À 44 ans, le légendaire marteau croate, Mirko « Cro Cop » Filipovic, a finalement et pour de bon tiré les rideaux sur sa carrière de combattant. Derrière lui, mis à part des générations de fans en deuil, il laisse surtout un palmarès AHURISSANT.

Honnêtement si on était un peu des Jean-foutre, on pourrait presque remplir nos deux pages en police 12 simplement avec la liste brute de ses accomplissements. Je vous assure que c’est à peine exagéré. Et ça en dit LONG sur l’ombre que projette la machine aux cuisses-piston sur l’Histoire des sports de combat en général.

La version 2.0 du portrait de Cro Cop est présente dans notre premier Livre « Le Grand Livre du MMA » disponible partout ici.

S’il est le seul combattant à avoir été Champion du Pride et du K-1, il fut également le pionnier d’une transition aussi phénoménalement réussie du striking vers le MMA. Chemin dans lequel ne réussiront à le suivre que quelques rarissimes exceptions comme Alistair Overeem ou Holly Holm. Il faudrait littéralement une minisérie Netflix pour retracer tout son parcours. Voici l’essence de ce qui en a fait le Saigneur de Guerre qu’il est devenu. Mesdames et Messieurs : Mirko « Cro Cop » Filipovic.

Mirko Cro Cop Dopage

Né en 1974 dans la République socialiste de Croatie, alors sous joug Yougoslave, Mirko grandit avec sa grande sœur en pleine guerre d’indépendance. S’essayant à l’athlétisme d’abord avec le sprint, ses priorités changent radicalement quand il découvre pour le première fois le film « Bloodsport » avec Jean-Claude Van Damme. Commençant alors les entraînements de Tae-Kwon Do (il finira ceinture noire) et de karaté, il se bâtit parallèlement une musculature d’ours kodiak en se confectionnant lui même ses équipements à base d’un peu de « tout venant » (barres en fer, rails, plâtre, sable …) et de beaucoup de système D.

Son père Zarko meurt alors qu’il n’a que 19 ans et Mirko, la même année, décide alors de rentrer dans l’armée et de mettre l’accent sur sa pratique de la boxe. La guerre touchant à sa fin alors même qu’il n’était enrôlé que depuis un an, le phénomène est envoyé à Zagreb pour rentrer dans les forces de police.

En 1996 les choses sérieuses commencent et le titan lève une première jambe : il commence sa carrière de kickboxeur professionnel. Son premier adversaire ? Un certain Jérôme le Banner.

À 20 ans et contre un adversaire déjà salement rôdé, le jeune Croate remporte une décision unanime. Pire que prometteur. Mais pour son deuxième jet, presque comme une punition on lui colle dans les pattes un monstre, un des meilleurs kickboxeurs de tous les temps, Ernesto Hoost. La marche est trop haute et Mirko se fait trancher en low-kicks par un Néerlandais beaucoup trop prêt.

Après cette déconvenue, Tigar (« Tigre » en Croate, son surnom quand il était minot) décide de se reconcentrer sur sa carrière dans les forces de l’ordre et dans la boxe amateur. Bref, il deviendra 3 fois Champion national amateur d’Anglaise et rentrera dans la foulée dans l’unité Anti-Terroriste d’élite de la police croate, l’ATJ Lucko. Il en restera un membre actif pendant 6 ans. C’est d’ailleurs de là que son vrai surnom sera tiré : « Cro Cop » pour « Croatian Cop » (Policier croate).

Oui, chaque matin Mirko Filipovic étale généreusement du respect sur ses tartines et les enfourne sans même mâcher. Pour les faire passer ? Un peu de jus de style tout frais pressé. Voyez plutôt :

En 1999, il reprend sa carrière dans les sports de combat professionnels pour de bon. L’Histoire est en marche. Pendant 2 ans il se concentrera sur sa carrière de Kickboxer, rencontrant les plus grands noms que la discipline ait jamais connus, à l’Âge d’Or du sport qui plus est. Andy Hug, Ernesto Hoost ou encore Peter Aerts, des noms qui font frissonner dans les chaumières encore aujourd’hui. C’est à cette période que le monde fait connaissance avec ce qui deviendra son arme Alpha, la grosse Bertha de son prodigieux arsenal : son kick gauche. C’est avec lui qu’il instiguera le doute, la peur et la douleur chez tous ses adversaires. Car si Mirko n’est pas particulièrement actif au niveau du volume envoyé, chaque crochet, chaque direct, chaque kick est envoyé pour décimer du post-pubère.

En 2001, tout en continuant son solide run au Royaume du pied-poing, il prend une décision qui changera le paysage du combat libre à jamais : il fait son entrée dans le MMA professionnel.

Entre 2001 et 2003, il affrontera tour à tour les meilleurs assassins que les deux sports avaient alors à offrir, au Pride et au K-1. Et en apothéose avant de ne se consacrer entièrement au MMA pour les 10 années qui suivirent, il offre au monde sa version de David contre un Goliath sombrement pété aux stéroïdes en combattant Bob Sapp.

Pour la petite histoire, à ce moment précis, Sapp venait tout juste de démolir Ernesto Hoost par des monstrueux KOs, deux fois d’affilée. Il débarquait seulement sur la scène japonaise et après ces terrifiants massacres, PERSONNE ne voulait se risquer à monter sur un ring avec le Black Bane Américain. Personne ? Nooon, un monstrueux striker Croate résiste encore et toujours à l’envahisseur… Mirko décida alors d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté de la piquouze.

