Ce samedi 29 décembre 2018, au Forum d’Inglewood, Californie, se tient l’UFC 232 Jones vs. Gustafsson 2, qui clôture une année mouvementée dans l’organisation Reine du MMA.

Après le retour de Conor McGregor, la prise de pouvoir de Khabib Nurmagomedov, le titre de “Champ Champ” de Cormier, le rematch entre Jon Jones et Alexander Gustafsson vient apporter la touche finale pour ravir les fans. Leur premier combat, en 2013, avait été fantastique, une guerre totale comme rarement chez les Light Heavyweights, se soldant par une victoire de Jones (alors champion) sur une décision unanime très litigieuse. Gustafsson avait semblé être le premier à être capable de faire tomber Jones de son piédestal. Cette fois, il n’y a plus de Champion et de Challenger, les deux hommes s’affrontent pour la ceinture qui est devenue celle d’un autre, Daniel Cormier.

C’est dans une atmosphère de suspicion et de défiance vis-à-vis de l’organisation que cet UFC 232 va se dérouler : originellement programmé pour se dérouler à Las Vegas, l’événement a été déplacé à moins d’une semaine du jour J à cause de Jon Jones, la star du main event. En effet, celui-ci a été à nouveau testé positif à quelques jours de l’événement, ce qui a conduit la commission athlétique du Nevada à lui refuser sa licence et donc fait tomber à l’eau sa participation à l’UFC 232. Devant ce possible fiasco, l’UFC a décidé de déplacer l’événement à Inglewood, en Californie, où Jones a été autorisé à combattre.

Cet UFC 232 est axé autour d’une deuxième confrontation qui promet des étincelles : Amanda Nunes, championnes Bantamweight affronte Cris Cyborg, la championne featherweight, pour tenter de lui arracher sa ceinture et devenir la première double championne de l’histoire de l’UFC.

Le reste de la carte présente des combats de qualité, comme celui entre Chad Mendes, ancien challenger pour la ceinture des Featherweights et Alexander Volkanovski, la sensation australienne encore invaincue à l’UFC. Ce combat devrait déterminer le prochain à tenter de déposséder Holloway de sa ceinture, tout comme le combat entre Corey Anderson et Ilir Latifi, dont le vainqueur pourrait être gratifié prochainement d’une chance au titre, dans une catégorie des Light Heavyweights très peu dense.

Jon “Bones” Jones (22-1, 1 NC) vs Alexander “The Mauler” Gustafsson (18-4)

5 ans après leur face à face de légende, les deux combattants se retrouvent à nouveau dans la cage pour en découdre, avec une haine grandissante entre les deux, Gustafsson n’ayant toujours pas digéré d’avoir perdu aux yeux des juges, quand une grande partie des fans croyait l’avoir vu gagner. Cette nouvelle chance est une occasion pour lui de saisir la ceinture qui lui échappe depuis des années et qui cimenterait sa place dans l’histoire parmi les meilleurs de la catégorie. De son côté, après avoir été écarté de l’UFC et dépossédé hors de la cage du titre qu’il avait gagné à l’intérieur de celle-ci pour des problèmes extrasportifs (de dopage notamment), Jon Jones revient surmotivé et avec l’envie de faire taire les critiques en prouvant que le dopage n’avait rien à voir avec son niveau, et qu’il est toujours le combattant extraordinaire qu’on a connu. Malgré leurs différends, ce sont tous les deux des combattants longilignes, forts techniquement, avec un style très complet.

D’un côté, Jon Jones possède un background de lutte, qu’il a pratiquée à l’université, mais se distingue pas une versatilité incroyable, et un style très peu orthodoxe avec beaucoup de techniques de genoux et coudes (notamment le coup de coude retourné, sa marque de fabrique), des legs kicks et un grappling très fort, à la fois pour contrôler et fatiguer ses adversaires, ou pour le soumettre. Au vu de ses accomplissements et à seulement 31 ans, Jones est considéré par certains comme déjà le meilleur combattant de l’histoire de l’UFC, et un nouveau retour au sommet lui permettrait de cimenter sa légende un peu plus.

