Si depuis des années les connexions entre culture hip-hop et NBA paraissent inévitables, si tous les rappeurs dignes de ce nom ont des potes basketteurs et vice versa, si les name dropping de stars de la balle orange dans les plus gros hits HH se multiplient avec les années comme les cheveux de LeBron James, si la bande-son de NBA 2K est l’une des meilleures compil’ rap de l’année et ce tous les ans, c’est loin d’avoir toujours été le cas.

« You could live through anything if Magic made it » – Kanye West sur Can’t tell me nothing
« I ball for real, y’all niggas is Sam Bowie and with the 3rd pick I made the Earth sick. MJ, him Jay, fadeaway, perfect » – Jay-Z sur Hola Hovito
« Kobe about to lose a hundred fifty M’s/Kobe my nigga I hate it had to be him/Bitch you wasn’t with me shootin’ in the gym » – Drake sur Stay Schemin

En effet, on ne retrouve les premières vraies traces d’influence rap dans la civilisation « basketballistique » qu’aux alentours de l’an 8 après MJ avec la Draft de Shaquille O’neal (1984 + 8 = 1992, c’est bon ?).

Shaq, le précurseur

Non content de massacrer toutes les raquettes de la ligue et de détruire le matériel dans toutes les salles où il passe (RIP le panier de New Jersey), ce joli bébé de 2 mètres 16 et 150 kgs maltraitera également du micro.

Premier album studio sorti en 93 puis 3 albums qui suivront, des featurings avec les plus gros noms de l’époque : Ice Cube, RZA, Method Man, Redman, KRS One, Biggie, Jay-Z, Mobb Deep, Nate Dogg … et voici notre mammouth qui construit (le comble pour ce démolisseur) un pont solide entre le HH et le basket, pour le meilleur … et pour le pire.

1995-2005 : les années folles

On est au milieu des années 90 et on y est : le rap et le basket sont copains et tout va s’emballer. En effet ça va partir dans absolument tous les sens jusqu’en octobre 2005 où David Stern, le big boss de la NBA sifflera la fin de la récré avec le dress code : en gros il interdit aux joueurs de venir aux matchs sappés comme s’ils allaient tourner dans un clip de DMX. Comment en est-on arrivé là ?

(Je passe volontairement outre la compilation B-Ball’s best kept secret qui comme son nom l’indique doit rester secrète À TOUT JAMAIS par respect pour Gary Payton, Jason Kidd et tous les grands qui y ont participé)

Premier élément de réponse 10 ans en arrière avec la légendaire Draft 1996 : Kobe Bryant, Steve Nash, Stephon Marbury, Ray Allen … mais surtout avec le premier pick, les 76ers sélectionnent un lutin génial, le premier rappeur 200 fois plus fort avec un ballon qu’avec un micro : Allen Iverson.

Si ce n’est pas pour sa brève carrière de rappeur qu’il marquera son époque (même si avec un album jamais sorti tant il était hardcore et qui fera perdre 10 ans d’espérance de vie à David Stern, il mérite les honneurs), il sera la première mégastar de la ligue à embrasser tous les codes (et clichés …) du hip-hop : les tresses, les tatouages, le bandeau, l’argot, l’arrogance, les kilos de bijoux, les baggys …

Il décomplexera totalement une génération de basketteurs et le style AI qui n’est rien d’autre que le style hip-hop de l’époque envahira la NBA pendant une décennie que ce soit sur les terrains ou en dehors.

En effet, pendant 10 ans on aura tout vu, liste très loin d’être exhaustive :

Master P, fondateur du label No Limit Records et considéré à l’époque comme le rappeur le plus blindé du game qui essayera de gagner sa place lors de deux présaisons successives chez les Hornets et les Raptors.

Des tentatives de rap horribles telles celles de Kobe Bryant, Steve Francis, Ron Artest …

Tim Thomas qui portera 2 bandeaux croisés sur la tête (et ça, c’est grave)

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L’influence grandissante de l’univers AND1 et du streetball lui-même inspiré des codes du rap, chez les basketteurs NBA.

