MMA – Le 10 octobre prochain, le Bellator arrive à Paris pour le premier événement majeur de MMA en France. Le Président de l’organisation Scott Coker a répondu à nos questions.

Après des années de lobbying, le MMA arrive en France ! Le 10 octobre prochain, le Bellator fait ses grands débuts dans l’hexagone, à l’AccorArena. Alors que les Français seront nombreux sur la carte, les regards seront tournés vers Cheick Kongo, vétéran UFC et aux portes du combat pour le titre. Ayant souhaité être la première organisation de MMA à venir en France, le Bellator souhaite faire du pays l’un de ses fiefs européens. Scott Coker, le Président nous a parlé des grands projets pour la suite :

Ma première question, à quel point était-ce important pour vous d’être la toute première organisation à venir en France ?
C’est quelque chose sur lequel nous avons travaillé au cours de ces 3 dernières années, avec d’autres organisations qui y aussi aidé et cherché à être la première. C’est un honneur et un privilège d’être choisi par le Ministère des Sports et la Fédération française de MMA pour être les premiers. C’est quelque chose qui va entrer dans l’histoire. Pour toujours, le Bellator restera la première organisation à avoir fait des combats de MMA en France.

On va voir Cheick Kongo combattre le 10 octobre. Je sais que vous ne pouvez pas tout me dire, mais quels sont les plans concernant la France pour la suite ?
On a eu une tournée européenne très réussie. On a travaillé très dur pour aller dans des pays comme le Royaume-Uni et signer de très bons talents locaux. Aller en Italie et faire de même, aller à Tel-Aviv et faire de même, aller à Dublin et faire de même. On n’entre pas dans un marché pour juste venir et partir. On va venir en France peut-être deux fois par an, dans le cadre de notre circuit européen, tout en faisant toujours des combats aux États-Unis. Le plan est de mettre la France dans le circuit européen. Peut-être qu’une fois par an, nous viendrons faire un autre événement, avec peut-être des combattants internationaux. Des combattants US contre des combattants français.

J’ai remarqué que lorsque nous ouvrons un nouveau marché, plus de salles de MMA ouvrent, il y a plus de pratiquants, plus de combattants. Comme vous le savez, la culture française a accepté les arts martiaux depuis des années : Jerome Le Banner, Dida Diafat. Tous ces grands combats que je voyais avec Rob Kaman, c’était sur Canal+. Il y a un show qui s’appelle le Budo Gala que vous connaissez sûrement. La France a accepté la culture martiale. C’est l’étape suivante pour les arts martiaux : que les artistes martiaux combattent en MMA. On est excités. Ça va être un superbe événement. Je suis impatient de venir en France la semaine prochaine, promouvoir les combats et que les gens viennent.

En parlant de Canal+, vous avez récemment sécurisé un accord avec CBS aux États-Unis, est-ce que les fans pourront regarder le Bellator à la TV ou juste sur YouTube?
Le CSA ne permet pas que ça soit diffusé à la TV actuellement, mais on a franchi une première barrière : que le gouvernement permette la tenue des combats. On travaille actuellement avec le CSA pour la diffusion de MMA à partir de la France. Bellator est la propriété de Viacom, est une entreprise de médias qui a une grosse présence en France, on va travailler avec eux et d’autres dirigeants de l’entreprise pour continuer à pousser la finalisation de cette dernière partie. On pourra ensuite avancer. Je pense que c’est juste une question de temps. Maintenant que le sport est légalisé, c’est juste une formalité avant que ça le soit.

Donc plutôt fin 2020 ou 2021 ?
J’espère que d’ici la fin 2020, début 2021, ce ne sera plus une situation problématique. Quand la Californie m’a donné la toute première licence en 2006, puis quand New York a débuté avec l’UFC, et Toronto a été un autre marché ouvert. Ici, c’est vraiment le dernier grand pays qui n’a toujours pas eu le droit d’avoir du MMA. Maintenant, après avoir obtenu l’approbation du gouvernement après toutes ces années de lobbying, il faut celui du CSA. On travaille dur là-dessus, mais je pense que ce n’est plus qu’une question de temps.

