’est triste, mais malgré tous les efforts marketing, certaines personnalités ne passent pas. Johnson a beau réclamer un salaire plus important, l’UFC refuse de le lui offrir car elle perdrait au change. Pour certaines disciplines, c’est identique. Vouloir un salaire plus important alors que ni les sponsors ni le public ne suivent, n’est pas viable financièrement. C’est encore et toujours le nerf de la guerre. Parfois, malgré tous les efforts fournis, le public ne s’intéressera pas. Faisons une comparaison entre la Division 1 féminine de football et la catégorie flyweight de l’UFC. Hors Lyon vs. PSG (et dans une moindre mesure Montpellier), la ligue 1 peine à cartonner et à avoir une couverture médiatique importante. À force de voir des 8-0, les spectateurs délaissent le championnat. C’est la même chose pour les flyweights. Demetrious Johnson va prochainement trouver son salut financier en affrontant…le champion bantamweight TJ Dillashaw. Il faut du spectacle, de l’adversité, des rivalités pour rendre un sport passionnant. C’est ce qui manque actuellement à Demetrious Johnson et à la Division 1 féminine.
Tout cela est rendu possible par le fait qu’il n’y a qu’un seul acteur à bord : l’UFC. Dans les autres sports, il faut faire avec un nombre incalculable de décideurs avant d’arriver à quelque chose : fédération, ligues, sponsors, promoteurs, diffuseurs. L’UFC est son propre promoteur et son propre diffuseur (pour les plus gros événements). Si une égalité parfaite des salaires est impossible, l’UFC paye ses combattants en fonction de ce qu’ils rapportent. On peut donc être à l’UFC et gagner 10 000$ par combat…comme 15 millions de dollars (avec les bonus). C’est pareil dans les autres sports, sauf que les perspectives peuvent être réduites. Si dans le sport « le plus bourrin » et avec un public en grande majorité masculin, l’UFC a réussi à imposer les femmes, alors tous les espoirs sont permis !
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