En 1992, Manon Rhéaume fut la première femme de l’histoire à participer à une rencontre de ligue majeure. C’était en NHL avec le club de Tampa Bay, à l’occasion d’un match amical contre les Saint-Louis Blues. Au poste de gardienne, elle jouera pendant un tiers-temps légendaire. Si la canadienne a ouvert la voie, peu de femmes l’ont malheureusement prise par la suite.
Poste très à part dans l’univers du hockey sur glace et dans le sport en général , celui de gardien de but offre toujours son lot d’histoires insolites. Avec un équipement qui fait passer tout goalie pour un véritable Robocop, les portiers reçoivent à chaque match des shots qui dépassent parfois allègrement les 100 km/h. Job très physique (ils perdent plus de 5 litres de sueur à chaque rencontre), ces cerbères encaissent de très lourde charges de travail afin d’arriver au top. Tout cela n’a pas empêché Manon Rhéaume de parvenir jusqu’à la NHL. Trop forte pour jouer avec les filles, elle parvient à son entrée en junior, à continuer avec les garçons. L’aventure chez ses homologues masculins débute en 1991 avec une première invitation pour la québécoise au camp des Draveurs de Trois-Rivières, équipe de la Ligue Junior-Majeur. A l’issue de ce camp, elle prendra part à son premier match à haut-niveau. Une soirée qui sera compliquée pour elle avec 3 buts encaissées en moins de 17 minutes de jeu. Malheureusement, Manon Rhéaume ne pourra terminer la rencontre suite une blessure à l’arcade sourcilière.
Un an plus tard et à force de travail, la gardienne originaire de Beauport va passer à un stade supérieur. L’organisation de Tampa-Bay l’invitera à prendre part à son camp de pré-saison. L’occasion pour Rhéaume de s’entrainer avec les stars de l’époque telles que Brian Bradley ou John Tucker. Au cours de cette préparation, la canadienne va entrer dans l’histoire du sport nord-américain le 23 septembre en participant au match amical face à Saint Louis. Entrée pour le premier tiers-temps seulement, Manon Rhéaume venait de réaliser l’impossible
« J’entendais seulement mon cœur battre, j’avais presque de la difficulté à respirer. Mais la meilleure chose, c’est que dès que j’ai sauté sur la patinoire, toute la pression est partie. J’avais atteint mon but, j’étais finalement là où je voulais être, où je me sentais confortable » se remémore Rhéaume pour le site officiel de la NHL.
Durant cette période mémorable, la canadienne n’encaissera deux buts dont un largement évitable. Une performance correcte et un score de parité 2 à 2 à l’issue du premier vingt qui n’empêche pas le coach de changer de portier. Son remplaçant Wendell Young prendra dès les trente première secondes un but. Huit minutes pus tard, il en encaissera un second. Une prestation très moyenne qui pousse le public à scander le retour de Rhéaume devant les filets des Bolts. « Ramenez la fille » pouvait-on ainsi entendre dans les travées, même certains joueurs de Tampa comme le défenseur Peter Taglianetti ont proposé cette solution au coach qui n’est finalement pas revenu sur sa décision.
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Alors que beaucoup pensaient qu’elle allait se prendre une déculotté face aux gros canons de la NHL. Manon Rhéaume a tenu tête et s’en sort largement avec les honneurs. Malheureusement, cette performance fut insuffisante pour continuer avec Tampa. Au cours de sa carrière, elle prendra part à plusieurs rencontres dans de nombreuses ligues mineures d’Amérique du Nord. En parallèle, elle continuera à jouer avec les filles. Lors des Jeux olympiques de Nagano en 1998, elle remportera la médaille d’argent avec le Canada.
24 ans plus tard, la seconde joueuse à participer à une rencontre de NHL n’est toujours pas arrivée, même s’il y a eu l’attaquante Hilary Knight qui a participé en 2014 au camp des Ducks d’Anaheim en 2014.
Parmi les gardiennes, plusieurs d’entres-elles ont pris part à des matchs professionnels avec les hommes. Si il y a de nombreux exemples en Europe (notamment la suissesse Florence Schelling), l’exemple le plus marquant actuellement reste celui de la canadienne Shannon Szabados. Elle est aujourd’hui la seule a évoluer à plein temps avec les garçons au sein de la Chinook Hockey League (ligue mineure 5e niveau aux USA). Lors des deux dernières saisons en SPHL, Szabados a réalisé des performances remarquables et présente des statistiques loin d’être ridicules avec une moyenne de pourcentages d’arrêts de plus de 90% par match. Si elle est loin du niveau de la NHL, jouer dans une ligue professionnelle est déjà extraordinaire. On espère qu’elle ira plus loin à l’avenir et que d’autres sports (comme le baseball ou le football) aient aussi la même ouverture d’esprit.
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