Enjeux : Les deux combattants sont actuellement hors du top 15 de la catégorie. Ils chercheront donc à consolider leur position au sein de l’organisation. Pour Austin Hubbard, ce combat a des implications pécuniaires d’importance puisqu’il tentera la free agency après celui-ci. Une victoire lui permettra de renégocier à la hausse son salaire au sein de l’organisation ou de se vendre plus efficacement à la concurrence.
Conditions : Austin Hubbard (13-5 ; 3-3 à l’UFC) sort d’une victoire face à Dakota Bush, tandis que Vinc Pichel (13-2 ; 6-2 à l’UFC) est sur une série de deux victoires consécutives, ne s’étant incliné qu’une fois lors de ses 7 dernières sorties.
Résumé : Ce combat devrait être l’un des plus amusants à regarder de la soirée, Hubbard et Pichel étant tous les deux des action fighters se fondant sur un jeu en stricking agressif et peu orthodoxe.
Austin Hubbard est un volume puncher qui cherche à faire craquer son adversaire sous un déluge de coups incessant. Il fonde son agression sur un jeu plutôt efficace du bras avant destiné à lever la garde de l’adversaire et d’attaques lourdes au corps (une fois ce dernier découvert). Face à de bons lutteurs/grapplers, Hubbard a très rapidement rencontré des problèmes dans l’installation de son jeu en volume, ses chaînes d’attaques étant régulièrement interrompues par des amenés au sol intempestives.
Plutôt que de chercher à diminuer son agression en volume pour faire face à cette menace, Hubbard a pris soin de ponctuer ses combinaisons en poings par des techniques de genoux en ligne haute visant à intercepter ses vis-à-vis dans le cas où ceux-ci chercheraient à changer de niveau. La méthode n’est pas encore tout à fait au point, mais l’idée générale qui sous-tend celle-ci est intéressante et donne lieu à un style très agréable à l’œil. Face à Pichel, Hubbard n’aura pas à se soucier de la menace en lutte et pourra donner libre cours à son savoir-faire debout.
Vinc Pichel, est également un stricker agressif qui présente un style de kick-boxer complet et dangereux. En ce sens, en plus d’avoir du mordant dans les poings (8 victoires par KO), Pichel dispose d’un jeu en kicks varié et efficace. En effet, Vic articule brillamment ses combinaisons de poings avec des techniques en kicks aussi bien en lignes basses que médianes. Il sait en outre changer de garde et shifter en cours de combinaison ce qui le rend difficilement prévisible. En réalité, la confrontation présente semble avantager Pichel qui ne s’est jusqu’à présent incliné que devant d’excellents lutteurs (Gillespie et Khabilov). Toutefois, il est important de garder en tête que Pichel est assez âgé et a considérablement réduit son activité récemment (3 combats en 3 ans).
Prono : En théorie, Pichel est plus complet et plus dangereux debout que Hubbard. Ce dernier s’expose régulièrement et n’a pas encore tout à fait adapté son jeu au plus haut niveau. Toutefois, Hubbard reste jeune et semble progresser de combat en combat. Il est par ailleurs beaucoup plus actif que Pichel sur ces dernières années (deux fois plus de combats sur les trois dernières années). Ainsi, Hubbard devrait s’imposer au terme d’un combat serré et extrêmement divertissant. Hubbard par décision unanime.
Enjeux : Les deux combattants poids lourds actuellement hors du top 15 chercheront avant tout à consolider leur position au sein de l’organisation.
Conditions : Chase Sherman (15-7 ; 3-6 à l’UFC) sort d’une défaite contre Andrei Arlovski et présente un bilan à l’UFC assez négatif, tandis que Parker Porter (17-11 ; 1-1 à l’UFC) a gagné son dernier combat face à Josh Parisian.
Résumé : En étant tout à fait honnête, ce combat ne devrait pas figurer sur une carte principale de l’UFC. D’ailleurs, dans toute autre catégorie il est probable que des combattants présentant le bilan de Sherman ou de Porter ne soient pas acceptés au sein de l’organisation américaine. Néanmoins, les lourds constituent la catégorie manquant le plus de profondeur, moyennant quoi nous nous retrouvons avec des affrontements de ce type en milieu de main card.
