Mais figurez-vous que l’homme le plus terrifiant aujourd’hui dans le monde du combat à mains nues, la bête qui concasse aujourd’hui des heavyweights (moins de 120kg) et des light-heavyweights (moins de 93kg), le monstre qui dans les salons fait passer les bodybuilders pour des saloperies de minimoys a fait la moitié de sa carrière… dans la catégorie 20 kilos en dessous.
Oui, ce camion de chantier américain a passé les cinq premières années en tant que professionnel chez les welterweight, sous la barre des 77 kilos.
C’est dans la misère la plus déplorable que Rumble desséchait son enveloppe corporelle pour perdre le poids nécessaire. Se déshydratant jusqu’au refus du corps et du mental, il se présentait sur la balance avec des joues tellement creusées qu’objectivement y planter un drapeau et jouer au golf semblait presque une meilleure option pour faire du biff. Ce fut d’ailleurs un tel fardeau qu’il ratera la pesée par quatre fois au cours de sa première moitié de carrière, la tentative de montée en middleweight (moins de 84kg) ne changeant rien au problème d’inadaptation. C’était comme essayer de faire rentrer un TGV dans un emballage Snickers.
Eeet c’est une nouvelle victoire pour l’emballage Snickers…
Malgré cela, il réussira à mettre bout à bout un bilan plus qu’acceptable, accumulant les KO et battant même des noms comme l’ancien prétendant au titre Dan Hardy. Mais lorsque matché contre des adversaires très haut classés et expérimentés comme Josh Koscheck ou Vitor Belfort, il se faisait soumettre. Ses adversaires ayant compris que s’ils réussissaient à faire passer l’orage, petit à petit le combat tournait à leur avantage. Et à raison : en plus d’avoir en face deux combattants extrêmement techniques et rôdés, difficile de gérer physiquement quand ton corps est encore en récupération de la déshydratation aggravée de la veille.
C’est d’ailleurs après sa défaite contre Belfort qu’il sera licencié par l’UFC, pas pour avoir perdu, mais pour avoir manqué le poids une troisième fois le jour d’avant. La « quatrième » ne tardera pas, il ratera sa pesée de 5 kilos dès le premier combat hors de l’UFC. C’est le déclic.
Johnson décide alors que pour atteindre son plein potentiel en tant que combattant, il est temps d’arrêter les conneries et de combattre au plus proche de son poids naturel, aux alentours de 110 kilos (oui oui). Il est grand, il a une bonne allonge, il ne sera pas désavantagé dans les catégories supérieures. Il monte alors en Light-Heavyweight. C’est le début du fléau divin, le réveil du Mont St Helen, la Johnsoncalypse.
Qui pour lui dire que toutes ses tentatives de tatouages ne servent à rien ?
L’ange de la mort est né à Dublin. En Georgie. Aux États-Unis (ce n’est même pas une blague, les mecs ont pondu des contrefaçons géographiques aberrantes dans le calme le plus total), où il fut recueilli et élevé par ses grands-parents à l’âge de deux ans. Il confessera d’ailleurs plus tard que ses héros étant jeunes étaient le joueur de football américain Walter Playton et son grand-père. Il se met rapidement à la lutte et devient champion national au collège (Junior High-School). Peu à peu ses attributs physiques se révèlent tellement hors norme que pour gagner de l’argent il devient videur sans même avoir vingt ans.
Conseillé par un ami en raison de son background de lutte, c’est à cet âge que Rumble découvre le MMA. Deux ans plus tard, à 22 ans, il dispute son premier combat professionnel. Il éclatera son adversaire du jour en une minute et neuf secondes et signait à l’UFC moins d’un an plus tard. C’est pas exactement ce qu’on appelle niaiser.
Entré dans son ère Light-Heavyweight, Anthnony se reconstruit dans de petites organisations, le « Titan FC » et le « X-trem », ou il cartonnera ses adversaires par KO les uns après les autres. Il reçoit alors un coup de fil du WSOF, l’organisation montante de Ray Sefo. Il signe, poursuivant d’un pas de plus en plus sûr sa marche funèbre en mettant KO tout ceux que l’organisation avait à lui proposer. Le seul qu’il ne mettra pas KO fût Andrei Arlovski lors d’un combat en Heavyweight. Mais, inquiet que le Biélorusse parte avec l’impression qu’il est venu pour rien, il lui cassera quand même la mâchoire et le mettra KO debout à la fin du second round. Ce n’est pas le genre de la maison de laisser l’invité repartir le crâne lisse et les mains vides, question d’éducation.
Après deux ans et six combats passés dans la zone fantôme, sonne alors chez Rumble le téléphone de la rédemption : c’est l’UFC, qui donne au X-wing la permission de revenir au vaisseau mère. Et une chose est sûre, il n’est pas venu pour de la figuration.
