Safae Taouih est allé à la rencontre de Youssef Boughanem pour l’interviewer à sa salle d’entraînement où il s’entraînait avec Jean-Charles Skarbowsky, légende du muay-thaï. Dès l’introduction de la vidéo Brut, le Bruxellois s’est livré sans langue de bois : « J’ai honte d’être boxeur. Car je tape sur des mecs que je ne connais pas pour divertir les gens. Je n’aime pas ça. » Le kickboxeur belge a commencé l’interview en retraçant son histoire avec le sport : « La boxe arrive par une petite porte, qui, au final, va être la plus grosse de ma vie. Elle est arrivée à mes douze ans. C’est un âge où tu te poses des questions. La boxe m’a sauvé. Sa discipline, son éducation, m’ont sauvé. Sans ça, que serais-je devenu ? Je ne sais pas. » Quant aux combats de rue qu’il a disputés, Youssef Boughanem semble regretter : « Je n’aimais pas ça. » Lorsque Safae Taouih lui a demandé les raisons qui l’ont poussé à de tels actes, le Bruxellois est resté sans réponse : « Je ne sais pas. Lorsque l’on est perdu, on fait des choses que l’on ne comprend pas. »
Dans l’interview accordée à Brut, Youssef Boughanem raconte que c’est un éducateur qui l’a incité à s’inscrire dans une salle de boxe : « Oui, c’est bien cela. J’ai poussé la porte d’une école de boxe. Et j’ai trouvé cela révolutionnaire de pouvoir taper sur quelqu’un sans être puni. J’ai senti directement qu’il y avait quelque chose à construire. Cette chose à construire, c’était moi. » Le kickboxeur belge s’est également livré sur sa jeunesse, une période particulièrement difficile de sa vie. L’athlète a raconté avoir perdu ses parents très tôt : « Ma mère ne voyait pas bien. Elle avait des problèmes de vue, ce qui fait que je complétais tous ses papiers quand j’étais petit. Donc, elle était très sévère et centrée sur moi, sur la façon dont elle m’éduquait, moi, mon frère et ma sœur. Pour moi, c’était normal de m’occuper d’eux. » Son frère n’est autre que Yassine Boughanem, avec qui il s’est envolé en Thaïlande alors que ce dernier n’était âgé que de quatorze ans.
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C’est à l’âge de dix-huit ans que Youssef Boughanem est parti en Thaïlande après avoir remporté un tournoi à 2500 euros. Les débuts ont été particulièrement compliqués pour le Belge : « Je suis passé par un cheminement de souffrance, sans parler. Une sorte de soumission à ce qu’il se passe. Je me suis retrouvé aussi avec de mauvaises personnes, qui m’ont appris le mérite dans la souffrance, le mérité du gain. » Yassine Boughanem, son petit frère, affirme avoir été contraint d’affronter Youssef en sparring : « C’était un mec avec qui on a travaillé qui nous a obligé. » En cas de refus, les risques étaient importants : « Le problème, c’est que l’on a des intérêts avec ses mecs. On ne peut pas rompre le lien comme ça. Et même si on le fait. Ils peuvent décider de te poursuivre. » Dans l’entrevue, Youssef Boughanem ajoute : « Ils nous ont menacés. Mais on ne joue pas à la boxe. Si ça ne tenait qu’à nous, je n’aurais jamais touché mon frère. Parce que je l’aime. »
Youssef Boughanem raconte également prié pour lui avant chacun de ses combats, mais également pour son adversaire. Le Belge livre une anecdote qui pourrait refroidir n’importe quel pratiquant de sport de combat : « J’ai vu un mec. Il a mis un coup de pied dans la jambe de quelqu’un. Il a mis son genou. Il s’est cassé le tibia. J’ai déjà vu des familles pleurer, tristes. Mais j’ai vite compris que c’était moi ou lui. J’ai culpabilisé sur le moment durant plusieurs jours. Lorsque j’avais la prochaine date, j’ai repensé à lui. » Après 219 combats professionnels de kickboxing, dont 188 victoires, Youssef Boughanem se consacre désormais à sa carrière de combattant de MMA. Le 27 janvier dernier, le Belge a éteint Dmytro Glevka à Longeville-lès-Metz pour ses débuts officiel. Le Bruxellois a ensuite battu Saad Touijar par TKO au Brave CF le 25 mai dernier à Alkmaar, aux Pays-Bas.
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