La Sueur était à l’avant-première de « Lukas », le polar franco-belge réalisé par Julien Leclercq. Le pitch ; un videur de boîte de nuit tente de joindre les deux bouts pour sa fille et se retrouve plongé dans la spirale sombre du grand banditisme européen. Si le scénario tire une ficelle usée jusqu’à la corde, c’est finalement assez secondaire tant la force de ce film réside dans l’expérience sensorielle. 

Avant que ne commence la projection du film, dans une salle comble et entièrement acquise à Jean-Claude Van Damme, le réalisateur Julien Leclercq et les principaux acteurs eurent le temps de placer quelques mots pour l’assemblée. Leclercq, pour son 5e film, nous expose alors les fondements de ce film qu’il a voulu comme « une mouvance contre le cinéma américain, contre les plateformes. ». Et d’ajouter, pour compléter son propos ; « J’adore Avengers, mais il faut qu’il y ait autre chose. Il faut défendre les films noirs, sombres comme celui-là. » Amen.

La parole est alors à JCVD. Légendaire et fidèle à lui-même, il lance la projection d’un gracieux : « C’est grâce à vous qu’aujourd’hui j’existe encore, thank you so much I love you ». Il est vraiment difficile de ne pas l’aimer, notre Van Damme pas du tout national…

Lukas – Le film

Entièrement filmé à une caméra, il suit Lukas dès le premier plan pour ne plus jamais le lâcher. Pas pour une seule seconde. Tout repose donc sur la performance de Van Damme, dans la peau d’un homme-monolithe terrassé par la vie et dont le cœur ne se remet à battre que lorsqu’il revoit sa fille.

Soyons simples et parlons clair : JCVD livre ici une des meilleures performances de sa carrière. Le rôle est sombre, l’univers l’est tout autant et l’acteur belge y donne un impressionnant volume. S’il ne parle pas beaucoup et offre un jeu volontairement minimaliste, son regard est loin d’être vide. Son visage marqué et taillé à la serpe, qui aurait fait le bonheur d’un Sergio Leone, magnétise encore un peu plus le spectateur.

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La réalisation quant à elle, puissante et maîtrisée, puise son inspiration dans certaines productions (paradoxalement) américaines comme Drive ou True Detective. Ce qui est cependant LOIN d’être une tare… Les musiques quant à elles sont surtout intradiégétiques (elles sont audibles par les personnages et font partie de l’univers. #MotCompteTriple #LaSueurSnipersLexicauxRaaaight) et le reste de l’ambiance sonore est laissée à vif. Les courses poursuites et autres situations nerveusement engageantes n’en sont alors que plus prenantes, chaque coup de feu étant ressenti, et chaque froissement de taule, chaque coup de poing décuplé.

Car l’atmosphère dans laquelle on est plongé est l’autre grande force de ce long-métrage. Visuellement, auditivement, l’univers de « bas fonds du crime organisé » du film est particulier, réaliste, cru sans jamais être laid. Nous évoquions plus tôt Nicolas Winding Refn avec Drive, mais on retrouve également quelque chose de l’ambiance des films Pusher ou encore Bronson. Comme une évidente volonté artistique originale et travaillée malgré l’authenticité que le réalisateur cherche à retranscrire. L’univers est violent, noir et impitoyable, mais le film est pourtant beau, il donne une impression de calme, presque de lassitude pour faire écho à celle du personnage principal.

Si le scénario accuse quelques facilités dans le déroulement, il prend néanmoins des risques et saura vous prendre de court. Et si certains seconds rôles manquent de profondeur, ça n’est pas réellement dommageable à l’expérience en elle même.

Lukas – Verdict

Lukas est donc un très bon film, JCVD nous fait découvrir une nouvelle profondeur dans son jeu et Kaaris (oui oui, il est dedans) a correctement fait le job avant de partir en zonzon. Alors, ne comptez pas nous voir bouder notre plaisir de voir débarquer une telle bouffée d’air sombre dans le paysage du film français ! Parce que nous, on adore les films bre-som français. Dans 20-30 ans y en aura plus…

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