Pourquoi Vasyl Lomachenko est parti à la retraite après une victoire ?
En bref
- Vasyl Lomachenko est pari à la retraite cette année à 37 ans.
- Pourtant, il venait de s'imposer par TKO face à George Kambosos Jr.
- Sa défaite face à Devin Haney un an plus tôt l'a t-elle totalement démoralisé ? Quid du duel face à Gervonta Davis ?
BOXE – Vasyl Lomachenko a annoncé sa retraite cette année. Pourquoi le génie ukrainien a raccroché les gants après une victoire ?
Vasyl Lomachenko a surpris le monde de la boxe en annonçant sa retraite le 5 juin 2025. Pas un départ en trombe après une série de défaites ou une blessure dramatique, mais une décision réfléchie. À 37 ans, le triple champion du monde a choisi de raccrocher les gants « au sommet » après sa victoire contre George Kambosos Jr., mais les raisons vont bien au-delà du simple résultat sportif.
Le point de bascule de Lomachenko
Le 12 mai 2024, Lomachenko est remonté sur le ring de la RAC Arena à Perth et a signé une victoire par TKO au 11e round face à George Kambosos Jr., s’emparant de la ceinture IBF des poids légers. Sur le papier, c’est le finish rêvé d’un grand champion. Pourtant, derrière cette victoire se cache un événement antérieur qui a miné sa flamme : la défaite aux points contre Devin Haney, le 20 mai 2023.
Cette défaite n’a pas seulement été une anomalie au palmarès – elle a été le déclencheur d’une crise de motivation. Selon plusieurs sources, Lomachenko n’a jamais entièrement retrouvé l’appétit et l’obsession qui l’avaient poussé à construire un palmarès hors normes. Même le combat attendu contre Gervonta Davis, potentiellement planifié pour novembre 2024, n’a pas suffi à le convaincre de continuer.
Palmarès et chiffres clés de la carrière de Lomachenko
- Palmarès amateur : 396 victoires, 1 défaite ; champion olympique à Pékin 2008 et Londres 2012.
- Palmarès pro : 18 victoires, 3 défaites ; titres mondiaux en poids plumes (WBO), super-plumes (WBO) et légers (IBF).
- Âge : 37 ans au moment de la retraite.
Les vraies raisons d’une décision complexe
Dans son message vidéo, Lomachenko a parlé d’une « quête spirituelle et intérieure ». Ce choix de mots en dit long. Sa retraite n’est pas une fin dictée par une blessure irréversible, ni une capitulation embarrassante : c’est un arrêt volontaire, posé, presque philosophique.
1. l’impact psychologique de la défaite contre haney
La défaite contre Devin Haney a été plus qu’un revers tactique. Pour un athlète dont le moteur est la domination technique et la maîtrise du ring, perdre face à un rival qui incarnait la nouvelle génération a créé un choc identitaire. Malgré le succès contre Kambosos, la flamme intérieure qui animait Lomachenko – la soif d’être le meilleur, de se mesurer aux plus grands – a été abîmée.
2. l’opportunité manquée avec Gervonta Davis
Un combat contre Gervonta Davis aurait pu redonner du sens et de l’excitation. Pour beaucoup de fans, ce duel aurait été le rendez-vous ultime entre deux styles et deux stars. Mais l’affrontement n’a pas eu lieu. Parfois, l’absence d’un dernier grand défi suffit à pousser un champion à tourner la page.
3. l’âge et l’usure
On parle rarement assez de l’addition des rounds, des cycles d’entraînement, des sacrifices corporels. Après plus de 400 combats amateurs et une décennie pro, le corps finit par peser plus lourd que la passion. À 37 ans, Lomachenko a choisi d’écouter ce corps et de ne pas diluer son héritage en essayant de prolonger sa carrière.
4. quête de sens et direction spirituelle
Les mots de Lomachenko dans sa vidéo font comprendre qu’il cherche autre chose que des ceintures : « la vraie victoire, et pas seulement sur le ring ». Influencé par son père et entraîneur, Anatoly Lomachenko, artisan de son style révolutionnaire, Vasyl semble vouloir investir sa vie différemment, hors des projecteurs, sans renier son passé exceptionnel.
Partir au bon moment, l’héritage d’un technicien ?
Quitter le sport après une victoire a toujours une saveur particulière. Lomachenko ne s’en va pas sur une série de défaites humiliantes ; il se retire après avoir prouvé qu’il pouvait encore battre l’élite. C’est une décision qui préserve son aura et redéfinit le modèle d’une retraite contrôlée, loin des échecs prolongés.
Sur le plan du style, la boxe perd un de ses plus fins techniciens. Lomachenko était l’un des rares à combiner jeu de jambes surnaturel, angles imprévisibles et capacité à dicter le tempo. Son départ laisse un vide stylistique : moins de combats où la technique pure prime sur l’athlétisme brut.
Quelles conséquences pour la catégorie des poids légers ?
La perte d’une personnalité aussi marquante ouvre des portes pour la relève. Les prétendants s’affrontent désormais sans l’ombre d’un maestro capable de remodeler un combat en quelques rounds. Cela promet des rivalités nouvelles, mais aussi moins de leçons de boxe à haute intensité pour les fanatiques du bel ouvrage pugilistique.
Un adieu digne et réfléchi
Vasyl Lomachenko part avec son héritage intact : deux médailles d’or olympiques, des titres mondiaux dans trois catégories, et une réputation de révolutionnaire du ring. Sa retraite révèle une route intérieure que peu d’athlètes osent emprunter. Plutôt que de lutter contre le temps ou la motivation, il a choisi la dignité et le contrôle.
Pour les fans, c’est une perte. Pour Lomachenko, c’est peut-être la vraie victoire. Et pour la boxe, reste l’image d’un artiste qui a su partir selon ses propres termes, laissant derrière lui des images de génie et l’exemple d’une retraite réfléchie plutôt que forcée.
Merci pour tout « Hi-Tech » !