Interview du duo électro Paradis, à l’occasion de la sortie de leur premier album intitulé Recto Verso. 

À l’heure de la sortie de leur premier album Recto Verso, on est allé rencontrer  Paradis , le duo le plus en vogue du moment. Mêlant subtilement électro et paroles en français, Simon Mény et Pierre Rousseau sont devenus grâce à seulement quelques morceaux, les grands espoirs de la scène française. On  a ainsi discuté avec Paradis de ce premier album, de leur rencontre mais aussi de leurs nombreuses influences.

On vous connaît depuis désormais 2011. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de sortir ce premier album ?

Paradis: [Rires puis temps de réflexion] C’était un processus assez long, car on a décidé d’attaquer cet album indépendamment du reste. On s’est dit que ce serait bien de partager d’autres choses avant. Par ailleurs, on a également énormément travaillé le live. On était des musiciens de studio et c’était important d’arriver avec des idées assez claires au moment de monter sur scène. On n’avait pas envie que ce soit un album de producteurs.

Il faut savoir qu’on a un rapport avec la musique qui est de vivre avec les morceaux et de leur laisser un certain temps. Les 12 chansons de cet album, on les a travaillé une par une puis on a cherché ensuite un point d ‘équilibre pour avoir un ensemble cohérent. On a voulu obtenir quelque chose qui ne soit pas répétitif avec des morceaux plus lents, d’autres plus agressifs.

C’est un processus qui est un peu à l’opposé de ce qu’on voit actuellement dans la musique avec des sorties d’EP tous les 6 mois…

On trouvait que c’était intéressant d’aller explorer un ensemble, même si l’album n’est plus très adapté à la façon dont on consomme de la musique aujourd’hui. On voulait raconter aussi qui nous sommes et pourquoi on travaille tous les deux.

Votre première rencontre a eu lieu lors d’une soirée à Paris en 2010. Comment vous vous êtes mis ensuite à travailler ensemble ?

Cela a pris très peu de temps. On s’est revu le lendemain ou quelques jours après, mais c’était une décision assez instantanée. On est venu très vite à la réalisation des premiers sons. Même si on a des goûts musicaux assez différents, ce fut finalement assez complémentaire. On s’est construit une palette sonore très rapidement qui a été envoyé à un proche  et qui nous répondu dans les heures qui ont suivi. Cet album est peut-être une façon de revenir dans un cycle à l’opposé de nos débuts.

Vous possédez un univers assez unique. Comment est venue cette idée de placer des paroles en français sur de la musique éléctro ?

C’est venu très naturellement. Avant de se rencontrer, on faisait tous les deux de la musique instrumentale. Quand on a commencé ensemble, on avait envie de poser une voix sur cette palette. On a une approche très musicale de la langue puisqu’on construit d’abord les mélodies avant d’écrire les paroles. Il n’y avait pas de parti pris au départ de chanter en français, c’était juste plus simple. On a fait des tests en anglais, mais on trouvait que c’était plus beau en français, car on maîtrisait les subtilités de prononciations et le choix des mots.

Depuis qu’on a commencé à faire cela, il y a maintenant beaucoup d’artistes qui ont la même approche. Mais nous, on a l’impression de se s’inscrire dans une continuité d’une musique française qui était tournée vers celle de son époque comme Etienne Daho qui chantait sur de la Drum and Bass. On n’est donc pas vraiment novateur à ce niveau-là, ce fut juste une démarche naturelle et sincère. On était aussi très inspirés à nos débuts par toute une scène du label Kompakt qui chantait  en allemand.

Vous avez d’ailleurs fait un remix de Trésor de Flavien Berger où on peut entendre des paroles en allemand. Est-ce justement un hommage à Kompakt ?

C’est un hommage à toutes les musiques qu’on aime et qui nous inspirent. C’était surtout une manière de remettre dans son contexte l’histoire de Flavien Berger qui a emmené ses élèves de Prépa en Arts appliqués à Berlin et au Trésor. On avait donc envie d’avoir un narrateur qui parle de cette scène mythique. C’était quelque chose d’assez amusant, on n’a même pas cherché à vérifier ce qu’il a dit. Si ça se trouve, il a lâché des horreurs, mais pour l’instant on n’a pas eu de procès donc tout va bien [rires].

Pour revenir à cet héritage d’Étienne Daho, Alain Chamfort et autres. Est-ce que vous l’assumez ou vous avez vraiment envie de vous détacher de la chanson française des années 80 et 90 ?

Non encore une fois on ne fait pas de la musique qui soit associée à des gens. L’affiliation de Daho, elle est très claire, celle de Chamfort un peu moins, mais ce ne sont pas nos références principales. Pour faire les malins, on fait plus de la chanson en français que de la chanson française et qui est plus esthétique qu’on aurait d’ailleurs du mal à définir.

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Parlons maintenant de l’aspect visuel de votre univers qui s’observe bien sûr dans vos clips, mais aussi d’une certaine manière dans vos chansons…

Ça se passe au niveau de nos inspirations. Les images nous influencent presque autant que la musique dans nos vies de tous les jours. C’est très important pour nous, on apporte un soin important à nos pochettes, à nos artworks et à nos clips.  Après  l’EP Couleurs Primaires, on a pris la décision que ce soit une personne qui centralise toute la communication visuelle. C’est Andrea Montano qui est donc chargé de cela et c’est le troisième membre informel du groupe. Toutes les images de notre projet passent par lui.

On a une approche très photographique, même dans les clips. C’est une chose qu’on construit au fur et à mesure et l’a on a vraiment envie d’affirmer cet aspect visuel de l’image en mouvement. Ce sont les prémices de quelque chose qu’on va développer par la suite. On fait tous les deux de la photo en parallèle, c’est donc une approche qui nous convient très bien.

Paradis: « On fait plus de la chanson en français que de la chanson française »

On a l’impression aussi que vous aimez dévoiler un nouveau morceau avec un clip…

Oui, les quelques fois où cela n’a pas été le cas, on a été très déçus. C’est important pour nous, mais les clips sont un exercice très délicat, car un morceau sans clip c’est des milliards d’interprétations possibles de la chanson. Avec une vidéo, ça le place direct dans une certaine image. On aime l’idée qu’une sortie d’un titre, soit un petit évènement.

Vous avez fait beaucoup de DJ Sets au cours des derniers mois. A partir d’aujourd’hui, ce sera désormais que du live ?

Ce sera surtout du live oui, mais faire des DJ Sets, ça nous plaît énormément. Cela permet de faire partager avec le public toute la musique qui nous influence. Mais maintenant c’est plus stimulant d’aller défendre notre album en live.

Pour terminer quel est l’album qui vous a le plus particulièrement marqué ?

Simon : Si je devais en garder un, ce serait l’album Lauryn Hill, The Miseducation of Lauryn Hill. C’est un disque que j’avais très jeune avec qui j’ai eu différentes phases.

Pierre : L’album qui m’a le plus marqué c’est Revolver des Beatles qui a la capacité d’être une collection de superbes belles chansons avec beaucoup de relief.

Merci beaucoup Paradis et bonne chance pour ce nouvel album Recto Verso.

Paradis – Recto Verso
Disponible le 23 septembre chez Barclay – Universal

 

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