Dans moins de 2 semaines, Cheick Kongo va combattre à Paris. Quelle est sa situation avec le Bellator? Prévoyez-vous une revanche contre Bader en cas de victoire?
Oui, ce serait superbe, fantastique, n’est-ce pas ? Si Cheick Kongo gagne de manière convaincante alors il devrait combattre Bader ensuite.

Leur combat était controversé à cause du problème lié à l’oeil. À travers son manager, Cheick nous a dit qu’il voulait combattre en France et être le premier à combattre là-bas pour ses fans et son pays. Pour moi c’était donc logique. Et si Cheick gagne, peut-être qu’on reviendra plus tôt l’année prochaine et que vous verrez la revanche contre Bader à l’AccorArena.

À propos du Bellator, pas juste la France, mais mondialement, quelle est la stratégie du Bellator pour le futur ?
J’ai toujours cru qu’il fallait construire les combattants depuis le début. Ensuite, on ajoute des agents libres de tous niveaux et c’est comme ça qu’on construit un roster.

On a signé quelques combattants qui ont 27 ans de moyenne d’âge, ils ont un ratio de victoires compris entre 85-87%. On signe le prochain gros prospect du MMA et on ratisse la planète. Si vous êtes un bon prospect, on va venir vous trouver. Bellator n’est pas juste une entreprise américaine. On a des accords de diffusion partout dans le monde, on est diffusé dans 150 pays. Donc on recherche tous les talents. La stratégie est de continuer à faire croître cette marque, de manière respectable, aider à faire grandir le MMA, et organiser les meilleurs combats possible.

J’ai aussi une question à propos de certains de vos talents sous-cotés. Si vous deviez donner le top 3, pound for pound, des plus grands jeunes talents ? Quel serait-il?
Je pense qu’AJ McKee est sous les radars actuellement. Il est dans notre tournoi featherweight qui a été repoussé à cause du covid. Mais on a des annonces qui arrivent pour annoncer la reprise du tournoi. Il va combattre dans les prochains mois. Je pense que c’est un gamin qui va être dangereux, va causer des problèmes à beaucoup de gars. Il y a aussi Usman, que l’on vient de signer, le jeune cousin Khabib. Il a 23 ans, a un bilan de 11-0, très bon lutteur et grappleur, mais je crois que les gens sous-estiment son muay-thai et son striking.

Je pense que c’est un autre prospect que l’on va développer. Vraiment, je crois qu’on a signé 8 ou 10 jeunes dernièrement. Certains oublient Aaron Pico, je n’ai pas encore perdu espoir. Il a fait sa transition, se sent très à l’aise dans son nouveau camp à JacksonWink. Il a déménagé là-bas. Il a sa maison et ses chevaux là-bas. C’est un gars qui va être dangereux, donc on a placé beaucoup d’espoir en lui. On a beaucoup de prospects et on va en chercher d’autres, mais ce sont les trois auxquels je pense actuellement.

Aux États-Unis, pour le public moins éduqué au MMA, c’est surtout le Bellator et l’UFC, avec des combattants qui ont connu les deux organisations. Qu’est-ce qui rend le Bellator différent?
Notre philosophie est de promouvoir les combattants, de construire leur marque et leur entreprise. Ils n’ont pas besoin de porter notre sponsor, ils vont prendre leurs propres sponsors. Ils ont la possibilité d’avoir plus de liberté avec nous. Je pense qu’on paie de manière très compétitive quand on veut vraiment signer quelqu’un. C’est comme ça qu’on a eu ces agents libres et ces jeunes espoirs. Car on veut investir dans ce qu’ils sont. Notre mise en scène est différente, ça ressemble plus au Pride, avec un show au style japonais, façon K-1. Je pense que c’est mieux produit. UFC fait un bon boulot, je n’ai rien de mal à dire à leur sujet. Ils ont un impact important sur le secteur, ils sont là depuis longtemps. Il faut plus d’une entreprise pour que ça reste compétitif pour les combattants.

