Craig Moore est derrière certains des clips vidéos des artistes les plus connus de la scène British actuelle. Parmi eux, Sigma, Alex Adair, Paloma Faith, Tinie Tempah, mais aussi et surtout Sigala. Spécialement pour La Sueur, il a choisi de parler de la vision artistique derrière notamment Easy Love et Sweet Lovin’, clips qui totalisent à eux deux plus de 250 millions de vues sur YouTube aujourd’hui. Un témoignage édifiant qui, on l’espère, donnera envie à certains de passer derrière la caméra.
Merci d’avoir accepté cette interview. Qui est Craig Moore ? Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis né en Afrique du Sud et je suis basé à Londres en tant que réalisateur. Sinon, j’adore le surf et j’aime rêvasser des vagues parfaites sur une île tropicale !
Quelle est ta définition d’un réalisateur de clips musicaux ? (= music video director)
Eh bien, le réalisateur est à la fois le directeur artistique et le réalisateur de film/cinéaste. Quand j’étais jeune, je voulais être le gars qui écrivait les concepts et les idées pour les clips musicaux. Je ne réalisais pas à l’époque qu’en fait, le gars qui écrit les concepts est le réalisateur.
Ce qu’on fait, c’est qu’on écrit l’idée puis on construit autour de ce concept, depuis le casting et l’esthétique/coiffure jusqu’au lieu et l’éclairage. Parfois, ça commence avec un shot que j’imagine ou ça peut commencer par une sub-culture. C’est un format excitant et ce sera toujours une importante source d’inspiration pour tous les créatifs.
Tu as travaillé avec Sigala, étant donné que tu es derrière ses clips les plus visionnés, Easy Love, Give Me Your Love et Sweet Lovin’. Comment cette rencontre s’est-elle passée ?
C’est super de travailler avec Sigala. Il fait une musique incroyable qui se traduit vraiment bien dans les clips. En fait, au début, je n’étais pas disponible lorsqu’Easy Love m’a été envoyée pour le pitch donc j’ai dû laisser passer l’opportunité. Quelques semaines plus tard, le label et Sigala n’avaient pas trouvé ce qu’ils cherchaient donc ils sont revenus vers moi, et c’est comme cela que l’aventure a commencé. C’est super de collaborer avec Sigala, ils adorent les visuels fun avec ce sentiment d’été.
Sur Easy Love, quelle était ton idée derrière tous ces enfants dansant et effectuant des battles entre eux sur le morceau ?
Easy Love a cette vibe des Jackson Five et il semblait donc judicieux d’avoir des enfants, étant donné la nature du morceau. Un ami m’a montré les « lucky aces » qui sont un duo de danse qui challenge d’autres groupes d’enfants à travers la vidéo. L’idée a ensuite évolué en un garçon qui trouve des lunettes de soleil magiques qui lui permettent de voir le monde à sa façon, où tous les adultes sont des enfants… donc il part à l’aventure à LA.
Sweet Lovin’ reste véritablement parmi nos visuels préférés de par ses couleurs et son irrésistible invitation à danser. Première question : Où a été tournée la vidéo et pourquoi ce(s) lieu(x) ?
On a tourné Sweet Lovin’ à Los Angeles. Enfin, les LA Roller Girls, c’est assez pour vouloir tourner à LA n’est-ce pas ? Elles sont vraiment géniales dans ce qu’elles font et elles pourraient littéralement danser sur leurs rollers. C’était incroyable de voir le tournage prendre vie durant la journée.
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Comment t’as eu cette incroyable idée d’avoir une femme faire du roller dans les rues, laissant derrière elle des nuages de fumée rouge sur son passage provoquant chacun à danser sur le morceau ?
Avec les clips, on n’a pas de restrictions au niveau de la créativité et c’est quelque chose que j’adore avec ce format. Il s’agit de prendre quelque chose qui paraît ordinaire et le rendre incroyable. La vidéo aurait pu être faite sans la fumée des rollers, mais rajouter la fumée donnait juste un peu plus à l’imagination des personnes qui regardent la vidéo. On a brûlé 100 canettes de fumée dans le tournage. C’était très spécial. Puis elle se balade/roule dans Los Angeles, transmettant à tout le monde sa « sweet lovin » vibe, puis les gens la respirent et se mettent à danser. Il était aussi important pour le casting d’avoir des personnes de la vie de tous les jours pour faire en sorte que l’on s’y reconnaisse plus facilement.
Quelles étaient les contraintes techniques auxquelles tu as dû faire face en filmant ce clip ?
Les résidents d’Hollywood. Haha. Non en vrai, il n’y avait pas de réelles contraintes. On avait la police et les pompiers à proximité par précaution, mais la journée s’est plutôt bien déroulée sans accroc. Hey, on a quand même propagé de sérieux nuages de fumée donc la sécurité était une préoccupation – c’était incroyable de voir Candice voler à travers ces endroits classiques depuis Hollywood jusqu’au centre-ville de Los Angeles, en passant par Riverbed.
La scène finale avec Candice Heiden étant rejointe par tout le crew de LA Roller Girls Ent, laissant des fumées de différentes couleurs, reste probablement la scène la plus mémorable du clip. Comment as-tu réussi à avoir cette scène particulière qui apparaît super bien dans la vidéo ?
Merci ! Ouais, c’était cool d’avoir le matériel dernier cri dans les vidéos, particulièrement dans les vidéos de danse, et j’ai toujours voulu filmer à LA Riverbed. Nous n’avions que quelques heures pour filmer cette scène, mais les LA Roller Girls étaient incroyables et on a bouclé en 3 prises.
À ce jour, la vidéo totalise plus de 150 millions de vues sur YouTube, tu t’attendais à cela?
Je me souviens avoir écouté la chanson pour la première fois quand elle me l’a été envoyée et j’étais genre là « wow, c’est tellement un son de fou ». Sigala écrit des cartons, et je me sens privilégié d’avoir eu l’opportunité d’avoir travaillé avec lui sur ses visuels. Tu ne peux jamais prédire ce qu’une vidéo fera et je suis vraiment satisfait de la façon dont elle a été reçue. C’est une de mes vidéos préférées.
https://vimeo.com/160612954
Tu as réalisé une pub pour Adidas qui s’appelle « The Movement ». Peux-tu nous en parler brièvement ?
Une agence qui s’appelle AndPeople au Cap m’a approché avec un brief cool pour Adidas qui impliquait de l’énergie du running. Ils voulaient que je capture le running d’une manière excitante. On a tourné la vidéo à Johannesburg en Afrique du Sud et on a utilisé un roller blading camera operator. C’était super parce que cela nous a donné la possibilité d’avoir des angles dynamiques et de la fluidité pour faire en sorte que le running soit excitant.
Quel conseil tu donnerais tu donnerais à quiconque aimerait se lancer dans une carrière dans la réalisation de films ?
Tu dois simplement poursuivre et savoir ce que tu poursuis. Sois proactif et tourne beaucoup parce qu’en faisant cela, tu développeras un style, et c’est ce style qui te définira ensuite en tant que réalisateur. J’ai toujours voulu être un réalisateur artistique de clips musicaux donc j’ai déménagé à Londres pour poursuivre mon art. La publicité semble prendre aussi un tournant et une approche plus visuelle, et je reçois de plus en plus de scripts où les marques veulent des publicités qui ont un peu de feel de clips musicaux.
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