Les deux combattants présentent des similarités en ce qu’ils ne brillent pas spécialement par des attributs physiques notables ou par une technicité particulière. Chase Sherman a toutefois l’avantage de l’âge (31 ans pour 36 du côté de Porter), de la taille (1m94 pour 1m83 du côté de Porter), de l’allonge et surtout, de l’expérience. En effet, même si son ratio de victoires/défaites à l’UFC ne plaide pas en sa faveur, il faut toutefois mettre au crédit de Sherman le niveau des adversaires qu’il a rencontré (plusieurs top 15). Par ailleurs ce dernier bénéficie d’un pouvoir de KO assez conséquent, 14 de ses victoires ayant été obtenues de cette manière.
De son côté, Porter a l’avantage de présenter un jeu relativement complet pour un lourd et de bénéficier d’un certain flair pour repérer et saisir les opportunités de finish lorsqu’elles se présentent (plusieurs victoires par soumissions et par ground and pound). Son désavantage en taille et en allonge ainsi que l’absence d’arme notable en lutte le rend néanmoins vulnérable aux principaux points forts de Sherman.
Prono : Chase Sherman devrait être en mesure d’exploiter son avantage de taille, d’allonge et de punch, Porter ne brillant ni par ses qualités défensives ni par sa capacité à briser la distance et à imposer un jeu en lutte. Chase Sherman par KO au premier round.
Enjeux : Deux combattants hors du top 15 s’affrontent pour s’affirmer au sein d’une des catégories les plus compétitives de l’UFC.
Conditions : Clay Guida (36-20 ; 16-14 à l’UFC) sort d’une victoire contre Michael Johnson tandis que Mark Madsen invaincu en 10 combats cherchera une troisième victoire consécutive à l’UFC (10-0 ; 2-0 à l’UFC).
Résumé : Il s’agit d’un affrontement classique entre un vétéran de l’UFC (Guida) et un prospect prometteur (Madsen) visant à jauger du véritable niveau de ce dernier. Mark Madsen n’est d’ailleurs pas un prospect comme les autres puisqu’à bientôt 37 ans il est assez âgé pour la catégorie des lightweights.
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A 39 ans et ayant participé à plus de 50 combats, Clay Guida a tout vu et tout expérimenté dans l’octogone. En ce sens il a rencontré les meilleurs de deux catégories (featherweight et lightweight) et n’est pas passé loin de devenir champion des légers. Aujourd’hui bien éloigné de son prime physique, Clay Guida joue à merveille le rôle de gatekeeper où son savoir-faire, son expérience et sa ruse lui permettent de distinguer le bon grain de l’ivraie parmi les poids légers.
Complet, disposant d’une lutte assez efficace et d’une bonne condition physique (ce qui est assez remarquable à son âge et dans cette catégorie) Guida n’a ni défauts ni avantages marquants. Son expérience lui permet néanmoins de se maintenir à l’abri des zones de dangers via l’emploi du clinch, du wall wrestling et de la boxe en accrochages. Ce faisant, l’américain est rarement menacé debout et ne s’est incliné par KO que deux fois dans sa carrière. Néanmoins, la volonté de Clay Guida de créer l’accrochage à tout prix l’a souvent mis dans des situations dangereuses et explique le nombre conséquent de ses défaites par soumission (10 défaites par soumissions, dont trois par guillotine).
Mark Madsen appartient à ce club très fermé des médaillés olympiques (médaille d’argent au JO de RIO en lutte gréco-romaine) ayant accompli avec succès une transition en MMA. Bien qu’assez âgé, le danois est un acteur assez prometteur de la catégorie et bénéficie d’avantages non négligeables tant en lutte et qu’en grappling. Au-delà de ces atouts évidents, Mark Madsen fait preuve d’une attitude très agressive qui se marrie bien à son jeu de lutte. Si le stricking du danois demeure perfectible, il remplit aisément ses objectifs puisqu’il lui permet de créer l’accrochage et d’intimider la plupart de ses adversaires. Il est encore trop tôt pour déterminer si ce jeu lui permettra de faire face aux meilleurs de la catégorie, le combat contre Guida devrait se révéler un excellent test nous permettant d’en savoir un peu plus à ce sujet.
