C’est sur les Terres indiennes que débute notre histoire. Quesnel, en Colombie-Britannique (pas plus de trois références à Dieudonné par personne s’il vous plaît, on aimerait bien arriver indemnes pour le Premier de l’an). C’est dans cette modeste ville dépassant à peine la centaine de milliers d’âmes que notre Pokémon légendaire vit le jour en Juillet 1989.
Après une enfance sans histoire, il découvre le MMA à l’âge de 14 ans dans un club à plusieurs heures de route de chez lui, le Toshido Fighting Arts Academy. Il tombe éperdument amoureux du sport et c’est deux ans plus tard seulement qu’il dispute son premier combat professionnel. Vous avez bien lu : à 16 ans, âge où le commun des mortels vient à peine de sortir de la puberté, Monsieur entrait déjà dans une cage pour parler du pays à un autre être humain surentraîné.
À 18 ans, le Canado-Martien est déjà champion Lightweight (-71kg) de la branche canadienne du KOTC et quelques mois plus tard il accroche la ceinture incontestée.
Au même moment Georges St Pierre, la superstar canadienne alors à l’UFC depuis déjà 3 ans reprenait sa ceinture des mains de Matt Hugues par clé de bras, soumission verbale et inaugurait du même coup le plus long règne de l’histoire de la catégorie Welterweight.
C’est donc sous « l’Ère Saint-Pierre » que l’ombre du tout jeune Rory, alors fraîchement monté de Lightweight à Welterweight, s’étend peu à peu sur la scène internationale.
C’est à 20 ans, après avoir impitoyablement roulé sur ses 9 précédents adversaires, qu’il est appelé par les têtes chercheuses de l’UFC pour comparer ses talents de mercenaires avec ceux de la crème mondiale. C’est le plongeon dans le grand bassin et vu la densité de ce qui l’y attendait, l’hydrodynamique avait plutôt intérêt d’être au point.
Son 1er combat sous la bannière américaine sera expédié en 2 temps 3 mouvements et 4×4 sur la gueule : clé de bras en moins de 5 minutes.
« You had my curiosity, now you have my attention »
Mais vous savez à l’UFC parfois, on aime bien rigoler. Alors pour son deuxième combat chez eux, ils ont proposé à Rory une petite charade :
Mon premier a déjà 3 fois plus d’expérience que toi. Mon second fut champion invaincu au WEC. Mon troisième a terminé 23 de ses 24 victoires, et mon tout c’est ce que tu vas te prendre pleine balle sur la tronche mon petit pote alors que tu t’entraînes toujours dans ta petite ville reculée de l’Ouest Canadien.
Vous avez trouvé ? C’était Carlos « the Natural Born Killer » Condit bien sûr !
Mais le plus fou dans cette histoire, c’est que malgré le sens de l’humour plutôt douteux de l’exécutif chez les costumes-cravates américains Rory passera à quelques secondes, 7 pour être exact, de remporter le combat et de créer la surprise malgré tout. Après avoir été dominé dans tous les secteurs pendant la majorité du combat, Condit se ressaisira brutalement à quelques minutes de la fin de la rencontre, accélérera et c’est en ground & pound qu’il contraint l’arbitre a arrêter les frais. On est passé a un cheveu chauve du bouleversement planétaire mondiale de la terre.
Néanmoins, et c’est là le point le plus important de la carrière du Canadien, cette défaite aura eu le mérite de tout remettre en question quant à sa manière de s’entraîner et le nouveau plafond qu’il allait falloir définir pour les années alors à venir. Pour passer à la vitesse supérieure et revoir ses ambitions à la hausse, un changement radical pressait. Rory va alors franchir le pas. Direction Montréal et la « Tristar Gym ». Entraîneur en chef, Firas Zahabi. Combattant le plus connu parmi les élèves : Georges Saint-Pierre.
GSP et Firas, en train de chanter « Mon frère Ours »
Les infrastructures, les méthodes d’apprentissage, les partenaires d’entraînement… Notre jeune gladiateur découvre alors ce qu’est un ludus de classe mondiale et les résultats sont immédiats, ses 5 combats suivants sont des démonstrations contre les meilleurs assassins de la catégorie : Nate Diaz, BJ Penn et Jake Ellenberger font partie des victimes tout simplement dépassées par la technique et la versatilité du prodige Canadien.
Le seul problème quand on entame une déforestation, c’est qu’on n’est jamais à l’abri de déloger un dos argenté plutôt vénère. Et quand on a vraiment pas fait les choses à moitié et qu’on s’est aventuré un peu trop loin dans la jungle, on peut tomber sur King Kong.
King Kong ou Robbie Lawler. Et Lawler, il y tient à son bout de terrain.
Pas d’issue au cauchemar, que vide et désespoir
C’est pourtant bien MacDonald qui remporte les deux premiers rounds, nous gâtant l’œil d’une technique absolument exceptionnelle debout comme en transition, même si on peut noter parfois un trop grand enthousiasme qui lui coûta alors certaines positions. Mais dans l’ensemble avant la troisième reprise, un combat maîtrisé. Maaaaaais si vous vous intéressez au MMA, vous savez qu’il y a Robbie Lawler, et Robbie Lawler en mode « last round ». Et pour les 5 dernières minutes, Ruthless va laisser sa part obscure prendre le dessus : libérez le berserker.
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Un knockdown suivit de 3 minutes de G&P plus tard et même si Rory reprendra le dessus sur les 20 dernières secondes, les juges donnaient la victoire à l’Américain.
