Essayer de comprendre Conor « the Notorious » McGregor serait comme rentrer dans la tête d’un combattant de génie multimillionnaire irlandais adulé comme un demi-dieu… Ce n’est pas à la portée de toute les grosses bourses et ça n’est certainement pas un fils de Breton étudiant en physique qui prétendra au titre de Pierre de Rosette des personnalités.
Néanmoins, ça n’empêche pas de rassembler des cartons entiers d’information pour en faire le tri, à la sauce « Spotlight », pour se faire une solide idée sur la question. En d’autres termes nous nous sommes chargés de décortiquer toutes les crevettes pour que vous n’ayez qu’à les déposer sur votre tartine beurrée ; voici les faits.
Conor était parti pour devenir le plus jeune double champion de l’histoire de l’UFC, et le troisième seulement à accomplir cet exploit après les tigres royaux du MMA Randy Couture et BJ Penn. Il avait réussi l’impensable en aspirant l’âme d’un Brésilien invaincu depuis 10 en 13 secondes et était sur le point de repartir piller la grange de son deuxième champion d’affilée, Rafael Dos Anjos.
La suite vous la connaissez : RDA se flingue le pied à la dernière minute du dernier entraînement du dernier jour de préparation et le combat est annulé. Nate Diaz, alors occupé à enfiler comme des nouilles des shots de tequila sur un bateau au Mexique, est appelé pour sauver l’évènement.
McGregor ajuste alors sa lunette, modifie son approche et enchaîne pour promouvoir le combat les conférences de presse, les interviews, les talk-shows, les morning-shows, les late-night shows, à la télé, à la radio comme il avait l’habitude de le faire (avec brio) depuis 2 ans, sans discontinuer, et avec à chaque fois autant de verve et d’énergie.
Seulement cette fois-ci, arrivé à l’échéance, il y reste.
Et pas avec le dos de la cuillère, imaginez plutôt un genre de louche avec une rangée de pièges à loups tout autour : un ground & pound d’une violence jurassique assaisonnée d’un étranglement arrière par un Nate Diaz beaucoup trop dur au mal, mentalement battleproof, technique et expérimenté.
Les 10 millions de gains estimés de l’ami McG n’y feront rien, les regards ont alors commencé à se baisser et les gorges à se racler. Nate aura eu 11 jours en tout et pour tout pour se préparer et c’est lui qui a survécu au premier round pour revenir au galop finir un adversaire exténué d’avoir tout donné sans succès. « On ne répare pas quelque chose qui n’est pas cassé » ont l’habitude de dire les futurs Trumpettistes. Après le choc, il allait alors falloir faire l’inventaire de la Villa Notorious, cambriolée sans états d’âme, pitié, ni remords par le « Stockton Squad ».
Bien sûr il y a plusieurs raisons sportives à la débâcle :
Après avoir dominé le premier round et balancé une avalanche de coups en provenance de toutes les parties du corps imaginables, Conor McGregor a dû se rendre à la terrible évidence qu’il ne finirait pas Nate comme il avait fini ses adversaires précédents. Il l’avouera lui même par la suite, il a alors cédé à la panique en réalisant qu’il lui restait 4 rounds en enfer. Malgré un cardio sensationnel en temps normal (John Kavanagh son coach, dira que c’est la première fois de sa vie qu’il avait vu McGregor hors d’haleine après un effort), il montra alors d’inquiétants signes de fatigue. Chael Sonnen, un autre combattant vétéran du game soutient que peu importe l’excellence de sa condition physique et de ses skills, quand un fighter persuadé de pouvoir terminer son adversaire passe en mode « berserker », mais n’arrive pas à ses fins, c’est le début du terminus et son état de fatigue physique couplé à la terrifiante réalisation qu’il a tout donné, mais que ça n’a pas suffi. Cela sonne généralement le glas de tout semblant de cohésion et de respect du gameplan chez le combattant. C’est selon toutes vraisemblances ce qui s’est déroulé sous nos yeux, fatigués de la nuit blanche pour en arriver là. Il a alors, cédant à la panique la plus totale, tenté le takedown de la dernière chance contre une des ceintures noires de J.J.B les plus redoutées du MMA. En retournant le rubiks cube dans tous les sens le verdict était sans espoir, on courait au désastre.