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Les combattants ont besoin d’options. Beaucoup de combattants ne veulent pas aller à l’UFC. On peut les accueillir. On est bien pour certains, ils sont bien pour d’autres. Ils font leur truc, on fait notre truc. On construit un secteur ensemble qu’ils le pensent ou non. La marée montante lève tous les bateaux. C’est ce que je ressens, on fait grandir le MMA, ensemble. On construit un secteur ensemble qu’ils le pensent ou non. La marée montante lève tous les bateaux. C’est ce que je ressens, on fait grandir le MMA, ensemble.

Récemment, les gens ont parlé de la signature de Michael Chandler à l’UFC. Pour vous, était-ce une décision d’affaires de le laisser partir parce qu’il était au Bellator depuis si longtemps ?
Personnellement c’était dur, parce que Michael Chandler est un gars très bien, un gars qui prend soin de sa famille. Il est tout ce que j’aime dans un combattant d’arts martiaux. Il prêche par l’exemple. C’était dur parce qu’on travaillait ensemble depuis si longtemps. Mais je sentais que c’était le moment. C’est une décision d’affaires, similaire à ce qui se passe en Foot US quand il faut choisir dans quel joueur investir. Continuer cette relation professionnelle ou investir dans les jeunes comme Usman ?

Je pense qu’il aura du succès là-bas, et ça en dit beaucoup sur la qualité des combattants au Bellator. Michael est notre ancien champion, mais il est remplaçant pour le combat pour le titre. Il est directement dans la course au titre. Ça vous montre le niveau des combattants du Bellator.

Dans le cas contraire, ils n’auraient pas fait ça. On a certains des meilleurs combattants au monde. On a la meilleure catégorie light-heavyweight. On construit d’autres catégories, on recharge notre catégorie lightweight. Avec de nombreux jeunes talents qui arrivent. Et si vous regardez notre catégorie flyweight, elle est ultra dense. On a la plus grande combattante de tous les temps. Je pense que Cris Cyborg est toujours la GOAT. Quand on regarde tout ce qu’elle a fait durant toutes ces années. Personne n’a fait autant qu’elle durant toutes ces années. En 2009, quand elle a affronté Gina Carano, c’était le premier combat de MMA sue une chaîne majeure aux US et dans la planète.

Elle a tout fait. Je sais qu’elle a perdu contre Amanda Nunes, mais on ne peut juger un combattant sur un combat. Il faut regarder la carrière dans son ensemble.

Vous avez aussi la réputation d’être très proche de vos combattants, au Strikeforce et au Bellator. Chez vous, il semble que c’est au-delà du business, à quel point est-ce important de créer une relation avec eux ?
Pour moi c’est le plus important, car ils ne sont simples combattants pour un certain temps ensuite on devient amis avec eux. C’est à propos de business, mais aussi à propos de gens. Les affaires, ce sont les gens. C’est comme ça que je vois les choses. J’ai eu de très bonnes relations avec des combattants qui ont été à l’UFC. Par exemple, je suis toujours très ami avec Luke Rockhold, on joue au golf tout le temps. On se voit toujours avec Daniel Cormier, on prend des petits-déjeuners ensemble.

En fait, c’est Daniel qui a emmené Corey Anderson ici au Bellator. Il a senti que ce serait un bon endroit pour lui. Quand je pense à T-Wood, on s’envoie toujours des messages très souvent. Je l’encourage tout le temps. Je lui dis : « le Strikeforce ne meurt jamais ! Tu dois continuer. » On devient amis, j’adore ces combattants, je les respecte. Je tiens du fait d’avoir été un chercheur de talents martiaux toute ma vie, d’avoir travaillé pour le K-1. Kazuyoshi Ishii, le propriétaire du K-1 à l’époque, m’a vu une fois et m’a dit : « les combattants sont les stars et tu dois les respecter. » Ils mettent leur vie en jeu à chaque fois, ce sont eux qui ont l’esprit bushido. Ça m’a toujours touché. Et je me suis toujours dit : « c’est comme ça qu’on va traiter nos athlètes ». Et je pense qu’on traite nos athlètes mieux que n’importe quelle ligue.