De l’autre côté, Gustafsson est un combattant très complet également, avec un style plus orienté sur de la boxe à distance, avec une technique de très grande qualité (champion junior de boxe anglais en Suède). Depuis son arrivée à l’UFC, il a immédiatement compté parmi les plus grands talents de sa catégorie et été tout proche de détrôner Jones, puis Cormier, dans les deux chances qu’il a eues pour la ceinture, perdant seulement à la décision et de très peu. Cette 3e chance représente probablement sa dernière, et l’occasion de compter parmi les grands, lui qui n’est considéré que parmi les très bons. Toute sa carrière et son parcours tournent autour de sa volonté de battre Jon Jones, une victoire qui vaudrait plus qu’une ceinture de champion à ses yeux.

Lors du premier combat, Gustafsson avait été le premier à infliger des takedowns à Jones, et le premier capable de répondre aux échanges debout, notamment grâce à son allonge et sa technique, avant de lâcher les 2 derniers rounds, épuisé mentalement et physiquement par l’intensité. L’enjeu pour lui sera de répéter le même genre de performance, tout en essayant de garder de l’énergie pour finir le combat en dominant.

Jon Jones Alexander Gustafsson UFC 232

Les clés du combat :

Le “cage rust” des deux combattants : Quand un fighters est actif (2 ou 3 combats par an),  son corps et son esprit sont habitués et préparés pour livrer une guerre dans l’octogone, il est moins à même de flancher physiquement ou mentalement lorsque les choses se durcissent. Dans le cas de Jones et Gustafsson, les deux n’ayant pas combattu depuis il est possible que leur faible activité (3 combats chacun depuis 2015) due aux blessures (pour le Suédois) et à la suspension pour dopage (pour Jones) les fasse paraître un peu rouillés dans la cage et joue sur leur niveau, surtout au début du combat. Celui qui gérera le mieux ce retour dans la cage partira avec un avantage dès le début du combat.

La gestion de la distance : Lors du premier affrontement, Jones avait trouvé en Gustafsson le premier à parvenir à le toucher à distance, là où Jones avait l’habitude de tenir ses adversaires au bout de ses immenses bras (2m11 d’allonge). Pour réussir cela, Gustafsson s’était appuyé sur sa boxe de grande qualité, et avait souffert quand Jones s’était rapproché pour utiliser ses coudes et ses genoux. Jones va donc devoir tenter de s’approcher, tandis que Gustafsson va essayer de garder Jones le plus loin possible pour transformer ce combat en match de boxe.

L’égo de Jones : Jones l’a admis lui-même : il est arrivé avec un égo surgonflé et en prenant le Suédois de haut (son entrée s’était faite en portant un t-shirt “Not quite human”, comprendre “Pas vraiment humain”) et il avait été cueilli à froid par Gustafsson, qui lui prit le premier round sans difficulté. Pour ne pas se faire surprendre de la même manière, Jones va devoir respecter son adversaire et rentrer tout de suite dans le combat et venir très préparé.

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Le cardio de Gustafsson : Après avoir pris les 2 (ou 3) premiers rounds du premier combat, Gustafsson avait fini sur les rotules, notamment dans le 5e round où il ne donne quasiment plus de coups et se contente d’attendre la sonnerie. Jones avait capitalisé sur cette baisse de cardio pour arracher le combat et garder sa ceinture. Gustafsson va devoir rester actif jusqu’au bout si le combat traîne en longueur pour espérer obtenir la victoire d’une vie.

Le pronostic : Jones par décision unanime.

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Cris Cyborg (20-1, 1 NC) vs Amanda Nunes (16-4)

Pour clôturer l’année des 25 ans de l’organisation, l’UFC offre aux fans le plus gros combat de l’histoire du MMA féminin : un superfight, championne contre championne, pour le titre des Featherweights féminines. Cris Cyborg après avoir écrasé une à une ses adversaires au Strikeforce, à l’Invicta et à l’UFC, au point que trouver une adversaire devient compliqué, se retrouve face à la dominante, mais moins terrifiante Amanda Nunes, qui reste sur 3 défenses de titre, dont une démonstration contre Rousey qu’elle a envoyée à la WWE. D’un point de vue mensurations, les deux combattantes sont assez similaires (1m73 pour 1m75 d’allonge environ), mais Cyborg dégage une telle puissance et présente une telle masse musculaire, qu’elle paraît plus grande et plus forte que Nunes. Les deux combattantes sont assez similaires dans leurs profils, complètes, avec une grosse puissance dans les points et un jeu au sol respectable (Cyborg est 2 fois championne du monde de Jiu-Jitsu Brésilien en ceinture violette, et Nunes a 3 victoires par soumission). Ce combat représente également le premier de Nunes en featherweight et ce pourrait être un facteur important, car Cyborg ne ressemble à aucune de ses adversaires précédentes.

