Conor McGregor double champion UFC : du premier exploit de l’histoire aux scandales qui ont détruit sa légende

MMA – Il y a neuf ans, Conor McGregor écrivait l’histoire en devenant le premier double champion simultané de l’UFC

Le 12 novembre 2016, dans l’arène mythique du Madison Square Garden à New York, Conor McGregor accomplissait l’impensable. L’Irlandais de Dublin franchissait une frontière que personne n’avait jamais traversée avant lui en MMA professionnel : devenir champion dans deux catégories de poids différentes en même temps. Ce soir-là, en pulvérisant Eddie Alvarez par TKO au deuxième round, « The Notorious » scellait son ascension vertigineuse vers la légende. Neuf ans plus tard, cet exploit reste gravé comme l’un des moments les plus fous de l’histoire de l’UFC, marquant le début d’une ère nouvelle pour le sport de combat.

L’ascension éclair vers l’histoire

Pour comprendre l’exploit de McGregor, il faut remonter quelques mois en arrière. En décembre 2015, le jeune Irlandais affrontait le légendaire José Aldo à Las Vegas, lors de l’UFC 194. Le champion des poids plumes invaincu depuis une décennie était considéré comme l’un des combattants les plus dominants de toute l’histoire de l’UFC. McGregor, bouillonnant de confiance et d’arrogance, avait prédit un KO rapide pendant des mois entiers. Personne ne l’a vraiment cru, évidemment. Et puis, après treize secondes seulement, Aldo touchait le tapis après un direct du gauche dévastateur. L’Irlandais venait de signer le KO le plus rapide jamais enregistré lors d’un combat pour le titre à l’UFC. C’était déjà de l’histoire, mais ce n’était que le début.

Quelques semaines plus tard, sans même défendre sa ceinture des poids plumes, McGregor annonçait déjà ses ambitions : conquérir le titre des poids légers. C’était audacieux, égoïste, prétentieux même. Exactement le genre de défi que seul un combattant surhumain pourrait relever. L’UFC lui permit d’y aller. Et le monde du MMA retint son souffle.

Le TKO fulgurant d’Eddie Alvarez

La route vers le second titre n’a pas été linéaire. McGregor affrontera d’abord Nate Diaz en poids mi-moyen après que Rafael dos Anjos se blesse, une montagne à gravir trois catégories au-dessus de son poids habituel. Il perdra ce combat d’une manière controversée, mais reviendra en août 2016 lors de l’UFC 202 pour remporter une victoire serrée en revanche. L’appétit ne s’était pas calmé. L’envie de double gloire restait intacte.

Puis vint cette soirée du 12 novembre 2016. L’UFC 205 allait devenir historique. Debout face à Eddie Alvarez, le champion incontesté des poids légers, McGregor savait qu’il jouait son va-tout. Une victoire, et il écrivait son nom dans les livres d’histoire. Une défaite, et il devenait simplement un combattant ambitieux qui en avait trop demandé.

Ce qui s’est déroulé dans l’octogone relevait de la domination pure. Dès le premier round, McGregor imposait son jeu, ses pieds, ses poings. Alvarez, un excellent combattant lui aussi, se retrouvait dépassé. Le deuxième round a simplement confirmé l’inévitable. À 3 minutes et 4 secondes de ce deuxième round, l’arbitre arrêtait le combat. Alvarez ne pouvait plus continuer. McGregor brandissait ses deux ceintures, une iconique image qui allait circuler à travers le monde entier.

Un exploit sans précédent à l’UFC

À ce moment précis, la question était posée et la réponse était donnée : qui d’autre pourrait le faire ? McGregor venait d’accomplir ce que Randy Couture et BJ Penn avaient réalisé avant lui, mais jamais simultanément. Couture avait remporté les titres des lourds et des lourds légers, mais non au même moment. BJ Penn avait fait de même avec les poids welters et légers. Conor McGregor, lui, était différent. Il était le premier de l’histoire.

Cet exploit allait transcender le monde du MMA. Pendant des années, on parlerait de McGregor comme du premier champ-champ de l’UFC, le combattant qui avait repoussé les limites du possible dans la promotion.

Ceux qui ont suivi dans le cercle fermé des double champions

La route que McGregor avait tracée était maintenant visible pour les autres. Trois combattants seulement ont réussi à imiter l’Irlandais en parvenant à détenir deux ceintures simultanément par la suite.

Daniel Cormier fut le second. En 2018, après avoir établi son domaine au poids lourd léger, DC défia Stipe Miocic pour le titre des lourds. Au premier round, Cormier sortit son redoutable arsenal de lutte freestyle et assomma le champion établi. À 39 ans, il était un double champion. Mais contrairement à McGregor, Cormier défendit ses deux ceintures, validant son statut de véritable champion.

Amanda Nunes arriva trois mois après Cormier. La Brésilienne, déjà championne des poids coqs depuis deux ans, monta affronter Cris Cyborg, légendaire des poids plumes. En 51 secondes seulement, elle l’expédiait au tapis par KO. Nunes était la première femme de l’histoire de l’UFC à obtenir ce statut convoité. Pire encore, elle défendit ses deux titres à plusieurs reprises, cimentant son héritage comme probablement la plus grande combattante féminine de tous les temps.

