Grand oublié lors du dernier Festival de Cannes, Toni Erdmann aurait clairement du avoir la Palme d’Or. Le film de la réalisatrice Maren Ade est un petit bijou comique parfaitement inscrit dans son époque.
Peu connu dans nos contrées, la réalisatrice allemande Maren Ade sort ici son troisième long métrage. Auparavant, elle avait déjà mis en scène Everyone Else (2008) et The Forest for the Trees (2003). Dans Toni Erdmann, la cinéaste s’attaque à la relation père-fille – souvent compliquée – en prenant l’angle du burlesque.
Inès, femme d’affaires travaillant à Bucarest à la carrière et à la vie toute tracée va devoir se coltiner son père Toni qui débarque tout droit d’Allemagne pour une visite surprise. Écolo et vivant en marge de la société, ce père va atterrir dans le monde impitoyable du business et du capitalisme sauvage. Voyant que le quotidien de sa fille est fade et triste (la réplique : « Es-tu heureuse ? » va en être le déclencheur), Toni Erdmann va s’inventer un double à la perruque de travers et au dentier monstrueux. Il va ainsi tout faire pour rendre Inès joyeuse, une tâche ô combien difficile.
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Touchant, Toni Erdmann est un film qui nous fait exploser de rire toutes les 5 minutes. Multipliant les situations burlesques, les répliques comiques et les runnings gags, le long-métrage de Maren Ade est sans aucun doute la comédie de l’année. La scène du brunch à la fin du film est complètement barge et magnifique. D’une durée de presque 3h, Toni Erdmann prend son temps et permet de construire intelligemment les liens paternels. La durée n’est donc absolument pas un problème tant le rythme est parfait. Maren Ade ne s’arrête pas uniquement sur cette relation entre le papa et sa fifille, elle nous questionne également sur la place du travail dans nos vies, sur le carriérisme et sur la norme. Toni Erdmann va ainsi bien au-delà de la filiation et aborde des sujets qui sont malheureusement devenus centraux dans nos sociétés actuelles.
En somme, le nouveau long-métrage de Maren Ade est un joyau à aller voir d’urgence. Pour l’instant comédie de l’année sans discussion, Toni Erdmann mérite tous les honneurs que le jury cannois ne lui a pas accordé au printemps dernier. Jugé (à tort) froid et triste, le cinéma allemand a, avec ce film la meilleure carte de visite possible.
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