Pourquoi Mayweather a-t-il changé de nom ? Et surtout pourquoi a-t-il changé son style de boxe alors qu’il était toujours invaincu ? C’est ce que nous allons voir.
Commençons par le commencement, l’avènement de la future légende. Si Floyd a décidé de se nommer comme tel, c’est grâce à ses divers partenaires de sparring. Dès sa jeunesse Floyd démontrait déjà des capacités défensives exceptionnelles à tel point que ces derniers ont décidé de le surnommer Mayweather Pretty Boy, car à la fin des sparrings sa face était toujours indemne. Il ne saignait quasiment jamais, il n’était jamais éreinté et essoufflé.
À 22 ans, Floyd avait déjà un palmarès assez conséquent : 25 combats, 25 victoires pour 19 KOs. Un ratio relativement élevé pour quelqu’un qui dispose d’une grande défense. Mais c’est tout simplement parce que Pretty Boy était une véritable machine à KO. Sa plus grande arme, la précision. Rappelons que depuis l’invention du compubox, Floyd est (et restera) le boxeur avec la plus grande précision de l’histoire. Quasiment chacun de ses coups touche. Il ne laisse rien au hasard.
Sa seconde immense qualité, c’est son équilibre. Il ne va jamais chercher son adversaire avec un punch qui va le déséquilibrer comme beaucoup de puncheurs ont l’habitude de faire (Wilder en est le meilleur exemple). Certes, mettre tout son poids dans un poing va donner un grand élan de puissance, mais si l’adversaire pare le coup ou l’esquive, vous vous retrouvez dans la pire des situations en boxe : le déséquilibre. En perte d’équilibre, impossible d’envoyer un punch, impossible d’esquiver comme on le souhaite, on se retrouve donc très souvent à la merci de son adversaire.
D’ailleurs, l’équilibre est souvent ce qui différencie un boxeur pro d’un boxeur amateur. Un boxeur pro aura bien plus tendance à boxer les jambes plus ancrées au sol que le boxeur amateur qui aura plus tendance à « virevolter ». Cela s’explique facilement par le fait qu’en boxe amateur le but du jeu c’est de marquer des points, pas forcément de mettre ko son adversaire.
Mais revenons-en à Mayweather. Quand ce dernier donne un punch, il n’est jamais en situation de déséquilibre, il peut donc aisément choisir entre continuer d’attaquer, ou défendre (ce sera bien souvent une esquive pour lui).
Son équilibre est dû entre autres à deux choses : des abdos en bétons tout d’abord. Si vous voyez souvent Floyd faire des abdos dans ses vidéos de training, ce n’est pas pour rien. Un tronc musclé vous permettra de rester gainé dans à peu près n’importe quelle situation.
Second facteur, plus difficile à percevoir, l’alignement constant de ses pieds vers son adversaire. Ses pieds scrutent toujours en direction de l’adversaire. De plus, dans une interview accordée au magazine Fighthype y a de cela pas mal d’années, Floyd avouait se faire masser tous les jours. Les zones cibles étant ses épaules, mais aussi ses pieds, affirmant par la même que le secret de son équilibre résidait aussi dans les massages prodigués par sa masseuse.
Pour en finir avec Pretty Boy, les gens ne doivent pas négliger le fait que c’était une véritable machine à KO. Lors du passage vers Money May, Floyd avait un ratio hallucinant de 90% de knock-out. Il avait la foudre dans ses deux mains, mais aussi dans ses jambes. Il était rapide, précis, puissant. Il était le stéréotype du boxeur parfait.
Pretty Boy avait donc tout pour durer, un
talent hors du commun, un entretien parfait de son hygiène de vie, et un
entraînement quotidien acharné.
Alors pourquoi est-il peu à peu devenu le Money May de ses dernières
années ?
À l’ère de Pretty Boy, Floyd avait un promoteur, en la personne de Bob Arum. C’est lorsque Floyd a décidé de se séparer d’Arum pour continuer la route en solo que ce dernier a pu changer de nom, pour devenir Money May : beaucoup de monde s’accorde à dire que Pretty Boy était le combattant, Money May le businessman. Et ce constat est pour le coup assez vrai et résumé bien la carrière de Floyd : un parfait mélange entre un combattant et un homme d’affaires.
Mais si Money May est un homme d’affaires, il n’en reste pas moins un boxeur, probablement un des plus extraordinaires de l’histoire et nous allons expliquer pourquoi.