Vous êtes dans ce secteur depuis plus de 30 ans, quel a été au Strikeforce et Bellator, votre plus grand accomplissement ?
Je crois qu’ouvrir le marché californien en 2006 est un accomplissement majeur. Frank Shamrock avait combattu Cesar Gracie. Concernant l’ère du kickboxing : mettre le Strikeforce Kickboxing sur ESPN. Mais aussi l’un de mes moments magiques a été de travailler pour K-1 et m’occuper de la branche Amérique du Nord. Kazuyoshi Ishii m’a appris la partie internationale de ce business. Je ne savais même pas qui était Jérôme Le Banner avant d’aller au K-1. Peter Aerts, Ernesto Hoost… C’est comme-ci j’avais eu mon doctorat en travaillant pendant 8 ans au K-1. Je serai pour toujours reconnaissant à Kazuyoshi Ishii. J’ai fait tellement de grands combats aussi. Je pense à un en particulier : Nick Diaz vs. Paul Daley à San Diego. C’est l’un de mes combats préférés de tous les temps. C’était tellement magique. Il y a aussi Cung Le vs. Frank Shamrock. Je n’ai jamais entendu une salle faire autant de bruit que ce soit en foot us, ou basket-ball. La salle était en feu et c’était incroyable ! Il y a tellement de belles histoires, tellement de beaux souvenirs du passé.

À l’opposé, du côté des combats ou événements, quel a été votre plus grand regret ?
C’était une question difficile, car chaque fois qu’on voulait faire un combat, nous n’avions que de bonnes intentions. Au niveau du business, ça peut fonctionner ou pas. On a occupé tellement de combattants ces dernières années. On a été un très bon promoteur. Mon parcours vient vraiment du kickboxing. Ce n’est que lorsque le MMA est devenu légal en Californie, en 2006, qu’on est allé là-bas. Je vous vous raconter une histoire. Pour notre premier show Shamrock vs. Gracie, ils avaient commandé une cage à l’un de mes amis. Celle-ci arrive, la veille du combat, et elle était horrible ; toute chancelante. Je pensais qu’elle allait casser.

Il y avait un espace comme ça en dessous. Je ne suis même pas rentré chez moi pour me préparer. C’était Cowboy Cerrone qui l’a conduit du Tennessee jusqu’en Californie pour qu’on fasse notre premier événement. C’est une histoire vraie !

Avec Bob Cook et Duane Ludwig, on mettait une fermeture éclair sur tous les coins pour que ça tienne. Je m’étais dit « dès que Frank Shamrock arrivera, ça cassera. » Je n’ai pas pu profiter du show toute la soirée, car j’avais peur que la cage casse. C’est quelque chose que je n’oublierai jamais.

Mais vous l’avez fait ! J’ai une dernière question Scott, si vous pouviez faire un combat, parmi tous ceux possibles au Bellator, quel serait ce combat ?
C’est une bonne question. Il y a beaucoup de bons combats que l’on va faire. L’un des combats pour lequel je suis excité est la revanche entre Bader et Nemkov et celle contre Phil Davies.

C’est un combat que l’on va faire dans le futur. L’année prochaine, je pense que vous allez voir un tournoi flyweight où nous allons donner 1 million dollars au vainqueur. Le combat pour lequel je suis vraiment excité, par trop loin dans le futur, car nous le faisons le 29 octobre est Lima vs. Gegard. Je préfère le dire : « ne le manquez pas ». Ça va être incroyable. C’est un combat que je suis impatient de voir.  On a beaucoup de combats qui arrivent. Je ne peux en choisir un, AJ McKee vs. Darrion Caldwell est quelque chose de très prometteur aussi. Je me sens chanceux, car on a beaucoup de combats pour le moment. Et on va démarrer l’année prochaine tambour battant !

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