Francis « The Predator » Ngannou. Si un surnom n’influence en rien la destinée d’un combattant, soyons quand même honnêtes maintenant qu’on est entre gens bien, certains sont quand même clairement plus propices à entrer dans les livres d’Histoire que d’autres. Les légendes absolues du sport ont pour surnom « Le Minotaure », « Le Dernier Empereur », « le Prodige » ou encore « le Naturel » (en revanche c’est marrant, mais celui-là ne claque pas, mais alors pas du tout autant dans la langue de Renaud.. Randy Couture, on t’admire, mais si tu lis ces lignes (et ça c’est pas un petit « si »), surtout fais une croix sur la nationalité Française. Randy + Couture + « le Naturel », ce serait rien de moins qu’une triple peine). Et a contrario, on a du mal à imaginer par exemple qu’un mec comme Jake « le Libraire » Lindsey ait jamais eu une chance d’atteindre les sommets. Certains diront « justice immanente », certains diront « hasard du business » et certains s’en foutront totalement et demanderont qu’on arrête nos conneries et qu’on se mette à l’article sans discuter…
Au temps pour nous. Let’s ROLL !
C’est en rêvant de devenir boxeur pro que Francis débarque en France en 2013, en provenance de Yaoundé, au Cameroun. Ayant été aiguillé vers l’Allemagne, où « il paraîtrait » que les chances de devenir boxeur de métier sont plus grandes, il s’imagine que Paris n’est qu’une courte étape en route vers ses rêves de gloire. Mais il se fait des amis dans la capitale et finit par rester plus longtemps que prévu. Il a alors 26 ans et quelques années de boxe derrière lui.
Spoiler Alert : Fernand Lopez Owonyebe
Conseillé par ses connaissances, il pousse bientôt les portes de la MMA Factory, implantée dans le 12e arrondissement et un des tout meilleurs camps Français dans la discipline. À l’instar de Greg Jackson courant comme un lapin de garenne dans sa gym après le premier entraînement avec Jon Jones, annonçant à qui voulait bien l’entendre : « c’est mon futur champion ! Je tiens mon futur champion !», Fernand Lopez Owonyebe, le cofondateur et Directeur Sportif de la MMA Factory, après une séance savait avec certitude que Francis signerait à l’UFC. Problème : notre pépite en devenir vit dans la rue et n’a sûrement pas les moyens de se payer, en plus du matériel, l’inscription annuelle à la salle. Qu’à cela ne tienne, Fernand Lopez, ayant vu de ses yeux vu la détermination HALLUCINANTE de Francis, associée à sa technique debout déjà extrêmement aiguisée et son gabarit hors du commun (1m95pour un peu moins de 120 kilos, et autant de gras qu’un évadé du goulag), décide alors de le prendre sous son aile et de lui fournir tout ce dont il eut besoin pour se consacrer à son nouvel art ; la peinture postmoderne, poing sur meule, 195×95.
La confiance placée en notre espoir Franco-Camerounais s’avère très vite payante. Fin 2013 il prend déjà part à son premier combat, qu’il gagne par clé de bras en moins de 2 minutes. En mai 2015, soit même pas 2 ans après ses débuts professionnels, il a déjà un palmarès de 5 victoires (que des finish) pour une défaite à la décision. Il n’en fallait pas plus pour que le bruit d’un « Luke Cage Français » ne parvienne aux oreilles des petits oiseaux recruteurs de l’UFC. C’est le grand saut.
L’histoire sera emballée, pesée et martyrisée en moins de 3 minutes de domination sans partage de notre Croiseur à la peau ébène, avec en point d’orgue un uppercut dont la violence inouïe fit avaler de travers dans leur tombe les guerriers mongols de Gengis Khan.
Des débuts fracassants qui rappellent invariablement (toutes proportions gardées, le niveau d’opposition n’ayant pas été la même dans les deux cas) l’entrée dans la catégorie il y a quelques lunes de ça d’un certain Junior « Cigano » Dos Santos par uppercut antéchristique sur Fabricio Werdum. La comparaison est flatteuse, mais encore plus intriguante quand on l’approfondit : un apprentissage tardif, une volonté et une confiance inébranlable, une vitesse aveuglante doublée d’une puissance phénoménale particulièrement en anglaise, une préférence évidente pour les échanges debout et un style s’attelant à maintenir le combat dans ce secteur… Si ce n’est que l’un perdait déjà ses cheveux à l’école primaire tandis que l’autre arbore une magnifique coiffure soulignant à merveille son surnom de Predator, on pourrait presque échanger l’un pour l’autre !
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Un coup franc qui va terminer sa course dans les petits filets
Lors de ses deux autres combats dans l’octogone Francis rencontra un premier vrai test en la personne de Curtis Blaydes, un prospect de la catégorie également, ayant fait ses armes en tant que lutteur au plus haut niveau Américain. Ce fut l’occasion de découvrir la lutte défensive et le sol de Francis, qui s’avérera être étonnement largement au point, défendant magistralement contre un lutteur pourtant biberonné au double-leg depuis sa plus tendre enfance. Debout, après des premières minutes de jeu égal le temps que Francis ne comprenne le timing de Curtis et ne cerne complètement son rythme, ce fut alors une lente, mais inévitable destruction. Curtis réussit plusieurs amenées au sol, mais le grappling deNgannou fut suffisant pour le sortir du pétrin. En lutte pure, le constat est pire qu’encourageant, puisque notre Prédateur arrêta nettement, avec de magnifiques placements de hanches, de pieds et une explosivité judicieusement utilisée, de nombreuses tentatives de l’Américain. Entre le second et le troisième round, les médecins, voyant que l’œil droit de Blaydes était en phase 3 de sa mutation en montgolfière, décidèrent d’arrêter les frais. Une de plus dans la hotte.
Face à Bojan Mihaljovic en revanche, on n’aura pas eu le temps d’apprendre grand-chose… Premier échange, knock-down de Francis, ground£, l’addition s’il-vous plaît, merci et à bientôt.
Même le grand gourou du MMA aux States, Joe Rogan, commence a être très sérieusement impressionné par le Lance-Roquettes de Yaoundé. Il mettait dans un de ses récents podcasts Francis dans la catégorie des combattants à suivre de très TRÈS près et commençait déjà à pousser pour une rencontre avec un autre énorme prospect de la catégorie, le MONSTRUEUX Derrick Lewis, qui s’est d’ailleurs empressé d’agréer verbalement à un potentiel combat.
Avec Joe Rogan en pleine battle de beatbox
À 29 ans maintenant, dans une catégorie ne respirant pas la jeunesse et la fraîcheur (une moyenne d’âge dans le top10 de 34,5 ans), Francis a là une opportunité en or d’écrire l’histoire dans les années à venir. Et au vu de sa courbe de progression et surtout (c’est malheureusement ce qui compte aujourd’hui pour un combattant) de sa popularité grandissante, on n’a pas fini d’entendre parler de lui.
Si la route est encore longue vers la légalisation du MMA Français, on peut néanmoins dire que son avenir n’a jamais été aussi radieux ! Entre Francis Ngannou et Tom Duquesnoy en passant par Mansour Barnaoui, comme le diraient les Sexion d’Assaut quand ils faisaient encore des sons inspirés et pas de la pompe à fric sans âme, saveur, ni utilité (coucou « sur ma route » de Black M et ses 4minutes de refrain insipide) : on est en train de grailler le pain sur la planche.
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