Portrait de la légende ultime du MMA Wanderlei Silva. Surnommé The Axe Murderer, le brésilien est le dernier des chiens de guerre.

Depuis l’Antiquité, les Chiens de Guerre ont semé une terreur paralysante sur les champs de bataille. Des mastiffs gaulois utilisés pour concasser du Romain (cocorico) jusqu’aux mastiffs en armure dressés par les conquistadors pour génocider sans pitié les populations Aztèques, en passant par les chiens piégés à l’explosif et sacrifiés pour neutraliser les chars ennemis lors de la 1re Guerre mondiale, le chien de combat est un des animaux les plus tristement célèbres pour leur efficacité dans les guerres entre humains.

La version 2.0 du portrait de Wanderlei Silva est présente dans notre premier Livre « Le Grand Livre du MMA » disponible partout ici.

Entraînés pour s’attaquer à des fantassins, mais aussi à des chevaux, les molosses servaient également à achever les blessés, monter la garde ou délivrer des messages.

Sans peur, efficaces, intimidants à l’extrême, ils étaient d’une loyauté sans faille. Sans peur, efficace, intimidant à l’extrême et faisant montre d’une loyauté sans faille : la définition Larousse officielle, mot pour mot (vous vérifierez), de Wanderlei « the Axe Murderer » Silva.

S’il est bien UN nom dans le panthéon des légendes du MMA que les gens assimilent automatiquement à « effrayant », c’est bien celui du vétéran brésilien.

« Reviens avec ton bouclier, ou sur lui » – Laconisme des femmes spartiates à leur fils ou Mari

Si son intensité sur le ring ainsi que dans les minutes précédant un combat sont désormais légendaires, c’est qu’il est tout simplement incapable d’envisager une stratégie qui n’inclurait pas « avancer comme un bélier jusqu’à briser les reins de la personne en face ». Il fait partie de ces combattants à la Fedor incapables d’être dans un combat sans rechercher la finition, c’est totalement absent de leur code génétique. La seule méthode qui vaille pour Wanderlei Silva : la guerre totale.

Tombé amoureux de la boxe Thaï à 13 ans, il est rapidement drafté à la légendaire Chute Boxe Academy de Curitiba, par laquelle passeront Anderson Silva, Cris Cyborg Santos et son « petit » protégé : Mauricio Shogun Rua.

Forgé à une époque où les rivalités étaient encore entre les disciplines, il est élevé côté « pied-poing » de la frontière. Mais son premier combat va rapidement lui faire comprendre que s’il veut progresser dans le combat libre, il va sévèrement falloir taffer la lutte et le sol. En effet, dès la première seconde du combat, Silva se fait cueillir comme une tulipe, soulever à plus d’un mètre cinquante du sol et écraser au sol par son adversaire, alors plus expérimenté dans le domaine. Ce soir-là sur le ring, son égo s’écrase encore plus violemment que ses vertèbres. Mais par la grâce du Saigneur et une salvatrice chute du ring, le combat est ramené debout. Les deux minutes suivantes seront d’une violence inouïe, les deux hommes se rendent bouche d’incendie sur bouche d’incendie sans arrêter. Néanmoins après une phase en clinch contre les cordes, Silva finit par stopper son obstacle humain d’une vicieuse série de coude.

Pour son premier combat, Wanderlei vient de livrer une prestation d’une intensité et d’un impact physique sur le corps tels que peu de combattants de MMA en connaîtront dans leur carrière.

C’est son premier combat, il n’a que vingt ans. Résolu à progresser, il adopte sérieusement au jiu-jitsu et en deviendra ceinture noire quelques années plus tard. La suite de son parcours ne sera qu’une suite de batailles menées tous crocs dehors.

Au cours de sa première partie de carrière, la majorité de ses apparitions ressemblaient d’ailleurs plus à un règne de terreur style Ivan le Terrible, qu’à un conflit à armes égales avec les délicieuses conditions de Genève en bandoulière. Ses neuf premiers combats se termineront par KO, sept victoires et deux défaites. Certains avec gants, d’autre sans. Old School. Mais là où il cimentera à jamais son statut de légende, fût dans la célèbre organisation Japonaise au poing lanceur de foudre, feu le Pride FC.