Après une opération chirurgicale d’une minute et vingt secondes, Crocop envoie un middle suivi d’un cross gauche tendu comme une flèche Mongole : il rentre l’os orbital de Sapp à l’intérieur de son propre crâne et le laisse gisant au sol en position foetale, pleurant de douleur.

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Pendant les 10 années suivantes, il affrontera tout le monde, explosera tous les records au Pride, signera des combats légendaires contre Wanderlei Silva, Fedor Emelianenko ou encore Minotauro Nogueira (le Saint Quatuor de l’organisation japonaise) et livrera par dizaines des finishs tous aussi violents les uns que les autres. On se souviendra notamment de ses knockdows contre Mark Hunt par des high-kicks qui auraient décapité un rhinocéros, ses head-kicks contre Silva, Vovchanchyn ou encore le pauvre lutteur jeté aux crocodiles Jose Alberto Rodriguez, que les amateurs de catch connaissent peut-être sous le nom d’Alberto Del Rio, qui aura en deux coups pris tellement de dommage que sa vie en a probablement été changée à jamais (et on ne dit absolument pas ça à la légère). Il devint à ce moment au Japon et autour du monde l’équivalent d’une créature quasi Mythologique pour les amoureux du sport.

Mais c’est aussi à la fin de ces dix années qu’il ira se perdre à l’UFC.

Arrivé en 2007 avec l’étiquette incontestable de futur Champion de l’organisation, un monstrueux high-kick du gauche de Gabriel Gonzaga, le dos argenté brésilien, l’oblige à revoir ses ambitions à la baisse. À partir de ce moment, il n’arrivera plus jamais à se hisser de nouveau au sommet de la chaîne alimentaire.

Tantôt dépassé par l’explosivité, la taille et la puissance des combattants nouvelle génération (Junior Dos Santos, Brendan Schaub, Cheick Kongo) gérant mieux la cage, tantôt choqué par un énorme KO sorti de nulle part après un combat encore prenable (Roy Nelson, Frank Mir), il n’arrivera plus jamais à se reconstruire en temps que contender crédible pour la ceinture poids lourd.

En 2011 c’est donc après trois vicieux KO successifs qu’il quittera l’organisation Américaine.

Après une courte retraite, il revint pour quelques apparitions dans des events Russes ou Japonais (sans doute pour maximiser le biff on va pas se mentir). Il reviendra même à ses premières amours en 2012, pour remporter le K-1. Parce que Oh vous savez, quand on sait pas trop quoi faire de sa life et qu’on s’emmerde devant Battlefield, autant aller remporter un des tournois pied-poing alors parmi les plus prestigieux au monde (même si à ce moment le Glory était passé devant). La routine …

Mais surtout, comme un dernier baroud d’honneur pour quitter le Mont Rushmore du MMA en ses termes, il re-signera à l’UFC. Pour une dernière fois. Pour la mort et la gloire. Pour le Rohan.

Et quelle dernière fois. On lui offrira alors un combat revanche contre Gonzaga.

Après un début de combat géré, mais sans étincelles, Crocop sort les coudes de l’Enfer pour sonner le golem de Rio, l’amène au sol avec autorité, et entame une symphonie de la destruction. En full gard, il assènera une série des coudes les plus violents que la catégorie poids lourd ait jamais vus encore aujourd’hui. Glaçant. Gonzaga aura tout le mal du monde à se remettre sur ses jambes après l’intervention salvatrice de l’arbitre ce jour-là.

La suite vous la connaissez. Un Open-Weight Grand Prix au Rizin. 4 combats, les 3 derniers en 3 jours. Pour un résultat immaculé d’une soumission pour trois KO. Et pas contre l’opposition ridicule qu’on pouvait craindre puisqu’il torpillera King Mo, un ultra-solide combattant à la lutte redoutable ainsi qu’un des meilleurs purs lutteurs poids lourds en activité, alors en fraîche transition vers le MMA. Il partira finalement en 2019, contraint de quitter le sport suite à un AVC, lui qui surfait sur une série de 10 victoires consécutives. Filipovic quitte le sport en véritable légende

– Parce qu’il ne pouvait tout simplement pas partir autrement qu’en Héros.
– Parce que c’est un des mercenaires spécialistes du combat à main nue les plus effrayants de tous les temps et qu’il rit comme ça.

– Parce qu’un Crocop énervé comme lors de son premier combat contre Wanderlei Silva est un des trucs les plus flippants que l’univers ait jamais créés.
– Parce qu’il organise des combats de vieux dans son jardin (véridique, à déguster dans le documentaire « Cro Cop Story » sur Youtube, absolument génial).
–  Parce que la musique « Wild Boys » de Duran Duran utilisée pour toutes ses entrées est désormais synonyme de « billet seconde classe vers le crématoire ».
– Parce qu’il a dit qu’il filera tout son blé à son fils le jour où il arrivera à le soumettre et à le faire taper.
– Parce que Mirko Cro Cop.

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    PS.
    Bien sûr il y a l’entraînement, peu de gens qui ne connaissent pas le travail n’imaginent pas ce qu’il représente.
    Reste que le truc est magique, vraiment dur à comprendre, puisque quand on s’oppose à CroCop on sait qu’on va pas tendre la joue droite au contraire, on sait le gros risque de ce côté et on est tout sauf un débutant

    Et pourtant le left high kick… p.a.s.s.e ??? O.o

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