Peuplée de quelque 700 habitants, cette petite ville s’est retrouvée sous le feu des projecteurs ces deux dernières années. C’est ici que Netflix a choisi de réaliser un documentaire sur cette université, sur son équipe de football américain, les Lions : Last Chance U.
East Mississippi, c’est un espoir de rédemption pour des joueurs avec un passé disciplinaire trouble qui les a sorti du système universitaire. Un système où la discipline est une règle fondamentale. Le moindre écart de conduite mène à une exclusion, de l’équipe ou de l’université. Depuis quelques années, EMCC s’est intéressé à ces cas, ces joueurs ayant fauté se retrouvant perdus. D’un point de strictement sportif, le bilan l’université est une réussite. Réussite provoquée par un bon encadrement, de bons coachs, mais surtout grâce aux joueurs.
En effet, si les excellents résultats d’EMCC se poursuivent au fil des années, c’est en grande partie parce que les joueurs qui rejoignent les rangs du sulfureux coach Buddy Stephens sont des joueurs talentueux, et n’auraient, selon toute vraisemblance, rien à faire en Junior College. Ces joueurs passés par FSU (Florida State University), Penn State ou encore Georgia ont le niveau pour évoluer dans ces équipes de NCAA, s’ils se retrouvent perdus dans le Mississippi, c’est purement pour des raisons extra sportives. Ainsi, la réussite d’EMCC n’est pas de créer quelconque exploit sportif, c’est de réussir à remettre ces jeunes dans la bonne direction afin de parvenir à des objectifs sportifs, pour qu’ils retrouvent au plus vite la place qu’ils devraient occuper.
Scooba est une ville perdue au milieu de nulle part, dans laquelle, pour résumer brièvement, il n’y a rien à faire. Un Subway sur le campus, et rien, pas de bars, boîtes de nuit. Les joueurs détestent l’endroit et certains installent même un décompte sur le téléphone jusqu’au jour où ils quittent le Mississippi. Pour l’encadrement, c’est un aspect positif, l’absence de distractions leur permet de se concentrer sur les études et les entraînements. Malgré ces résultats probants et trois titres nationaux glanés en 2011, 2013, et 2014, Last Chance U met en évidence des problèmes plus profonds.
Dans Last Chance U, la plupart des joueurs dont le portrait est détaillé sont des jeunes joueurs d’origine afro-américaine. Ces joueurs représentent une classe sociale américaine au quotidien difficile, dans des quartiers pauvres et dangereux. Pour ces jeunes, le rêve de NFL constitue une chance de pouvoir gagner sa vie, s’offrir de belles voitures, mais avant tout de pouvoir assumer les besoins de ses proches. Pour pouvoir atteindre un jour le plus haut niveau, l’étape la plus importante est le passage à l’université. Évidemment, les meilleurs sont des bons élèves, et sont d’excellents joueurs, ils obtiennent des bonnes notes, leur diplôme le cas échéant, s’inscrivent à la draft et s’envolent pour la NFL. Seulement tous les joueurs ne suivent pas ce parcours idyllique, et comme beaucoup de jeunes ailleurs, certains commettent des erreurs.
Dakota Allen est à Texas Tech University lorsqu’il est arrêté pour un cambriolage. Lui et deux de ses amis se sont introduits dans une maison et repartant avec des armes et du mobilier. Celui qui était promis à un poste titulaire la saison suivante s’est donc fait expulser. Pour lui, la chaleur de Scooba représentait sa dernière chance de jouer au football à un certain niveau. Au cours de cette année à EMCC, Allen a montré à quel point il avait mûri. Il a démontré une assiduité au travail remarquable obtenant d’excellents résultats scolaires. Mais les équipes ne sont pas intéressées. Bien qu’étant le meilleur défenseur de son équipe, Dakota Allen essuie les refus, ce n’est que très tard dans la saison qu’il se verra proposé une deuxième chance à Texas Tech. Allen en est conscient, et rappelle souvent, plein de sarcasme, qu’il est un « danger pour la société ». Son exemple nous montre à quel point la réinsertion est difficile une fois qu’on est étiqueté « thug » dans la société.
