Portrait de Josh Jauncey

Giacomo Casanova était au 18e siècle l’équivalent de ce que Brad Pitt fut aux années 2000, une  avalanche de charme intestable à laquelle aucune femme n’était en mesure de résister. Ou qu’il passait, si son pied délicat effleurait ne serait-ce que du bout du soulier le sol marbré d’une pièce dans laquelle se trouvait une ou plusieurs représentantes de la gent féminine, celles-ci étaient alors irrémédiablement attirées à lui. Comme hypnotisées par le mélange de confiance, d’humour, de culture et de manières qui émanait du jeune Vénitien à la langue d’émeraude. Son succès était tel qu’il fut même chassé de plusieurs des palais dans lesquels il était censé parfaire son éducation religieuse (plutôt ironique) pour devenir prédicateur. Le bonhomme avait tellement le feu à la broussaille qu’il a en fait rapidement décrété que le plus judicieux c’était quand même de s’en battre les steaks de la bienséance : il eut alors des relations charnelles avec des prostituées, des bourgeoises, des nonnes et même sa propre fille. Le mec était parti.

Giacomo...

Giacomo…

Si Josh Jauncey ne partage pas le palmarès un poil malsain du susnommé prédateur vénitien, il a quand même une classe, un style et des manières qui en font suspicieusement planer l’ombre…

A la pesée, avant son combat face au français Johan Tkac.

A la pesée, avant son combat face au français Johan Tkac.

Quand Josh Jauncey est annoncé à un event de kickboxing, en voiture Simone vous êtes en lice pour un show à nul autre pareil. Ses entrées sont aussi efficace niveau sérotonine qu’une semaine de peignage de girafe sur l’île de beauté. On était présent au « Glory 28 » ce week-end à Paris et le mec est quand même entré sur du son Sud-Américain bien cosy-décontracté-caliente en dansant la salsa, ce qui est d’un panache absolument magnifique à deux minutes d’échanger des crochets au foie et des middle-kicks à pleine balle avec les combattants les plus violents et affûtés de la planète.

 

Sa musique d’entrée, magique

Parce que oui si vous ne le saviez pas encore : Josh Jauncey est un Kickboxer professionnel, et ne le cherchez pas dans le ventre mou attention les amis ; c’est l’un des prospects les plus prometteurs toutes organisations confondues de ces dernières années.

A 22 ans et officiant en Lightweight (-70 kilos), il a déjà amassé 24 victoires, dont la moitié par KO pour 6 défaites sur les circuits pro. Ancien champion nord-américain, il s’est surtout fait connaître par sa récente signature et ses résultats avec le nec plus ultra, les cimes, le Mont Rushmore du kickboxing : le « Glory ». Sur les 7 combats qu’il a disputés dans l’organisation il a d’ores et déjà tamponné 5 victoires, dont 4, avant la limite. Si ses deux défaites ont été claires et nettes, elles ont eu lieu contre respectivement un Thaïlandais surdoué ancien champion du Lumpinee (Sittichai) et un génial Italien tellement propre que tout le monde s’accorde à dire qu’il cristallise ce qui se fait de plus proche de la perfection en terme de mouvement et d’intelligence de combat (Petrosyan). Vous comprendrez donc aisément qu’on préfère y aller mollo au moment de lâcher les hyènes et juger ces « contre-performances ».

S’il est aussi fascinant de suivre le jeune Canadien, c’est parce qu’il vous rappelle à chaque seconde pour quoi on parle d’Art quand on regarde des sports de combat. Parce que si ses combinaisons en Anglaise sont envoyées à la vitesse d’un Gökhan Saki épileptique, et que ses kicks sont d’une vitesse et d’une précision tout bonnement terrifiantes (ses low-kick ultra-massif de haut en bas qui dégomment les cuisses comme on éclate une vulgaire bûche à la hache de guerre.. il faut le voir pour le croire), c’est bien son intelligence de combat et son style qui lui donnent 3 bons coups de pédale d’avance sur le peloton.

Toujours au Glory 28, une démonstration.

Toujours au Glory 28, une démonstration de Josh Jauncey.

Il a littéralement un coup d’avance sur chaque mouvement de son adversaire. Il a un tel sens des distances, du rythme d’un combat et surtout une telle lecture du physique de l’adversaire qu’il ressort une étrange impression de facilité. Un peu à la manière de Federer quand il est dans « la zone », il est capable une fois qu’il a bien cerné la physicalité de son adversaire d’adapter ses enchaînements et les niveaux auxquels il travaille (corps-tête-jambes) pour rentrer et passer la garde encore plus facilement et plus efficacement échange après échange. Ajoutée à cette rare compréhension en temps réel (et aussi parce que c’est bossé à l’entraînement faut pas se leurrer non plus), une rapidité et une fluidité absolument hypnotique. Si il est capable de lire les cartes de l’adversaire, c’est surtout sa vitesse d’exécution lui permet de mettre en oeuvre toutes ses belles stratégies. Il est rarissime de le voir se faire contrer et plus rare encore de la voir se faire « out-striker », c’est-à-dire prendre plus de coups qu’il n’en donne. En d’autres termes en plus d’être surpuissant sur chacun de ses coups le mec se paie aussi le luxe d’envoyer le volume qui va avec. C’est beau à en pleurer je vous assure…

Glory 28, Théâtre des rêves...

Glory 28, Théâtre des rêves…

On pourrait s’étendre sur son appétit tout particulier pour le foie de ses adversaires, qu’il prend un malin plaisir à aller chercher à chacune de ses apparitions ou encore sa superbe barbe, qu’il nous fait de temps en temps l’honneur de laisser pousser en la surmontant d’une moustache montante tout à fait exquise que seul un vrai descendant de Casanova aurait le cran d’entretenir, mais on en aurait pour des plombes et votre soirée ne va pas se faire toute seule… Alors Mesdames et Messieurs les jurés je vous demande de vous lever, et vous propose de nous quitter sur ce « fun fact » à propos de l’Italie du temps de Casanova qui m’a personnellement bien fait marrer :

À l’époque, la prostitution était subventionnée par l’état.

Voilà, faites-en ce que vous voulez, moi je me tire…

Rust

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Tags Kickboxing

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  1. Glory in Paris for glorious feelings | La Sueur

    […] Jauncey vs Johann Tkac : Mon cher confrère Rust a déjà écrit un article suffisamment complet sur le pugiliste canadien et ses indéniables qualités, je vous y renvoie […]

    Répondre