Le 4 septembre prochain, dans la ville de Rotterdam (Pays Bas), se tiendra le GLORY 78. L’attraction principale de cet évènement particulièrement chargé sera une rencontre entre le légendaire marocain Badr Hari et le jeune polonais Arkadiusz Wrzosek. N’ayant pas connu la victoire depuis près de 3 ans (5 ans si on est procédurier), Badr Hari visera une rédemption face au prospect Wrzosek afin de pouvoir amorcer un nouveau run vers le titre des lourds.
Une telle perspective serait des plus alléchantes, la compétition au sein des lourds demeurant assez restreinte et l’attraction médiatique entourant Badr garantissant une grande visibilité à l’organisation. En outre, l’arrivée récente d’Alistair Overeem au sein de l’organisation permettrait de faire revivre l’une des plus mythiques rivalités du sport, pour le plus grand plaisir des fans et des nostalgiques du K-1. Toutes ces perspectives favorables sont néanmoins tributaires d’une seule condition : le succès de Badr Hari dans le ring. Dès lors, pour le spectateur appréciant le Glory, et en général le kickboxing, le retour du marocain est à la fois source d’excitation et de crainte.
Pour tout fan de kickboxing, à plus forte raison de kickboxing poids lourd, il est impossible d’être indifférent à un retour de Badr Hari. Pour le dire plus simplement, le marocain est probablement le kickboxer le plus doué de sa génération et le plus spectaculaire à suivre. Avec un bilan à faire pâlir d’envie n’importe quel pugiliste (106-15-1, dont 96 victoires par KO) et un style particulièrement télégénique, Badr Hari est une des figures les plus fascinantes de ce sport.
Doté d’un punch légendaire, d’une vélocité surprenante et d’une férocité proverbiale, le Golden Boy a traumatisé pléthore de kickboxers, accrochant les scalps des meilleurs athlètes de cette discipline au cours d’une carrière prolifique s’étendant sur près de 20 ans. Durant cette période, le style et la physicalité du marocain ont considérablement évolué, s’adaptant au gré des défaites et autres déconvenues rencontrées dans le ring.
En ce sens, le tout jeune Badr Hari était un spécialiste du Muay Thai doté d’un physique longiligne et fin, misant avant tout sur son jeu en kick et sur le combat à distance. Cette forme initiale du Golden boy, correspondant à sa période au sein du Chakuriki Gym, lui permit de vaincre des sportifs réputés (Gokhan Saki, Antoni Hardonk, Gary Turner) et de se faire connaître suffisamment pour obtenir une invitation au sein du K-1.
Passé deux défaites assez traumatisantes (l’une par sa violence et l’autre par son caractère injuste) face à Peter Graham et Ruslan Karaev, Badr Hari évoluera vers un style de dutch kick boxing mettant plus en avant le travail de combinaison pieds- poings et faisant la part belle à ses contres du bras arrière. La transition au Mike’s Gym lui permettra en outre de développer un physique plus imposant, adapté à ce nouveau style et aux rencontres poids lourd de haut niveau.
Entre décembre 2006 et décembre 2008, le prodige remporta 12 victoires sur 14 combats (dont 10 finishs), ne s’inclinant les deux fois qu’en final de K-1 GP face à Rémy Bonjasky (par décision et par disqualification). Au cours de cette période, Badr obtint certains de ses plus beaux succès (Ruslan Karaev, Peter Aerts, Errol Zimmerman).
Une nouvelle défaite tonitruante amorcera l’évolution définitive de Badr Hari. Lors de sa première rencontre face à Alistair Overeem, le marocain s’inclinera à la surprise générale par KO au 1er round. À la suite de cet upset, il portera encore plus l’accent sur sa préparation physique et sur l’emploi agressif de son Anglaise. Le jeu en kick deviendra plus ponctuel, les changements de garde anecdotiques et l’emploi des combinaisons corps-tête en Anglaise assumera une place prépondérante.
