On attendait deux Zverev en forme à Londres, c’est raté. Mischa, fraîchement titré à Eastbourne, s’est fait tej’ au premier tour par Pierre-Hugues Herbert. Mais le plus ce gros dossier à traiter, n’est pas Mischa, mais bien Alexander qui continue de nous décevoir en Grand Chelem.

Qu’est ce qu’il s’est passé, encore ?

Avant de parler constat, revenons en arrière pour jeter un œil sur la préparation d’Alexander Zverev avant d’entamer ce Wimbledon. Meurtri après son Roland Garros à rallonge – 5 matchs, 3 matchs en 5 cinq sets d’affilée -, le grand blond avec des chaussures blanches – logique, on est à Wimbledon – traînait la papatte gauche. Même s’il est extrêmement bien préparé physiquement, Zverev n’avait pu éviter la surcharge physique imposée par son parcours sur terre battue. Conclusion, c’est avec la cuisse gauche amochée qu’Alexander Zverev attaque la saison sur gazon. Enfin « saison » est un bien grand mot puisqu’il ne prend part qu’à un seul tournoi « officiel », à Halle, pour une défaite dès le premier tour face à Borna Coric. Mise à part une exhibition à quelques jours de Wimbledon, où il se rend avec un strap massif sur la cuisse, le repos était visiblement la priorité pour Alexander Zverev.

Wimbledon pointe le bout de son nez, mais l’on ne parle pas d’Alexander Zverev, faisant de lui un vague outsider sur ce tournoi. Aucune pression donc pour l’allemand, qui compte naviguer tranquillement jusqu’en huitièmes, où il pourrait retrouver son pote Nick Kyrgios. Le premier tour se passe tranquillement, Duckworth ne peut résister à la puissance de l’allemand : 7/5 6/2 6/0. Mais les choses se compliquent très rapidement, dès le second tour même. Dans un duel 100% born in 1997 face à Taylor Fritz (#68), l’allemand frôle la correctionnelle. Alors mené 2 sets à 1, la pluie fait son apparition. Zverev a sûrement dû choper le contact de Rafa Nadal, le même qui a permis à l’espagnol de se sauver de quelques situations délicates. Demandez à Zverev à propos de la finale de Rome, il doit s’en souvenir…. Le lendemain, lors de la reprise, ce n’était plus le même match. 6/4 5/7 6/7 puis 6/1 6/2, Alexander Zverev sauve sa peau et se qualifie pour le troisième tour.

De l’autre coté du filet, Ernests Gulbis, ex-numéro 10 mondial en 2014 aujourd’hui 138ème mondial. Sur le papier, Zverev ne peut pas être inquiété. Mais le papier dit souvent des conneries. En réalité, personne ne veut affronter Ernests Gulbis, car le letton est toujours aussi puissant. S’il a autant chuté au classement, ce n’était pas à cause d’un niveau de jeu en baisse, mais plutôt d’une envie limitée d’aller gagner des matchs, comme ça a toujours été le cas pour Gulbis. Mais si le garçon a envie de jouer, attention les yeux. Et on l’a bien vu : Ernests Gulbis a battu Alexander Zverev dans un duel de puissants, de gros serveurs, de grosses brutes. Zverev est donc battu sans avoir démérité dès le troisième tour, et malheureusement, cela ressemble bien à une habitude.

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Alexander Zverev, ce multi-récidiviste

On ne se rend pas compte à quel point le mal est profond. Alexander Zverev est numéro 3 mondial dans une ère où règnent (ou « ont régnés ») les Federer, Nadal, Djokovic, Murray, Wawrinka, Del Potro, … . À seulement 21 ans, l’exploit est colossal, c’est un fait. Mais le statut de numéro 3 mondial n’est pas qu’un exploit, c’est aussi une promesse implicite qui affirme que ce joueur doit être là quand les choses sérieuses se jouent. Or, Alexander Zverev est loin d’être présent dans les tournois du Grand Chelem. Au contraire, il esquisse un petit « Coucou » de la main avant de se faire casser les miches par un joueur largement à sa portée.

En 13 participations, « Sascha » s’est qualifié à 7 reprises pour le troisième tour. Étant donné son âge, on comprend. Là où on ne comprend plus, c’est que Zverev ne s’en est sorti qu’à deux reprises sur ces 7 troisièmes tours (Wimbledon 2017 vs Ofner et Roland-Garros 2018 vs Dzumhur). On résume : 13 participations à un tournoi du Grand Chelem, 7 troisièmes tours, 2 huitièmes donc et 1 quart. Bien sûr, on peut nous dire « ouuuuuuuui, mais il n’a que 21 ans, alors… ». Certes, mais Alexander Zverev est installé dans le Top 30 depuis Juin 2016 et dans le Top 10 depuis Juillet 2017, son talent est reconnu depuis bien longtemps.

La cabeza, c’est toujours la cabeza…

En 33 matchs disputés en Grand Chelem, Alexander Zverev a connu à 12 reprises cet enfer physique et mental qu’est d’endurer un cinquième set. 12 sur 33, cela fait environ 36%, c’est énorme. À titre de comparaison, Ernests Gulbis à 29 ans et 40 tournois du Grand Chelem, n’en a connu que 16. Ce ne sont pas les mêmes joueurs, certes, mais cela vous donne une idée de l’exceptionnalité de la situation que connaît Alexander Zverev. Parmi ces adversaires qui l’ont poussé au cinquième set sur des ces deux dernières années, il n’y a pas non plus que des cadors : Robin Haase, Dusan Lajovic, Damir Dzumhur ou encore Mikhail Youzhny. Comment l’expliquer ? La cabeza. C’est toujours la cabeza. Alexander Zverev est un tennisman hors pair qui est parvenu à rentrer dans le Top 30 rien qu’avec sa technique. Aujourd’hui, il se bute à la salle tous les jours pour se forger un physique adapté à sa grande carcasse. Additionnez donc la technique + le physique, et vous obtenez normalement un joueur d’exception largement capable de franchir les huitièmes de chaque tournoi du Grand Chelem chaque année. Pourtant, pour Zverev, ça coince. Alors, tout se joue ailleurs, dans la tête. Tantôt trop tendu, tantôt trop relâché, Zverev ne parvient pas à maintenir un niveau de jeu constant sur une rencontrer en cinq sets. Il lâche des points, des jeux voire des sets et il devient de plus en plus difficile de rattraper ces erreurs avec la fatigue physique, évidemment présente après des heures de combat. Ajoutez à cela une certaine nonchalance, qui se transformerait en arrogance voire irrespect selon les dires de Juan Carlos Ferrero – l’ancien coach de l’allemand – et vous obtenez un savant mélange de joueur encore incapable de franchir le cap des quarts en Grand Chelem malgré ses qualités évidentes de tennisman.

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