Il y a des combats qui, comme ça, sont entrés dans la légende du MMA. C’est le cas de l’affrontement entre Gina Carano et Cris « Cyborg » Justino qui eut lieu il y a quasiment 8 ans jour pour jour. Une lutte épique qui a propulsé le MMA féminin sur le devant de la scène.

Anxiété. Stress. Peur, même. C’est ce que ressent Gina Carano ce 15 août 2009 alors qu’elle patiente dans le hall du HP Pavillon de San Diego en Californie. Et c’est compréhensible. L’Américaine s’apprête en effet à affronter la combattante la plus terrifiante qui soit, Cris Cyborg, devant 14 000 personnes. Un demi-million de personnes sont scotchées devant leur écran, trépignant d’impatience à l’idée d’assister au tout premier main event féminin de l’Histoire. « Je me suis sentie comme shootée à une drogue que je n’avais jamais prise avant », témoignera Carano après le combat. « Peut-être que j’aurais pu apprécier cette sensation… Si je ne m’étais pas trouvée devant des milliers de personnes. Si je ne m’apprêtais pas à combattre. Si Cyborg ne me fixait pas de l’autre bout de la cage. »

Et pourtant, Gina Carano pouvait compter sur le soutien inconditionnel des Américains. Fans, médias, opinion publique, tous s’étaient ralliés à la cause de la belle Texane. Jolie, raffinée, déterminée, intelligente, accessible, tenace dans la cage, elle avait en effet plus d’une corde à son arc pour devenir la nouvelle superstar du MMA féminin, qui à l’époque était encore loin d’avoir percé la sphère du mainstrean, rappelons-le. Une star en puissance donc, qui va vite devenir la coqueluche des fans de MMA outre-Atlantique.

En face, ce n’est pas la même limonade. Cris Cyborg dénote sur quasiment tous les points avec Carano. L’Américaine est douce, la Brésilienne est féroce. Carano mise sur la technique, Cyborg est un véritable bulldozer gonflé à bloc. L’une pourrait être mannequin, l’autre un peu moins. Car oui, rien ne sert de se voiler la face. Une bonne partie de la promotion autour du combat a été faite en dehors de considérations purement pugilistiques. Alors certes le style des deux combattantes est un oxymore, mais n’empêche qu’une bonne partie de l’intérêt pour ce combat a été générée après toute une publicité faite sur le thème de « La Belle et la Bête. » Carano la petite chérie raffinée de l’Amérique face à la brutale guerrière sortie tout droit de la jungle amazonienne. Cynique à souhait ? Certainement. Un peu cruel pour Cyborg ? Absolument. Générateur de billets verts ? Définitivement.

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Cyborg n’avait connu qu’une seule fois la défaite avant d’affronter Carano, et encore, dans son premier combat professionnel. Carano, elle, n’avait enchaîné que des victoires. Autant dire que l’affrontement pour le titre inaugural des Poids Paille féminin du Strikeforce avait de quoi ravir les puristes du MMA. Ce combat légitimait la place des femmes au sein du MMA. Enfin deux combattantes allaient faire partie du main event d’une organisation majeure. Enfin elles allaient pouvoir montrer leur technique, ténacité, et courage devant des centaines de milliers de personnes. Le MMA féminin allait enfin être propulsé dans la culture populaire et reconnu comme l’égal de MMA masculin.

Restait une question. Peut-être la plus importante. Cris Cyborg et Gina Carano allaient-elles livrer un combat digne de ce nom ? Un combat capable de les transformer en stars ? Un combat qui ravirait les fans de MMA ? Un combat qui entrerait dans la légende, hommes et femmes confondus ?

Je vous laisse juger par vous-même.

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