Henry Cejudo compléta le quatuor en 2019. Le médaillé olympique de lutte avait d’abord conquis les poids mouches, puis grimpa chez les coqs où il sortit Marlon Moraes par TKO. Cejudo était le dernier à rejoindre ce club ultra-fermé des double champions simultanés avant qu’il ne devienne pratiquement impossible.

Depuis Cejudo, l’UFC a clairement changé sa politique. Dana White a imposé une règle : les futurs champions devront désormais renoncer à une ceinture s’ils veulent en conquérir une autre. Ilia Topuria en fut la première victime, forcé d’abandonner son titre des poids plumes avant d’affronter Charles Oliveira chez les légers en juin 2025. L’ère des double champions simultanés semble définitivement révolue.

La face cachée de la médaille : les scandales qui ternissent l’héritage

Neuf ans plus tard, si cet exploit reste incontestable d’un point de vue sportif, le reste de la saga McGregor peint un tableau bien plus sombre. L’homme qui dominait le monde en 2016 s’est peu à peu perdu dans un tourbillon de controverse et de mauvaises décisions.

L’inactivité a d’abord marqué sa carrière post-double champion. Après avoir conquis ses deux ceintures, McGregor affronterait Floyd Mayweather en boxe en 2017, un divertissement lucratif mais qui l’éloignait du MMA. L’UFC le dépouilla rapidement de ses deux titres en raison de cette absence prolongée. Quand il revint enfin en 2018, il perdit face à Khabib Nurmagomedov, éclaboussé au passage par une altercation avec le bus que le champion voyageait. Les années suivantes furent marquées par des combats sporadiques, des blessures récurrentes, et des comportements devenant de plus en plus erratiques.

Puis arrivèrent les problèmes légaux sérieux. En novembre 2024, un tribunal civil irlandais jugea McGregor coupable d’agression sexuelle. Les faits remontaient à décembre 2018 et impliquaient une femme, Nikita Hand, qui l’accusait d’agression brutale. Bien que le jugement soit civil et non pénal, le tribunal a statué contre McGregor. La sentence : 250 000 euros de dommages et intérêts, plus le remboursement de tous les frais de justice de la plaignante, estimés à environ 1,5 million d’euros. McGregor a annoncé son intention de faire appel.

L’année 2024 fut catastrophique pour l’ancien champion. Au-delà du jugement, il fut suspendu un an plus tard pour dix-huit mois après avoir manqué trois tests antidopage consécutifs en 2024. Parallèlement, il annonça une candidature pour la présidence d’Irlande avant de se rétracter rapidement. Sa marque de whisky, Proper N°12, fut abandonnée par ses distributeurs suite à la condamnation. L’homme qui était autrefois l’une des plus grandes superstars du sport voyait son empire financier se lézarder.

L’hypothétique retour et l’état présent

Aujourd’hui, alors que la suspension retient McGregor jusqu’au 20 mars 2026, un grand suspense enveloppe son avenir. Depuis trois ans et demi, il n’a pas combattu. Sa dernière victoire remonte à 2020 contre Donald Cerrone. L’homme de 37 ans parle d’un retour à l’UFC lors d’un événement historique prévu à la Maison-Blanche le 14 juin 2026, jour du 80e anniversaire du président Donald Trump.

Son adversaire ? Michael Chandler, ancien challenger au titre des poids légers avec qui McGregor aurait dû se battre en juin 2024 avant une blessure à l’orteil n’annule tout. Cette fois, d’après ses déclarations publiques, c’est signé. Mais les promesses de McGregor ces dernières années se sont souvent volatilisées. Les blessures, les scandales, les distractions ont constamment retardé son retour annoncé.

Physiquement, l’état réel de McGregor reste une question. Récemment, il prétendait être « guéri » et avoir entrepris un « voyage spirituel » qui l’aurait transformé. Il affirmait vivre selon « la parole de Dieu » et être prêt à faire taire les critiques. Des paroles réconfortantes pour les fans, mais qui rappellent aussi son égocentrisme caractéristique.

Un héritage complexe et indélébile

Neuf ans après cette nuit magique de novembre 2016, l’exploit de McGregor reste intact. Il sera à jamais le premier double champion simultané de l’UFC, celui qui a osé ce que personne n’avait osé avant lui. Quelque part, dans les archives de l’UFC, ce combat contre Eddie Alvarez restera gravé en lettres d’or comme un moment définisseur du sport.

Mais son histoire personnelle, sa vie hors de la cage, a transformé cette gloire en quelque chose de plus complexe. Les jeunes fans qui découvrent McGregor aujourd’hui voient d’abord les scandales et les questions. Les anciens supporters, eux, se souviennent de ce combattant qui semblait capable de tout, de cet homme qui a transcendé le MMA pour devenir une superstar mondiale.

Le 12 novembre 2016 restera pour toujours le jour où Conor McGregor a écrit son nom dans l’histoire de l’UFC. Que le reste de son histoire soit glorieuse ou tragique, cet exploit reste incontestable. Et c’est peut-être tout ce qui importait vraiment au final.