Humble dans la défaite, « Notorious » est pour ne rien gâcher extrêmement intelligent dans ses approches ainsi que parfaitement lucide quant aux problèmes auxquels il fait face. Et le problème principal ça faisait déjà un bon moment qu’il l’avait localisé : le temps et l’énergie qu’il se contraint à consacrer aux médias hebdomadairement.
Il n’aura eu de cesse de répéter à qui voulait l’entendre dans tous les podcasts sérieux de MMA ayant eu la bonne idée de s’intéresser à LUI sans attendre le prochain sketch du « one man show » comme 90% des émissions auxquelles il aura pris part, que les médias lui drainaient véritablement son énergie. Les interviews elles-mêmes, sans compter le temps assis dans une voiture ou un avion, sans bouger tandis qu’on le trimballe d’un studio à l’autre comme un cirque itinérant. Ça ne peut pas être une manière saine d’aborder une préparation de combat au pus haut niveau. Car ne nous y trompons pas, il y a conférence de presse et « Conorférence de presse ».
À tous les combattants et fans qui s’offusquent en affirmant que « ça fait partie du travail, et que tout le monde s’y colle alors pourquoi il aurait un traitement de faveur », il convient simplement de répondre que si on parle aujourd’hui de l’UFC sur ESPN ou dans les talk-shows regardés par des millions de téléspectateurs, autrement dit si le sport à récemment fait un gigantesque bond de popularité aux yeux du monde, ça n’est pas grâce aux athlètes lambda qui se contentent de faire le minimum syndical, c’est parce que les Ronda Rousey et les Conor McGregor de ce monde ont décidé de passer à la vitesse supérieure niveau publicité. Ronda Rousey avant sa défaite était partout, de Hollywood à « Ellen DeGeneres » en passant par des photos shoots nue comme une truite sur la couverture de magazines de mode. Après son combat contre Aldo vous ne pouviez pas aligner deux pas sur YouTube sans trébucher sur un « best-of interviews » de McGregor ou un Highlight de la fierté de Dublin. Et qu’on le veuille ou non c’est ce genre de performances marketing qui fait gravir les marches quatre à quatre, ces figures charismatiques et bankables sont des vecteurs indispensables à une progression plus rapide du sport à grande échelle.
C’est pour cette raison que ceux qui se félicitent d’un tel muselage de la part de l’UFC jouent probablement contre leurs propres intérêts : si le sport en venait à jouer des coudes avec la NBA ou la NHL, les salaires seraient revus à la hausse pour tout le monde, il ne pourrait pas en être autrement, sans compter qu’une telle popularité de l’organisation phare ferait éclore des petits frères un peu partout, et alors on est parti comme un dragster vers les sommets !
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Une variable peu prise en compte par les médias dans ce nœud gordien des temps modernes, c’est la situation du MMA en Irlande depuis l’ascension de Conor : quand il combat c’est tout un pays qui s’arrête, il est leur plus grande star depuis Roy Keane ou Brian O’Driscoll, il est l’idole de milliers de jeunes combattants du vert pays et que les médias soient pour ou contre ils relaient chaque faits et gestes de la superstar et du gorille rugissant sur son sternum. Il y a quelques semaines, un portugais du nom de Joao Carvalho est mort peu après avoir été ground & poundé sans relâche jusqu’à l’arrêt de l’arbitre (bien trop tardif par ailleurs) par un coéquipier de McGregor, s’entraînant dans le même club (SBG Ireland).
R.I.P
McGregor était présent dans l’arène pour l’événement et il a même publié un long post sur Facebook pour exprimer sa douleur, mais ça n’a pas pour autant diminué la vague d’indignation et de critiques que le sport a alors dû essuyer là-bas. Pression médiatique donc, et c’est sans même parler de l’impact psychologique sur Mystic Mac lui-même. Alors comprenez qu’aller s’engager dans une semaine de trashtalk style WWE aux quatre coins du monde quelques semaines seulement après avoir été au centre d’un ouragan de reproches et de demandes d’explications dans son propre pays, on peut aisément figurer que Notorious n’ait clairement pas eu la tête à ça…
Il a donc « décliné l’obligation » de venir jouer les hommes sandwich dans un « Mini World Tour » pour la compagnie à l’octogone. Malheureusement l’UFC n’est pas le genre de corporation à laquelle tu peux vraiment dire non, et encore moins tenter d’imposer ta loi.
