Portrait de Stephen Thompson AKA. Wonderboy, l’un des plus grands strikers du MMA et terreur chez les welterweights à l’UFC.

Bruce Lee, lors d’une interview tellement Yoda-esque qu’elle fait désormais la première partie d’à peu près 911% des vidéos « martial arts tribute » sur youtube, avançait avec un petit sourire de pimp que « lorsque tu mets de l’eau dans un bol, elle devient le bol. Tu la mets dans une bouteille, elle devient la bouteille. Tu la mets dans une tasse à thé, elle devient la tasse à thé. L’eau peut couler, ou s’écraser. Deviens « eau » mon ami. »

Bien évidemment, cette phrase est sous scellé, bien au chaud dans une armoire vitrée et intouchable pour l’éternité. Mais pour être honnête quand on croise la route d’un animal aussi fantastique que Stephen « Wonderboy » Thompson, on est obligé de revoir la copie pour passer un niveau supplémentaire. Comment décrire un mec tellement bouillant qu’il peut passer du kickboxing au MMA et devenir top 3 mondial dans les deux disciplines ? On va donc devoir passer à l’immatériel : Wonderboy, tu le mets dans une tasse à thé, non seulement tu peux pas le touiller comme de la vulgaire flotte, mais la tasse il te l’explose en 57 morceaux en lui collant un vent de force 12 à faire pâlir Eric Tabarly.

La malaisante flèche bleue sur le front et les cheveux chauves en moins, vous avez devant vos gros yeux ébahis le véritable Dernier Maitre de l’air. Un ultra-spécialiste comme il en apparaît une poignée par décennie.

Mesdames et Messieurs : libérez le Kraken.
Stephen « Wonderboy » Thompson – Le Dernier Maitre de l’Air

Acte I : 57-0 

Avant de sévir dans le monde du combat libre, notre homme aura d’abord fait un carnage dans le milieu du kickboxing. Et quand on parle de massacre, c’est dans le genre Horde Mongole décimant hommes, femmes, enfants et animaux domestiques lorsqu’ils rasaient un village. On parle d’un run de 57 combats sans la moindre défaite.

En amateur d’abord où il enfilera 37 victoires puis chez les professionnels où il cuisinera les 20 dernières à feu vif. Mais pour comprendre dans quelle forge on peut modeler une légende pareille, procédons à un rapide retour temporel pour nous retrouver chez les Thompson, quelques mois après que le petit Steph ait soufflé sa troisième bougie. C’est à cette époque que son père, Ray, l’inscrit dans un cours de karaté kempo. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les sparring partners et l’inspiration n’auront pas manqués dans la maisonnée.

« Quand on était enfants, la plupart des gens s’asseyaient à une table pour jouer à des jeux de société ou regarder la télé. Dans notre famille, on se rassemblait pour regarder des combats. On regardait de la boxe. On est un petit groupe très soudé. On a le combat dans le sang, c’est dans notre ADN. »

Et le futur ne le fera pas mentir puisque sur les 5 enfants de la fratrie, 4 deviendront combattants professionnels. Parmi eux, la sœur ainée, Lindsay, qui brutalisera le mini Wonderboy pendant plus de 10 ans. Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus faire le poids physiquement, c’est elle qui mettra des tannées à répétition, et pas seulement sur les tatamis. Parce que oui, Papa Ray avait une manière très « Amérindienne Old-School » de gérer les conflits : il laissait tout simplement ses enfants se mettre sur la gueule.

Quand une dispute éclatait entre Stephen et sa sœur, Ray poussait la table basse dans un coin du salon et leur édictait calmement les règles : « – Vous voulez vous battre ? Très bien, vous allez vous battre. Mais rappelez-vous, pas le droit de frapper poings fermés (pour éviter les coupures, ndlr.) »

Comme vous vous en doutez, Stephen s’en souvient encore…

« On se défonçait la tronche, excusez mon langage, jusqu’à pleurer et ne plus vouloir se frapper. Seules les familles d’artistes martiaux peuvent s’en tirer avec des trucs pareils. Aujourd’hui, mes parents iraient en prison. », avoue-t-il avec un sourire.

Mais un beau jour à l’entraînement, c’est Stephen qui prit le dessus. Ce fut un électrochoc pour lui vers la réalisation qu’il pouvait le faire, que c’était pour lui. Finalement, après toutes ces années d’humiliation physique, il « tuait la sœur ». C’était le réveil de la créature. Quelques mois plus tard, alors qu’il n’a même pas 16 ans son père lui fait disputer son premier combat pro de kickboxing, contre un adversaire invaincu de 26 ans. Ce sera une boucherie, et pour Stephen la seconde, massive, prise de conscience en ses capacités hors du commun.

Dans la vie de tous les jours, on ne roule pas sur l’or chez les Thompson, on est même plutôt du côté « voyant rouge clignotant ». Ray, un jour qu’il ne pouvait plus payer la facture d’électricité, fait croire à sa progéniture qu’il s’agit d’un nouveau jeu : « vivre à la bougie ».