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Si Pretty boy était resté Pretty Boy pour le restant de sa carrière, Floyd aurait assurément perdu un ou plusieurs de ses combats. En effet, la foudre dans les gants, la vitesse du jeu de jambes, tout ceci est parfait lorsque l’on est jeune. Mais quand le corps commence à vieillir, peu importe notre vitesse ou notre puissance, on trouve toujours meilleur que soi. Floyd aurait eu beau être rapide et puissant encore à 35 ans, il ne l’aurait pas été autant qu’un top-mondial de 28.
C’est pour cela que Floyd a eu l’intelligence de changer son style de boxe, ou plutôt de l’adapter, en ne prenant que les qualités qui ne peuvent pas vieillir, celles de l’intelligence de la boxe et de la détermination.
Car même si Mayweather compte beaucoup de détracteurs, la chose que personne ne peut lui enlever, c’est que c’est un véritable acharné de travail. Après son combat contre lui, Zab Judah avouera : « il s’entraîne comme s’il était fauché, comme s’il n’avait pas un dollar ».
Grâce à son père et à son oncle Roger, Mayweather répétait tous les jours ses gammes aux pattes d’ours. Et si on prend en compte le fait que papa et tonton étaient à l’époque les deux meilleurs entraîneurs du monde et notamment aux pattes d’ours on obtient le cocktail magique : Money Man.
À partir de ce moment, Floyd n’allait plus se concentrer sur sa vitesse et sa puissance (mis à part sur un point, son jab qui est et restera le meilleur jab de l’histoire), mais sur la science de la boxe. Va donc s’ajouter à ses innombrables qualités pugilistiques, celle qui caractérise le plus Mayweather dans toute sa carrière : la jauge des distances.
Lors de ses grands combats, contre Zab Judah par exemple, ou contre Cotto ou Maidana, Mayweather met toujours deux voire trois rounds pour enclencher la machine. Juste le temps de jauger son adversaire et d’ajuster sa boxe. À partir du 4ème round, s’il n’est pas KO, vous pouvez être sûr que vous allez perdre. Car Floyd aura terminé de vous examiner et vous ne pourrez plus le toucher. Par contre lui vous touchera quasiment à coup sûr.
« Tu sais qu’il est là devant toi. Mais tu n’arrives pas à l’attraper » avouera Cotto lors de son megafight contre Floyd.
Dans une autre interview, Mayweather ajoutera « j’utilise différentes techniques pour battre chaque combattant. Parfois, ce sera avec mes mouvements défensifs, parfois avec mes jambes. Il y a 40 ou 50 manières avec lesquelles je peux battre un fighter facilement ».
Andre Berto, dernier boxeur à avoir fait face à Money May, avouera quant à lui quelque chose de très intéressant : « entre chaque reprise quand j’étais assis sur ma chaise, je le voyais me regarder, voir si je respirais bien, si j’étais fatigué. C’est une sensation que je n’ai jamais connue auparavant. Sur le ring, quand il m’attrapait, je sentais sa respiration et surtout, je le sentais toujours sourire ». Ce qui nous amène sur un autre point très important que pas de monde oublie, la présence de Floyd dans un ring de boxe. Après chaque combat, Mayweater devenait encore plus expérimenté qu’avant, élargissant cette « aura », cette « présence ». Beaucoup de boxeurs évoqueront cette sensation de doute quand ils se sont retrouvés dans le ring avec Money : on peut le voir, mais pas l’attraper. La frustration, c’est ce que ressent chaque fighter après l’avoir combattu. Cette sensation d’avoir une sorte de fantôme en face de toi que tu peux voir, mais que tu ne peux pas toucher…
En bref, Money Man a atteint un tel niveau défensif qu’il est impossible pour n’importe qui d’essayer d’imiter son style. D’où le fait que Mayweather ait toujours conseillé aux boxeurs actuels de ne pas essayer de ressembler à Money Man le génie, mais plutôt à Pretty Boy, un fighter avec une grande rapidité, et de la foudre dans les gants.
Mayweather est donc très clairement le plus grand boxeur de ces 30 dernières années, grâce à un travail acharné qui l’a amené à perfectionner son art défensif jusqu’à un niveau jamais atteint dans l’histoire, les deux meilleurs coachs de la planète, une évaluation des distances folles, et un jab qui part à la vitesse de l’éclair. Et pour tous ceux qui disent que ce n’est qu’un banal fighter qui ne fait que courir autour du ring, vous racontez là une bêtise sans nom. Même Lomachenko affirme à propos de Mayweather que « si nous nous combattions et qu’il en venait à utiliser son shoulder roll, je devrais sans doute me poser et réfléchir, car je ne saurais quoi faire ».
Très bon article. Intéressant et agréable à lire.
Super ! D’autres dans le même style s’il vous plait !