Présenté en sélection officielle lors du dernier Festival de Cannes, Rester Vertical est le nouveau film du sulfureux Alain Guiraudie. Une magnifique fable sociale sur la condition de l’Homme.
4 ans après l’Inconnu du Lac (2012) – un huis clos en extérieur dans le milieu gay qui avait fait grand bruit – le réalisateur français Alain Guiraudie est de retour. Cette fois-ci avec Rester Vertical, le cinéaste nous emmène à travers la France et plus particulièrement en Lozère. On peut ainsi suivre le parcours chaotique de Léo, scénariste en panne d’inspiration qui erre à la recherche d’une histoire, de son histoire. Fasciné par les loups, Léo (Damien Bonard) va faire en plein milieu d’un causse (plateau du Massif central) la rencontre de Marie (la prometteuse India Hair) avec qui il va avoir rapidement un enfant. Mais cette relation va devenir impossible pour quelqu’un qui n’a toujours pas trouvé sa voie.
Comme dans l’Inconnu du Lac, Guiraudie va ici traiter de nombreux sujets d’actualités. Ainsi dans Rester Vertical, il va s’interroger sur l’euthanasie, la GPA, mais aussi sur la France profonde (celle des campagnes). Une France oubliée, mais qui continue à vivre dans l’ombre des villes. Sa représentation n’est pas pour autant réaliste, mais va plus tendre vers le rêve. Rester Vertical se rapproche de la fable et du conte avec une certaine part de fantastique.
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Le réalisateur prouve une nouvelle fois qu’il est l’un des maîtres dans la mise en scène. Chaque plan est parfait et construit avec une précision d’orfèvre. On retrouve par ailleurs un important travail sur le son – l’une des grandes réussites de l’Inconnu du Lac. Bien plus sage (quoique), Rester Vertical a tout de même une part très crue propre à Guiraudie. Dans une approche naturaliste, le cinéaste va nous proposer des scènes-chocs, mais très belles comme cette réinterprétation (à deux reprises) de l’Origine du Monde tableau de Gustave Courbet. Bien que magnifique, l’autre scène troublante (à la fin) qui combine mort et sexualité est plus que déconcertante, mais justifie à elle seule la découverte de ce film.
Rester Vertical confirme donc le talent d’Alain Guiraudie découvert pour le grand public avec l’Inconnu du Lac. Un film plus personnel que le précédent, mais qui nous fait réfléchir et nous trouble. Un long métrage qui donne tout son sens à sa toute fin avec cette splendide ébauche de l’Homme face à la nature. Un formidable conte philosophique et politique avec en prime le sosie officiel de John C. Reilly.
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