C’est de toutes ces expériences que naîtra un mental d’acier inoxydable style « couteau de NAVY Seals ». Et ces dernières, additionnées d’une science du pied poing et d’un coach/père de calibre international, conduiront quelques années plus tard à la bête du Gévaudan que l’on peut admirer aujourd’hui.

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 Stephen « Wonderboy » Thompson – Le Dernier Maitre de l’Air« Quand on a du talon, on se doit d’en tirer profit »

Acte 2 : la pieuvre

Si Ray fut un coach extrêmement ouvert d’esprit ayant toujours poussé ses enfants à se lancer dans toutes les disciplines, c’est Georges St Pierre qui inspirera la transition du prodige Américain. Les 5 premiers combats se dérouleront comme sur des roulettes graissées à l’huile de phoque : deux KO et une soumission sur les circuits mineurs histoire de se mettre en jambe, et c’est déjà l’UFC au bout du fil. Le contrat signé, Wonderboy effectue ses premiers pas dans l’octogone et sans surprise : KO par headkick au premier round.

Pour son combat suivant, il sera matché contre un bon gros vétéran et véritable terreur de la cage en la personne de Matt « the Immortal » Brown. La visite de courtoisie tournera au cauchemar. Brown appliquera une pression suffocante, avançant constamment sur son adversaire et le mettant en difficulté dans tous les secteurs, et notamment dans les phases de clinch et de sol. C’est pendant cette déconvenue que Thompson prendra la pleine mesure des ajustements qu’il allait devoir mettre en place pour aller titiller les sommets. Il allait falloir totalement repenser et adapter son armada à son nouveau sport. Quoi de mieux alors que le meilleur Welterweight de tous les temps et le Champion Middleweight de l’UFC, tous deux de MONSTRUEUX lutteurs et Grands Maitres révérés des transitions. C’est donc en allant aider Georges St-Pierre et Chris Weidman pour leurs combats respectifs que Stephen va rapidement et sûrement se hisser au niveau des assassins lui barrant la route vers le titre.

La suite est aussi smooth et délicieuse qu’un milk-shake beurre-miel-nutella : 7 victoires d’affilée en suivant une progressive montée en puissance, détruisant l’opposition avec une aisance absolument désarmante. Johny Hendricks, Rory MacDonald, Jake Ellenberger seront autant de poids lourds de la catégorie balayés par le style unique de notre avatar.

Stephen Thompson, c’est tout d’abord une garde main basse, une posture très bas sur les appuis et constamment prêt à sauter sur sa proie ou s’évaporer en cas d’attaque. Et si les durs de durs critiqueront l’exposition du menton, c’est mal connaître la gestion des distances de Wonderboy et sa lecture du timing. Il est extrêmement dur à cadrer du fait de son mouvement constant et toujours varié, et il réagit très vite et surtout très bien. Ses contres sont rapides et précis comme un bot catégorie « commando » dans Call of Duty. Si sa boxe est étrange et peu académique à première vue, son efficacité est indéniable et lui aura permis de sonner quasiment tous ses adversaires.

Mais son véritable arsenal, la vraie division blindée de son armée régulière, ce sont ses coups de pieds.

Utilisés pour harceler ou pour clore la discussion, c’est la base de son vocabulaire martial. Et si vous voulez continuer à filer la métaphore, considérez que le mec a bouffé le dictionnaire.

Des tips aux circulaires en passant par les axe-kicks ou les retournés, Wonderboy sait absolument tout faire, et il est surtout capable de mixer tout ça parfaitement pour vous offrir de l’imprévisibilité à l’état brut. Vous ne savez ni ce qui va venir, ni comment, ni à quel moment. Ni ce que vous faites là avec lui.

Stephen « Wonderboy » Thompson – Le Dernier Maitre de l’AirDans un « Predator », c’est à ce moment-là que les oiseaux arrêtent de chanter et que l’équipe de paramilitaire se rend compte à quel point elle est dans la merde. On n’en est pas si loin…

C’est donc grâce à sa précision millimétrique et son timing d’escrimeur que Thompson fait la différence, mais tout cela ne servirait à rien sans une excellente défense de takedown. Ça, vous vous en doutez, avec des partenaires d’entraînement comme GSP et Weidman, ça vient vite. Et en effet, c’est venu vite. Sans aller jusqu’à dire qu’il fait désormais partie des meilleurs lutteurs, il est maintenant suffisamment armé pour leur résister efficacement.

Niveau grappling, il est entraîné par son beau-frère et accessoirement légende du Jiu-Jitsu Brésilien Carlos Machado. Alors si sa ceinture violette ne sera probablement d’aucun secours face à un Demian Maïa : le Démon-Boa constrictor, elle devrait être lui permettre de crafter son chemin vers le stand-up contre le commun des mortels.

Oui, le mec est tanké pour l’hiver.

Et quand on lui demande ce que représente le combat pour lui ? « Je fais ça depuis que j’ai 3 ans, c’est ce que je suis. C’est ma vie, et je veux être le meilleur. Je le fais pour l’honneur et la gloire. »

Vous la voyez la main de Russel Crowe caressant les blés là ? Vous l’avez senti le souffle épique à la Ben-Hur ?

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Tags MMA UFC UFC 209

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