Nouveau coup dur, mais cette fois encore, le train reprend de plus belle et sur les 3 combats suivants MacDonald sortira le menu Maxi Best-of. Il fera taire la lutte de Demian Maïa, surclassera l’actuel champion Tyron Woodley et finira par obtenir son combat pour le titre après un majestueux KO contre le pourtant fabuleux striker Tarec Saffiedine.
Mais entre temps devinez qui s’est emparé de la ceinture ? Le phénix des hôtes de ces bois, biceps saillants et sourire carnassier : rebelotte pour une deuxième édition de la manifestation « commotion pour tous » avec le divin chauve.
Cette fois-ci, les deux athlètes ont 5 rounds pour régler leur différend. Et une fois de plus, car ce genre de performances il vaut mieux que vous les découvriez vous-même, c’est après avoir dominé le combat que Rory se fait rattraper au dernier round. Son nez, fracturé dès le second round, le relancera constamment et c’est sous le coup de la douleur, inimaginable, que le Canadien craque à quelques minutes de l’issue du combat. La performance livrée par les deux hommes, homérique, est considérée à ce jour comme l’un des plus beaux combats de l’histoire du sport.
Que ce soit sur le plan technique, tactique ou purement émotionnel, rares sont les morceaux de bravoure tels que celui qui nous aura été offert ce soir-là.
S’il ne repart pas avec le titre, le Roi Rouge (surnom qu’il a choisi après avoir découvert que Rory avait différentes significations pour d’anciennes tribus Celtes, dont « Roi » et « Rouge ». Ses origines étant Écossaises et Irlandaise, ça tombait plutôt pas mal pour un des surnoms les plus croustillants du game) repart malgré tout sur son bouclier. Pas de ceinture, mais le respect des connaisseurs équivaut à celui qu’ils réservent aux légendes.
Il confiera au micro d’Ariel Helwani quelques semaines plus tard que le combat avait été « le meilleur moment de sa vie ».
Alors on peut se trouver tout un tas de problèmes existentiels parce qu’on ne trouve pas sa voie, et là je m’adresse à 90% de la population assez chanceuse pour se poser ce genre de question. Mais il existe en ce monde certaines personnes qui semblent avoir été extirpées du néant pour ne servir qu’un but. Ne remplir qu’une unique fonction, n’avoir qu’une direction en ce bas monde. Comme si le contrat céleste qui leur avait permis de surgir ex-nihilo était aussi restrictif que le contrat qui les lie à l’UFC.
Pour certains cette inaltérable certitude quant à leur rôle terrestre est intrinsèquement liée à la peinture, pour d’autres les mathématiques.
Pour Rory MacDonald, c’est l’art du Pugilat.
Après cette lutte historique, Rory s’accorda une année, pour guérir ses blessures et se remettre en selle avant de réattaquer, et pas par le versant le plus facile d’accès. La bête noire, celui dont personne ne veut prononcer le nom : Stephen « Wonderboy » Thompson. Cet ultra spécialiste du kickboxing reconverti combattant de MMA et absolument inarrêtable sortait d’une série de 6 victoires consécutives. Il se montrera supérieur au RedKing, le surclassant de peu, mais le surclassant tout même.
Après cette déconvenue, la fin de son contrat avec l’UFC, le deal Reebok et la naissance de sa fille. Le Canadien décida alors, malgré son statut de top 3 dans sa catégorie, de se séparer de l’organisation américaine pour s’assurer un futur plus confortable. Déclarant que le nouveau contrat proposé par Dana White et ses sbires ne l’honorait pas à sa juste valeur (ce qu’on est tout à fait prêts à croire au vu des récentes accusations de l’avocat de Georges Saint-Pierre à l’encontre de l’UFC et de leur manière toute particulière de « valoriser » leurs salariés. On précise quand même que l’homme a lâché dans sa tirade les mots « quasi-esclavagisme » et « 30 ans en arrière »…). Il prit alors la décision de tester les eaux internationales, et pas plus longtemps que quelques semaines plus tard il signait avec le Bellator pour un partenariat que l’on imagine extrêmement juteux pour tout le monde. Fans y compris si vous voyez ce que je veux dire, à l’idée d’un potentiel MacDonald-Koreshkov tout droit sorti d’un bouquin d’Asimov.
quelques secondes avant le légendaire « get the fuck out of my face. »
Pour terminer, il est peut-être nécessaire d’éclaircir le choix de ce titre, provocateur et pute à clics s’il en est.
Si certains protagonistes dans le monde du MMA sont aussi reconnus par les fans par leurs aptitudes que par leur personnalité, à ce p’tit jeu-là Rory occupe une place toute particulière puisque son comportement avant et pendant un combat dénote un manque total de comportement humain, caractéristique des : psychopathes. Qu’on se rassure, dans la vie de tous les jours il rit comme tout le monde, s’attriste comme tout le monde et se perfore la main en ouvrant un avocat comme tout le monde (véridique). Seulement voilà, le langage corporel et plus particulièrement facial qui est le sien devant son adversaire est tout simplement inquiétant. Comme une menace silencieuse qu’on n’arriverait pas à définir ou nommer. On fait même référence quand un regard est particulièrement inhumain à un « Rory MacDonald’s death stare » (un regard funèbre à la Rory MacDonald).
En plus il a lui-même concédé vouloir à terme s’acheter une ferme dans un coin reculé et vivre au calme perdu au milieu de la nature.
Si ça c’est pas une ingénieuse manière de dire « je cherche un endroit tranquille et isolé pour enterrer des corps », alors je sais pas ce que c’est.
https://www.youtube.com/watch?v=eTw4vqzzl1E
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