Après une revanche gagnée contre Overeem, une nouvelle finale disputée au K-1 GP (perdue cette fois-ci contre Semmy Schilt, qui obtiendra ainsi sa revanche sur le golden boy) et près d’une dizaine de victoires, Badr sera tenté par une transition vers l’Anglaise et accentuera encore plus son style vers ce sport (cf. sa seconde victoire face à Gokhan Saki, supposée être son dernier match de kickboxing)
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Pour des raisons encore inconnues, la transition tant attendue n’aura finalement pas lieu et Badr Hari enchaînera les combats de moindres importances dans des organisations plus confidentielles (Legend Fighting Show, GFC Fight Serie, Akhmat Fight Show). Visiblement moins motivé, le légendaire kickboxer éprouvera alors certaines difficultés face à des adversaires d’un calibre pourtant nettement moins élevé que le sien (Zabit Samedov, Ismael Londt, pour ne citer qu’eux).
Ce n’est qu’à partir de 2016 que Badr Hari renouera avec le plus haut de la compétition, rencontrant deux fois Ricco Verhoeven (deux défaites pour blessure), une fois Hesdy Gerges (originalement une victoire à la décision, changée en No Contest suite à un test positif des deux athlètes) et une fois Benjamin Adegbuyi (défaite par TKO). Bien que son bilan soit négatif au cours de ce run, le Golden Boy aura assuré le spectacle, fait parler son punch (mettant deux fois knock down le champion du Glory lors du match retour) et surtout attiré une attention médiatique colossale à chacune de ses apparitions.
S’il est évident aujourd’hui que le prodige marocain n’est plus dans son prime il est néanmoins indéniable qu’il demeure l’un des acteurs majeurs de cette catégorie et un atout précieux pour le Glory. Par ailleurs, poursuivant son évolution sportive, il apporte à chaque combat son lot de nouvelles techniques et tactiques. Actant de la fragilisation récente de son corps (3 blessures en 4 combats), il aura sans doute développé une nouvelle approche dans son conditionnement ou dans sa tactique en amont de sa rencontre avec le Polonais.
Pour toutes ces raisons, à la fois sportives et médiatiques, la perspective du retour du Golden Boy est particulièrement excitante.
En réalité, les motifs de craintes sont de deux natures :
La première est strictement sportive. En tant que fan du Golden Boy il a été particulièrement stressant et frustrant d’assister aux dernières sorties du marocain, ce dernier étant systématiquement miné par des blessures ou par des pertes de vitesse en cours de rencontre. Il semble que le physique, pourtant impeccable sur le papier, de Badr Hari le trahisse à chaque fois que la confrontation entre dans la longueur. Étant donné les importantes évolutions de ce dernier au cours d’une carrière s’étendant sur près de 20 ans, il n’y a rien de surprenant à ce qu’une certaine usure voit le jour. Néanmoins, ce fait est facteur de frustration, Badr Hari ayant dernièrement la fâcheuse tendance à très bien entamer les combats pour les finir de manière catastrophique.
La deuxième est plutôt médiatique. Malgré tous les efforts du Glory, aucun des poids lourds de l’organisation n’a suscité un engouement équivalent à celui de Badr Hari. En cas de défaite face au prospect polonais, Badr Hari serait davantage poussé vers la retraite. Dans un tel contexte, il serait par ailleurs hautement douteux que le Polonais, au demeurant sage et taciturne, acquière une partie de l’aura de Badr. Une défaite de la légende marocaine aurait donc des conséquences dramatiques pour le Glory.
Défaite ou victoire Badr Hari suscite l’attention des masses et la curiosité des aficionados de kickboxing. En outre, l’évolution physique et stylistique du puncher aura été proprement fascinante, assurant au kickboxer plusieurs rebonds dans sa carrière, et ce malgré des défaites extrêmement violentes. Il résulte de ce qui précède qu’à l’annonce d’un combat du Golden Boy, le fan de sport est confronté à deux interrogations : quelles nouvelle forme et nouvelles tactiques Badr Hari adoptera ? En cas de défaite, qu’adviendra-t-il du Glory et, en général, du kickboxing ?
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