Il disputera vingt-sept combats sur les rings du Pride, en deviendra le Champion de poids-moyens (comprendre « catégorie de poids de 80 à 95 kilos, toutes substances autorisées », on vous laisse imaginer les prédateurs) et ira même chercher sans trembler les terrifiants poids-lourds de l’époque ; Mark Hunt, Mirko Crocop ou encore Kazuyuki Fujita. Simplement pour se mesurer à eux, avec à chaque fois l’objectif affiché de les mettre hors d’état de nuire. Ca ne fonctionnera pas à chaque fois, le policier d’élite Croate lui infligeant au passage un des headkicks les plus iconiques cette Ère bénie des Dieux. Mais il fera jeu égal avec Mark Hunt, égalité avec Mirko lors de leur première rencontre, se permettant même de saccager Fujita par soccer kick après l’avoir blessé debout. Ce genre de bulldog.

Entre août 2000 et décembre 2004, il réalise le streak de sa vie et enchaîne dix-huit combats sans en perdre un seul. Et à tous les schtroumpfs grognons qui seraient tentés de dire que « ouais, mais c’était le Japon, il a combattu que des poulets de cirques », on conseillera de revenir sur les noms qu’il a combattus pendant sa période d’invincibilité : Dan Henderson, Mirko Crocop, Kazushi Sakuraba (x3) et Quinton Rampage Jackson (x2). Alors certes au milieu de tout ce petit monde a pu se glisser trois ou quatre kamikazes, sacrifiés sur l’autel du spectacle et donnés en pâture à notre rottweiler antichar, mais ça n’entache en rien la valeur de la performance.

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Suite à la chute du Pride en 2007, il tournera son attention vers l’UFC. Son premier combat est organisé contre le destructeur Américain, Hall of Famer et légende absolue de l’Octogone : Chuck Liddell. Le combat sera récompensé « Fight of the Night » le soir même et « Fight of the Year » quelques mois plus tard. Voilà, le décor est planté, malgré la défaite, le panache est là.

Lors de son second combat il est opposé à Keith Jardine, un brawler ultra-solide. Mais Wanderlei, pressé, ne viendra pas pour prendre un cours de jardinage… sa main verte, il lui enverra plutôt dans les gencives, jusqu’à l’inconscience. Ce soir-là il infligera à l’Américain le « Knockout of the Night », plus tard lui aussi canonisé « Knockout of the Year » .

En fait, pour faire simple et si l’on devait résumer son passage à l’UFC, on dirait que le bilan comptable fût mitigé (quatre victoires pour cinq défaites), mais qu’une fois intégré le fait que sur les quatre adversaires qui l’ont battu, trois étaient d’anciens champions et que sur les neuf combats qu’il aura disputés entre 2007 et 2013, cinq se termineront en « Fight of the Night » et deux en « Knockout of the Night » ; dans le cœur des fans, ça ressemble pas mal à un sans faute.

Et si on a choisi tout au long de cet article de mettre en avant ses accomplissements plus que son style, sa technique ou ses résultats c’est parce que Wanderlei Silva, et on se doit de lui rendre hommage pour cela, fait partie d’une race de combattant aujourd’hui disparue : les gladiateurs du MMA. Ces Old Timers qui ne montaient pas dans l’arène pour sécuriser une victoire à tout prix, mais pour avant tout terminer leur adversaire et divertir les foules.

Au Japon, les organisations n’accordent pas autant d’importance qu’aujourd’hui au ratio d’un palmarès comme on peut le faire en Boxe Anglaise. Ce qui comptait avant tout dans leur conception d’un combat, c’est que les protagonistes donnent tout, s’arrachent jusqu’à leur dernier souffle, n’abandonnent jamais et livrent une performance épique. La notion de victoire ou de défaite avait beaucoup moins d’impact sur leur décision ou non de garder un fighter dans leur organisation. Ils avaient cette volonté de transmettre à leur public un spectacle homérique, cinématographique, d’où cette profusion de « Freak Shows » à la Bob Sapp vs Nogueira, ou Fedor vs Zuluzinho. Plus qu’un sport, ils vendaient un rêve.

Mesdames et Messieurs : le Pride FC

Silva, biberonné à la Chute Boxe et dressé pour ne craindre personne, avait trouvé dans cette formule la taille parfaite pour son costume.

Alors peu importe l’issue du combat : Wanderlei Silva, pour toujours et à jamais, c’est l’assurance d’une avalanche émotionnelle et d’un scénario de péplum à chaque apparition.

Et si ce n’est probablement plus adapté au MMA actuel, façonné pour tenter de coller toujours plus à l’image d’un « sport » (c’est d’ailleurs mieux ainsi), ça aura au moins eu le mérite d’imprimer la mémoire de toute une génération. Wanderlei Silva, meurtrier à la hache de profession, vous êtes déjà dans les livres d’Histoire.

« Ce que l’on fait dans sa vie, résonne dans l’éternité » – Maximum Decimus Meridius, Gladiator

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Tags Pride UFC

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