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Dans ce monde sportif presque exclusivement constitué d’hommes, la personne la plus importante pour cette équipe est une femme, Brittany Wagner, conseillère des joueurs. Son métier, s’assurer que chaque joueur fait le minimum demandé. Devoirs, évaluations et même la présence obligatoire au cours, Brittany Wagner prend en charge ces joueurs pour des tâches qui sembleraient évidentes pour d’autres étudiants. Autrement dit, elle représente un rôle de « maman de l’équipe ».
Seulement, Brittany a face à elle des jeunes garçons au caractère prononcé. Elle apparaît très souvent épuisée face aux comportements désinvoltes des joueurs de l’équipe. Manque de respect aux professeurs, absences répétées, devoirs non faits, Brittany est seule pour s’occuper de ces qui devraient être déjà responsables. Car « Miss B », comme certains la surnomment, ne peut que les pousser, s’ils n’obtiennent pas le minimum, c’est la fin. Le sport à l’université est un système impitoyable, l’aide que vous recevez pendant que vous en êtes un membre est impressionnante. Aide aux devoirs, salle de sport, dortoirs, vestiaires modernes, l’accompagnement proposé pousse les étudiants vers la réussite scolaire et sportive. En cas d’échec, il est facile de se retrouver abandonné. Et certains de ces jeunes ont besoin d’être accompagnés socialement.
Lorsque Buddy Stephens a décidé de recruter De’Andre Johnson, ce dernier venait de se faire expulser de Florida State University pour avoir frappé une jeune femme dans un bar de Tallahassee. Ce cas a suscité de nombreuses réactions notamment de la part de ceux qui pensent que tout ne peut pas être pardonné, surtout lorsqu’il s’agit d’être pardonné pour permettre d’apporter de la qualité à une équipe de football. Pour expliquer son choix, Coach Stephens avait expliqué que Johnson recevrait un accompagnement en rapport avec l’agression dont il avait été l’auteur quelques mois plus tôt. Cet accompagnement, il ne l’a jamais reçu. Le programme l’a formé à être un excellent quarterback, ce qu’il été déjà avant. À Scooba, il s’est entraîné, et a mené les Lions à de nombreuses victoires qui l’ont conduit à être recruté par Florida Atlantic University. Mais humainement, De’Andre Johnson est-il sorti grandi de son année à EMCC ?
L’accès que les caméramans ont obtenu pendant ces saisons est un fait rare pour un documentaire. Ils ont eu l’occasion de filmer ce qu’ils souhaitaient, ce qui a offert au public une vue dans l’intimité du vestiaire.
Quand la communication est une composante extrêmement importante au sein d’une université, où il est primordial de montrer l’enceinte sous son meilleur jour pour attirer les meilleurs talents du pays. Eastern Mississippi Community College ne cache pas ses défauts, a l’image de son coach Buddy Stephens. Un langage vulgaire pour quelqu’un qui s’était dit vouloir changer, des « f**k » à répétitions, des moments de colères fréquents accompagnés de quelques « dégage de là » aux caméramans. Last Chance U ne ment pas, il ne promet pas de happy ending, et apparaît comme un programme paradoxal, avec des succès, mais terriblement usant. Le sportif au-delà de tout ? Brittany Wagner est partie, départ provoqué par l’attitude du coach. Marcus Wood, fidèle assistant, une fois qualifié de « coach en devenir » par Stephens, a choisi d’occuper des fonctions administratives après que ce même Stephens s’en soit violemment pris à lui lors d’un match sans enjeu de fin de saison. Clint Trickett, coach des quarterbacks, très apprécié de ses joueurs, lui aussi est parti.
Ce documentaire présente un système complexe, éprouvant pour l’accompagnement. Alors est-ce vraiment tout pour la victoire ? Last Chance U nous laisse cette liberté de jugement.
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