SUR LE MÊME SUJET :
Le run pour le titre commence par Phil Davis, surpuissant lutteur et alors archi favori. Sur les 3 rounds que durera la rencontre, Johnson va maltraiter « Mr Wonderful » comme jamais personne auparavant. Nullifiant avec autorité toutes les tentatives de mises au sol, Rumble marche en avant avec confiance, porté par une expertise en striking développée et raffinée son coach chez les feu-Blackzilians, le légendaire Henri Hooft.
Si le combat va jusqu’à la décision, il aura au moins permis de voir l’étendue des progrès réalisés par notre homme. Il ne se précipite pas, il feinte, esquive, pare. Mais il est également précis et il varie les niveaux, les angles et les membres pour lancer ses attaques, choisissant celles-ci avec méthode. Sa lutte, servie par un des attributs athlétiques presque irrationnels, est « on point ». Il ne sera pas inquiété une seule seconde. Dans aucun domaine.
Phil Davis, totalement dépassé et traumatisé par le surplus de puissance, vient de passer quinze minutes en mode « survie », mais il en est ressorti. Ce ne sera pas le cas des deux suivants, qui ne dépasseront pas les 2 minutes 30 avant d’être pilonnés jusqu’à l’inconscience. Antonio Rogerio Nogueira, ancien boxeur professionnel subira un des barrages les plus violents de ces dix dernières années à l’UFC, terminant le combat avec un trauma crânien et une arcade sourcilière dévastée. Quant à Alexander Gustafsson, alors #2 mondial, il est balayé tout aussi violemment chez lui à Stockholm, devant 30.000 fans.
Pour les adversaires victimes de ce genre de bombardement, les conséquences physiques et psychologiques sont absolument désastreuses. S’il est pour l’instant impossible d’associer des chiffres avec ce genre d’événement, on parle probablement pour les combattants d’années de vie en bonne santé en moins, quand ce ne sont pas des effets directs à moyen terme comme par exemple une dépravation des sens.
Oui, Anthony « Rumble » Johnson possède ce genre de pouvoir de destruction sur d’autres assassins à mains nues surentraînés. C’est tout simplement effrayant.
Après ce run, alors qu’il est censé combattre le Roi incontesté de la catégorie, Jon Jones, celui-ci décide de la jouer Fast & Furious avec sa voiture de luxe. Les skills en moins. Il provoque un accident et se barre comme un voleur, c’est le début pour lui des très, très longs ennuis judiciaires qu’on lui connaît. L’UFC destitue Jones de sa ceinture. À la place du Seigneur en ces terres, l’organisation américaine le matche alors pour le titre contre Daniel Cormier.
Le combat démarre bien et Rumble allume DC comme tous les autres avant lui, passant même à deux doigts de phasme de le mettre KO au premier round, mais Cormier s’accroche. Dans sa précipitation à vouloir enterrer son adversaire, il commence alors à commettre des erreurs. Sur un middle-kick téléphoné, il se fait saisir la jambe et c’est le début de la fin. Cormier, ancien lutteur de calibre olympique, le met au sol et lui impose une pression de laquelle Rumble ne se sortira jamais vraiment. Il est pris dans la mélasse, s’épuise et est finalement soumis au troisième round.
C’est un coup d’arrêt, mais pour Rumble un simple contretemps. Il se remotive, l’occasion de modifier ses méthodes d’entraînement, et repart à l’assaut de la forteresse.
Pour se mettre à l’aise et alourdir un peu plus le facteur intimidation, il brûle tous les villages alentours en brutalisant de nouveau tous les concurrents : Jimi Manuwa, Ryan Bader et Glover Texeira, tous dans le top 15 mondial.
Regonflé à bloc, Rumble assure que s’il n’est pas passé loin lors de sa première tentative, c’est désormais à une toute nouvelle version du cuirassé Johnson que le Champion va avoir affaire. Le genre de déclaration qui sonne comme un bruit de changement de chargeur.
Les machines de siège sont sorties et aucun mur d’enceinte n’est assez épais.
https://youtu.be/k-G1xOsXYPI
[…] main-event de l’UFC 210 entre Daniel Cormier et Anthony Johnson a bien failli ne pas avoir lieu à cause de la […]
[…] Notre portrait complet d’Anthony Johnson : Black Mass à lire ICI […]
[…] côtoie les meilleurs. Ainsi, on l’a vu sparrer avec Michael Johnson, mais aussi transpirer avec Anthony Johnson ou encore Luke Rockhold. Sous la houlette de l’illustre Henri Hooft, le welterweight peut […]