Un combattant n’est payé (pour l’extrême majorité) que lorsqu’il combat.
Les salaires mensuels, les 13èmes mois, rangez ça tout de suite les amis. Il a un contrat qui stipule qu’il gagnera une certaine somme s’il combat et le double s’il gagne, ce à quoi s’ajoutera l’argent d’éventuels sponsors ou de bonus s’il livre une performance remarquable. Oui seulement à l’UFC, les sponsors sont quasiment chassés à l’arbalète-gatling par le deal Reebok qui interdit toute autre marque sur les shorts ou les banderoles que la leur (et la marque « Monster » et Budweiser, qui ont elles aussi signé des contrats d’exclusivité avec l’UFC), alors pour convaincre « Vazyvaseline ® » de vous filer du blé en échange d’un peu de pub, va quand même falloir être méchamment sûr de ses arguments ! C’est pour ces raisons par exemple que Demetrious Johnson a perdu son juteux contrat avec Xbox et que Vitor Belfort a vu ses gains diminuer de plusieurs millions d’un combat à l’autre.
Pourtant nom d’un « kazoo kid » c’est clair que vu comme ça c’est stylé le deal Reebok
Et puis quand on vous dit que les combattants sont payés plusieurs milliers de dollars par combat d’accord, mais ils n’en touchent même pas le tiers et ils ne combattent que trois fois par an en moyenne (ça aussi c’est dans le contrat). Avant son combat contre Mystic Mac, Nate Diaz, pourtant une des stars les plus prolifiques de l’UFC en termes de ventes, n’avait été payé que 40 000$ en tout et pour tout de la part de l’UFC. Il n’en aura touché personnellement qu’aux alentours de 8 000 et cette année-là il n’aura combattu qu’une fois. Rappelons quand même qu’il fait partie de l’organisation depuis un peu moins de dix ans maintenant, et qu’on parle d’un sport ou les risques pendant et post combat sont d’une extrême gravité en termes d’impact sur la santé physique et mentale. À tel point que certains vétérans de l’UFC comme Cody McKenzie, MacDanzig et quelques autres ont dû purement et simplement mettre un terme à leur carrière tellement leur situation financière était devenue intenable !
Cody McKenzie aka d’Artagnan de la hess
Alors bien sûr Conor n’en est pas là puisque le salaud a engrangé environ 10 millions de dollars en cumulé après sa dernière apparence, mais ce bras de fer dépasse largement le simple stade du concours de bite entre Tonton Dana et Conor Junior, c’est le sport au complet qui en est à un virage crucial.
Sans se lancer dans une séance de pignolage intellectuelle et parler de combat pour un monde meilleur, faut pas exagérer non plus on n’est pas dans un péplum avec the Rock et des armées en CGI, il sera intéressant de voir de quel côté se rangeront les combattants, entraîneurs, journalistes, managers et observateurs.
Et parce qu’il est toujours jouissif de s’abandonner à la délation, on notera que des figures comme Cain Velasquez, Eddie Alvarez et Frank Mir ont d’ores et déjà condamné la postion de McGregor, tandis que Jon Jones, Demetrious Johnson et Rory MacDonald ont quant à eux pris parti pour l’Irlandais, avouant parfaitement comprendre sa position. Le décor est posé et nous sommes à votre service pour relayer toute autre dénonciation aux forces de l’ordre.
Et en parlant de comportements déviants, quoi de plus à propos qu’une citation conclusive de l’ami cocaïnomane Sigmund Freud, à qui l’on prête le « one-liner » suivant :
« Les Irlandais sont le seul peuple imperméable à la psychanalyse »
Enfin vu la pluie de billets verts qui est tombée sur le toit de Conor ces derniers temps, on peut quand même dire que le man a l’imperméabilité sélective..
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