Les clés du combat :

La puissance de Cyborg : Même si les deux adversaires vont combattre au même poids, Cyborg est vraiment très imposante pour une featherweight et a démontré à de nombreuses reprises sa puissance, comme l’en attestent ses 17 KOs en carrière, en clinch ou même en boxe. Nunes va devoir être très prudente, car un seul coup pourrait suffire à faire vaciller le combat. 

Les mains de Nunes :  Nunes est connue pour avoir des enclumes à la place des mains, et ce n’est pas Ronda Rousey qui dira le contraire, après le KO en 48 secondes qu’elle lui a infligé. Cyborg a démontré par le passé qu’elle pouvait encaisser des coups et mener un combat debout de qualité, comme lors de sa victoire face à Holm, une des plus grandes kickboxeuses américaines. Mais Nunes est un spécimen différent de ses adversaires précédents, et elle a bien plus de puissance que les adversaires précédents de Cyborg. 

La confiance des deux championnes : Cyborg n’a perdu qu’un seul combat depuis ses débuts MMA, son premier, et est sur une série de 20 victoires d’affilée. Elle n’a quasiment disputé que des combats pourle titre depuis 2009 et donne un sentiment d’invincibilité. Nunes a connu une progression linéaire, perdant 4 fois en carrière, mais apprenant toujours de ses erreurs. Aujourd’hui elle reste sur 3 défenses de titre, dont 2 démonstrations, et se sent prête pour réaliser un exploit. Elle va devoir faire preuve d’une confiance en elle à toute épreuve pour venir détrôner Cyborg et lui rentrer dedans. 

Le cardio de Nunes : Comme dans tous les sports de combat, le MMA nécessite un cardio important, surtout dans un combat qui peut durer jusqu’à 25 minutes et se déroule debout, puis au sol, puis debout à nouveau, etc. Cet enchaînement nécessite une endurance colossale, et Cyborg n’a jamais donné le moindre signe d’épuisement, là où Nunes a disputé 5 rounds, mais a parfois donné des signes de fatigue à la fin. Le cutting plus léger qu’elle va devoir réaliser pour l’UFC 232 va sûrement favoriser son endurance, laissant son corps moins éprouvé, mais cela reste un facteur décisif.

Le pronostic : Cyborg par TKO round 4

Les autres combats de la main card:

Mendes-Volkanoski (FW) : Dans ce combat de Featherweights masculins, qui représente probablement une demie-finale voire une finale pour la chance au titre entre ces deux adversaires au gabarit similaire (très trapus et explosifs), Mendes va tenter de boxer avec Volkanovski, qui lui va tenter d’imposer sa domination au sol, à la manière d’un Khabib Nurmagomedov. Pronostic : Mendes par TKO round 2

Latifi – Anderson (LHW) : Un peu à l’image du combat Mendes-Volkanovski, cette confrontation devrait voir son vainqueur en pôle position pour affronter le futur champion Light Heavyweight. Ici aussi les deux combattants ont un background de lutte, avec l’avantage au sol pour Anderson, et debout pour Latifi, qui a démontré qu’il était capable d’envoyer ses adversaires dormir à n’importe quel moment, par un KO ou une soumission bien sentie. Pronostic : Latifi par soumission round 3

Condit – Chiesa (WW) : Duel de génération entre un nouveau venu parmi les Welterweight, Michael Chiesa (14-4), et un vétéran de la catégorie, Carlos Condit (32-10). Les deux combattants sont sur des séries négatives, et Condit, qu’on croyait proche de la retraite se voit confronté à un Chiesa motivé et ambitieux dans sa nouvelle catégorie de poids (il combattait en Lightweight à l’UFC auparavant). Ce combat risque d’ailleurs de se dérouler, et probablement de se finir, au sol, où les deux adversaires présentent d’énormes qualités : 10 victoires par soumission pour Chiesa et 13 pour Condit. Malheureusement, Condit semble être sur un déclin très fort et risque le combat de trop (ou alors il a déjà fait quelques combats de trop…), là où Chiesa est encore frais dans la discipline. Pronostic : Chiesa par soumission round 2.

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Tags UFC

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