Plus fidèle à son club qu’à ses femmes selon ses propres mots, Totti foule les pelouses les plus célèbres d’Europe depuis plus de 24 ans. Rare survivant de la race des joueurs qui ne changent pas d’allégeance, il est le porte-drapeau et même l’emblème de l’AS Rome depuis ses débuts. Malgré des offres venues du Real de Madrid, de Chelsea et autres mastodontes du football moderne, Il Gladiatore (« Le Gladiateur », son surnom lors de ses débuts) reste fidèle jusqu’à forcer le respect de tous les fans de football, y compris dans les camps adverses.
Lors de la rencontre Milan-Roma, les tifosis de la Tribune Sud de San Siro ont sorti une banderole pour lui rendre un hommage. Un fan de la Lazio Rome, club rival, a même écrit une lettre d’adieu à son « meilleur ennemi » : « […] Et voilà 19 ans que ça dure. Que je te vois dégainer des t-shirts quand tu marques lors des derbys […], que je te vois prendre des selfies sous la Curva Sud, que je te vois marquer des pénos, et surtout ne jamais en rater contre nous. 19 ans que je te hais et que je te respecte. Car on ne peut haïr quelqu’un sans le respecter, sans avoir de l’estime pour lui. Sinon, cela s’appelle l’indifférence. Or, l’adversité est ce qui fait le football. Un derby n’aurait pas été un derby sans toi. Tu les rendais insupportables quand tu les gagnais, et terriblement jouissifs quand tu les perdais. […] et voilà que toi, dernier vestige de cette époque, tu t’en vas aussi. Messieurs, trinquons. À Francesco Totti. Mon meilleur ennemi. Tu vas me manquer, salopard. ». Un hommage donc, rempli de rancœur et de respect, pour un fan de la Lazio qui compare l’icône de l’AS Roma à Remus et Romulus, les légendaires fondateurs de la ville de Rome.
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Mais Il Imperatore (« L’Empereur » comme on le surnommera plus tard) a aussi fait le bonheur des supporters de la sélection italienne. Comme Lahm et Alonso, qui prennent aussi leur retraite en fin de saison, il est champion du monde, triomphant lors du mondial 2006 en Allemagne et auteur notamment du penalty qui qualifie la Squadra en quart de finale, après un match irrespirable contre l’Australie. En revanche, son palmarès en club n’est pas aussi rempli que ceux de ses homologues allemand et espagnol, n’ayant gagné qu’un titre de champion d’Italie dans une Serie A ultra dominée par la Juventus et les deux Milan. Il ne remporte en tout que 5 trophées avec la Roma mais fini 8 fois vice-champion d’Italie depuis 2002 quand Xabi Alonso compte 2 Ligue des Champions, 4 championnats et 9 coupes dans 3 pays différents et Lahm 1 Ligue des Champions, 1 Coupe du monde des Clubs, 8 championnats et 10 coupes en Allemagne. Si certains disent qu’il est surcoté et n’a jamais fait ses preuves dans les plus hautes sphères, qu’il n’a jamais remporté de trophée majeur, Totti c’est la légende d’un club, la légende d’une ville qui a su devenir la légende de tout un pays.
Francesco Totti c’est 783 matchs sous la tunique rouge de La Louve, 307 buts et 197 passes décisives en club, c’est 58 sélections, 9 réalisations et 24 services sous l’uniforme azur de la Squadra. C’est l’histoire de l’un des attaquants les plus convoités de la Planète Football qui refuse l’appel de la gloire et de l’argent par amour du jeu et de son maillot, d’un gamin qui fait ses débuts en pro à 16 ans et s’apprête à raccrocher les crampons à 40 ans. Quel supporter de la Roma ne se rappelle pas de son but lors de la victoire contre Parme en 2001, qui offre enfin le titre de champion tant attendu ? Ou bien de sa saison 2006-2007 qui lui vaut un soulier d’or, juste après sa retraite internationale ? Ou encore du but de la victoire en 2013 contre la Juve, alors qu’il a 36 ans ?
Forcément, quand Monchi, le directeur sportif de l’AS Roma, annonce lors d’une conférence de presse que le joueur mettra un terme à sa carrière après la rencontre contre le Genoa (le 27 mai prochain), impossible de ne pas rendre hommage au Gladiateur qui a réussi à devenir l’Empereur de Rome. Par Tim.
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