Des joueurs qui viennent régulièrement en conférence de presse en durag, casquettes à l’envers, baggys, bling bling, peaux de pêche, sweat à capuche …

Le problème est que l’on se retrouve pile au moment où NBA traverse une période de transition au niveau commercial et marketing avec la troisième retraite de MJ et quand les meilleurs joueurs du monde ne sont pas forcément les modèles dont les mamans voudraient voir leurs enfants s’inspirer cela pose problème …

Quand en plus un soir d’hiver 2004 MONsieur World Peace (OK il s’appelait Ron Artest à l’époque, mais c’était trop tentant) décide de se prendre pour le Messie et va distribuer des pains dans la foule du Palace d’Auburn Hills accompagné de Stephen Jackson, un collègue à la carrière hip-hop bien triste d’ailleurs, les cols blancs de la ligue disent stop. Octobre 2005 donc, le dress code fait son apparition, la ligue cherche à repositionner son image, met en avant une génération de nouvelles stars moins têtes brûlées (James, Wade, Melo …) et fait de son mieux pour limiter cette influence de la street inhérente au rap.

Et maintenant ?

Le pe-ra est toujours omniprésent dans le monde du basket : Jay-Zet LeBron sont potes depuis 15 ans, ce même Jay-Z est désormais l’agent de Kevin Durant et a beaucoup œuvré pour les Brooklyn Nets. Drake représente les Raptors comme pas possible. Les Rick Ross, Lil Wayne, Fabolous ou Kanye West entre 2 name dropping de joueurs sont très souvent courtside à Miami ou LA.

La différence est que nous sommes dans une approche beaucoup plus professionnelle et mature qu’il y a 10 ans. Devenus de véritables businessmen, Mc’s et ballers entretiennent des relations plus saines qu’autrefois (tapez « Anthony Mason Biggie » sur Google …), conscients d’être devenus de véritables modèles pour la jeunesse, conscients d’avoir de l’or entre les mains, tous essayent de se tirer vers le haut afin de pouvoir dire un jour « We made it ».

Quant aux basketteurs qui s’essayent au rap, ils le font de manière beaucoup plus professionnelle que leurs illustres prédécesseurs, Iman Shumpert a sorti quelques trucs sympas et Damian Lillard est un bête de kickeur !

Et la France ?

Si la première chose qui vient en tête lorsque l’on entend les mots « NBA, rap, France » c’est ce quadruple champion NBA et futur Hall of Famer qui nous demandait de nous balancer il y a environ une décennie … ce n’est pas bon signe !

En effet, si les basketteurs écoutent du rap français, si Oxmo Puccino n’est ni plus ni moins que le frère de Mamoutou Diarra, ancien international et All Star Pro A et que de Booba à Dany Dan en passant par Ol Kainry on retrouve énormément de name dropping de basketteurs chez nos rappeurs nationaux, on est malheureusement encore très loin du pont construit de l’autre côté de l’Atlantique, les rappeurs préférant s’acoquiner avec des footeux, question de buzz …

Cependant, il faut souligner que le plus grand tournoi de streetball du monde n’est autre que le Quai 54, tournoi sponsorisé par Jordan Brand et au cours duquel on retrouve la crème du rap français dans les tribunes ainsi que des artistes américains en concert à la fin du tournoi !

Pour conclure, quoi de plus logique que cette connexion rap – b-ball ? Leurs acteurs ont souvent des backgrounds similaires, les basketteurs ont sûrement rêvé d’être rappeurs, les rappeurs rêvés d’être basketteurs, ils sont amenés à évoluer dans les mêmes environnements et devenus de véritables hommes d’affaires, sont conscients de la puissance commerciale de ces échanges.

La suite ? L’avenir nous le dira, mais ne soyez pas étonnés si d’ici une quinzaine d’années vous voyez un article sur La Sueur parlant d’un duo rappeur-baller (au hasard, Jay-z & LeBron …) devenu propriétaire à 100% d’une franchise NBA. Par Nassim

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Tags Hip-Hop NBA

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