Prono : La caractère complet de l’arsenal de Guida lui permet de se tirer d’affaire face aux combattants inexpérimentés où unilatéraux. À ce titre, l’utilisation du clinch et du wall wrestling lui ont permis d’empocher des victoires dans des combats pourtant mal engagés. Dans l’absolu, ces atouts devraient lui permettre de faire face à de nombreux prospects encore un peu novices. Le problème dans le combat qui nous occupe est que Madsen excelle dans ces domaines (clinch, lutte et contrôle au sol) et devrait être ainsi en mesure de contrôler la direction du combat. Partant, sauf erreur de débutant, Mark Madsen devrait s’imposer sans trop de difficultés. Victoire de Mark Madsen par soumission au round 2.
Enjeux : Le numéro 3 (Cannonier) et le numéro 9 (Gastelum) des poids moyens se rencontrent pour consolider ou acquérir une position au sein du top 5 de la catégorie.
Conditions : Jared Cannonier (13-5 ; 6-5 à l’UFC) et Kelvin Gastelum (16-7-1 ; 11-7-1 à l’UFC) sortent tous les deux d’une défaite contre Robert Whittaker (n°1 de la catégorie). En revanche, Cannonier semble être sur une meilleure dynamique puisqu’il a remporté l’intégralité de ses autres combats dans la catégorie (entre le premier et deuxième round) alors que Gastelum présente un bilan récent beaucoup plus mitigé (4 défaites sur ses 5 derniers combats).
Résumé : Jared Cannonier et Kelvin Gastelum sont, chacun à leur manière, des dark horses de la catégorie, dans le sens où ils constituent, pour quiconque viendrait à les affronter, un challenge difficile pour un bénéfice relativement discutable. Ce combat sera donc l’occasion pour l’un comme l’autre de sortir de ce statut et de s’imposer comme éventuel challenger. Par ailleurs, et de manière assez ironique, l’âge respectif des deux combattants n’est pas corrélé avec leur récente évolution, Cannonier (37 ans) semblant avoir plus à offrir que son vis-à-vis (29 ans).
L’évolution récente de Jared Cannonier a été particulièrement plaisante à observer. Pendant de nombreuses années, le sociétaire du MMALAB n’était qu’un journeyman parmi d’autres évoluant péniblement chez les lourds et les mi-lourds, alternant avec égale fréquence victoires et défaites. Durant cette période, Jared Cannonier ne faisait pas montre d’une technicité particulière et s’appuyait avant tout sur son pouvoir de KO naturel et sur sa résistance physique innée.
Il était alors systématiquement dépassé par des adversaires plus complets ou expérimentés que lui. Et puis, Jared Cannonier s’est professionnalisé, a perdu du poids et a véritablement franchi un palier devenant l’un des combattants les plus dangereux de la planète dans une catégorie pourtant extrêmement compétitive. De simple brawler, The Killa Gorilla est devenu un stricker vicieux et méthodique s’appuyant sur un crochet du bras avant létal, des low kicks redoutables et une takedown defense efficace (due en majeure partie à des facultés athlétiques à présent optimisées). Le jeu de Jared Cannonier demeure simple, mais, allié à des facultés physiques enfin employées à plein, est suffisamment efficace pour se tailler une place vers le titre.
Il reste toutefois des choses à parfaire, et l’approche méthodique et patiente de Jared Cannonier peut encore être exploitée contre lui par des adversaires agressifs et suffisamment mobiles pour éviter ses retours. Néanmoins, il n’y a pas de raison de penser que Jared Cannonier ait atteint son plafond. Il est au contraire probable que sa défaite face à Whittaker lui ait permis de s’améliorer encore plus et de corriger certains des défauts précités.
