Le MMA n’est pas en train de mourir. Toutefois, il ne grandit plus. C’est en tout cas le constat troublant dressé par les données de Tapology : après un pic de 20 692 combats en 2017, le monde du MMA professionnel connaît un déclin constant. En 2024, seuls 16 808 affrontements ont été comptabilisés, et 2025 pourrait tomber à 13 636 si la tendance se poursuit. Aux États-Unis, cœur historique de la discipline, on est passé de 6 266 combats en 2009 à 3 027 en 2024. De plus, le Brésil et la Russie, autres berceaux du MMA, suivent la même pente descendante. Le phénomène touche aussi le Canada, l’Australie ou le Royaume-Uni. Autrement dit, les piliers historiques s’effritent. Selon certains analystes, notamment le chercheur Rich Luker, cette baisse n’est pas qu’un effet post-COVID mais marquerait plutôt la fin d’un cycle. En effet, l’expansion si rapide et soudaine du MMA reposait sur la nouveauté. Ainsi, une fois l’élan passé, l’engouement semble désormais quelque peu retombé.
Cependant, dans ce paysage morose, une exception persiste : l’UFC. Depuis son contrat avec ESPN en 2019, la machine gérée de main de maître par Dana White tourne à plein régime. Jamais il n’y avait eu autant d’argent et de visibilité. Pourtant, on peut se poser la question suivante : à quel prix pour le reste du secteur ? Les détracteurs de l’organisation parlent de monopole. Rachat de concurrents, contrats exclusifs, accumulation de talents sans les utiliser… Le procès antitrust en cours pointe cette stratégie étouffante. La concurrence ? Le Bellator, racheté par le PFL, peine désormais à rebondir tandis que ONE Championship se replie sur le Muay Thai. In fine, l’UFC se renforce, mais laisse derrière elle un désert. Moins de galas signifie moins d’occasions pour les combattants, surtout les jeunes. Et si l’on regarde vers le bas de la pyramide, les promotions locales et indépendantes souffrent d’un manque criant de visibilité.
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Alors que l’UFC attire toute la lumière, l’infrastructure du MMA mondial s’effondre en silence. Les circuits secondaires se raréfient. En outre, les combattants ont de moins en moins de portes d’entrée, si ce n’est les filières UFC comme les Contender Series. Toutefois, l’exemple japonais fait figure d’exception. En effet, protégé par une tradition locale forte, le MMA nippon reste indépendant. Mais ailleurs ? L’industrie pourrait, à court ou moyen terme, se retrouver enfermée dans un modèle unique, piloté par une seule entité. Cela signifierait moins de diversité, moins d’innovation, et surtout moins de choix pour les athlètes.
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