De son côté Kelvin Gastelum aurait pu être un grand nom, à la fois chez les welterweights et les middleweights. Toutefois son absence de discipline diététique l’empêcha d’évoluer dans sa catégorie naturelle et un timing malheureux le priva de ses chances chez les moyens. En effet, la montée de Gastelum s’effectua au moment où la catégorie était la plus embouteillée (résultat du règne inattendu et chaotique de Michael Bisping). Pire encore, Kelvin Gastelum brisa son momentum en perdant un combat pourtant bien débuté face à Chris Weidman. Ce hoquet malheureux ralentit suffisamment Kelvin pour le mettre au travers de la route de l’actuel champion Israel Adesanya.
Rétrospectivement, il semble que Kelvin Gastelum ait atteint l’acmé de ses capacités lors de ce combat : jamais sa boxe n’avait été aussi rapide et précise, ses déplacements aussi efficaces et sa détermination aussi solide. Contre n’importe quel autre adversaire, Gastelum aurait très probablement remporté le combat. L’Histoire devait néanmoins en vouloir autrement, et, au terme d’une lutte acharnée, le champion Adesanya prit l’ascendant lors d’un cinquième round d’une violence peu commune. Depuis, Kelvin Gastelum est sur une pente descendante enchaînant les défaites et se révélant limité dans chacune de ses apparitions. Ce qui a fait sa force est pourtant toujours présent : Gastelum est un southpaw bénéficiant d’une rapidité peu commune chez les poids moyens, de combinaisons en Anglaises meurtrières, d’un footwork offensif made in Kings MMA efficace et d’un menton à l’épreuve des balles.
Par ailleurs, son savoir-faire en scrambling et en renversement de positions le met à l’abri de la plupart de ses adversaires au sol et lui permet de réinitialiser le combat debout si nécessaire. Néanmoins, c’est plus du côté du fight IQ et des capacités d’adaptation que le jeu de Gastelum présente des faiblesses. Confronté à des adversaires l’empêchant de mettre en place sa boxe anglaise (Ex : par le clinch par Darren Till ; par les mouvements en in and out par Robert Whittaker) Gastelum est apparu à court de réponses. Pire encore, si son menton est encore présent, il est aujourd’hui évident que Gastelum rechigne à se placer dans des situations d’échanges qui lui permettraient pourtant de tirer son épingle du jeu (grâce notamment à la rapidité de ses mains).
Prono : À son meilleur, Kelvin Gastelum dispose des armes lui permettant de venir à bout de son adversaire ; sa résistance physique et sa rapidité pouvant prendre totalement de court son vis-à-vis et lui garantir une victoire avant la limite, Cannonier n’appréciant guère être bousculé dans la mise en place de son jeu. Néanmoins, compte tenu des dynamiques respectives des deux combattants, une victoire de Cannonier semble plus probable. À plus forte raison, le travail en low kicks de ce dernier pourrait s’avérer particulièrement efficace dans l’optique de contrer les combinaisons en Anglaise de Gastelum. Reste à savoir si le déclin de Gastelum est durable, ou si celui-ci n’est que temporaire. À seulement 29 ans, Kelvin Gastelum peut encore s’adapter et nous surprendre agréablement. Cannonier par TKO au round 3.
Le reste de la carte:
Alexandre Pantoja vs Brandon Royval : Alexandre Pantoja par décision unanime.
Austin Lingo vs Luis Saldana : Luis Saldana par KO au 3ème round.
Brian Kelleher vs Domingo Pilarte : Brian Kelleher par décision unanime.
Bea Malecki vs Josiane Nunes : Bea Malecki par soumission au 2ème round.
William Knight vs Fabio Cherant : William Knight par décision unanime.
Roosevelt Roberts vs Ignacio Bahamondes : Roosevelt Roberts par décision partagée.
Sasha Palatnikov vs Ramiz Brahimaj : Ramiz Brahimaj par soumission au 1er round.
Wouah ! Quel boulot et quelle expertise ! Bravo l’artiste, je suis entièrement d’accord avec tout sauf sur le prono de Clay Guilda je le vois créer l’upset après une guerre de 3 rounds et sortir vainqueur par décision partagée. Encore merci pour l’effort et la propreté de cet article et preview.
Très bon article, on apprécie le rappel des enjeux, le résumé. Merci !