Conor McGregor vs. Floyd Mayweather, The Money Fight. Tous les regards seront tournés vers les deux phénomènes ce samedi 26 août.

Quelques heures avant le combat du siècle au nom du Pèze, du Fisc et du Saint Dollar, arrêtons-nous une petite seconde sur l’enfance de nos deux assassins. Alors si vous cherchez des réponses sur la manière dont ils ont forgé tous les deux leurs personnalités hors du commun, installez-vous tranquillement : La Sueur paye sa tournée. 

Money

Des parents absents, une famille baignant dans le trafic de drogue, la Boxe. Par de nombreux aspects, la jeunesse de Floyd Mayweather, né à Grand Rapids dans le Michigan, évoque celle de Mike Tyson. Accrochez-vous à vos crottes de nez, ça démarre sec. À deux ans à peine, Floyd est utilisé comme bouclier humain par son propre père.

Floyd Mayweather Senior, alors bien décidé à rester en vie alors que son beau frère pour des histoires de drogue et de respect s’est déplacé jusque chez lui pour en finir, a profité du chaos pour se saisir de son propre fils. Il le tient en l’air par les chevilles comme un paquet de Haribo. Tony Sinclair, arme au poing et visiblement pas évidente à raisonner, lui balance alors une bastos dans les mollets. C’est le gauche qui prendra, déchiré par l’impact. Floyd Sr ne s’en remettra jamais complètement et sa carrière, minée par ce handicap physique, ne décollera pas. À la place, Senior s’enfonce de plus en plus profondément dans le trafic de stupéfiants.

Sans séquelle apparente, c’est donc ainsi que le Floyd Mayweather qui combattra Conor McGregor a été baptisé par la vie. Et si vous pensiez qu’on est sur un « regrettable, mais rare accident de parcours », préparez-vous à bader.

Pendant que son fils grandit et développe un talent quasi divin pour le Noble Art, Floyd Sr vent de la dope. De ses propres dires « pour subvenir aux besoins de (ses) enfants, qui ne manquèrent jamais de rien ».

Conor McGregor, Floyd Mayweather – Nés sous la même étoile

Leur relation, pourtant, se limite uniquement aux cours particuliers de boxe dispensés par Sr. « Je n’ai pas le souvenir qu’il m’ait amené où que ce soit, ou de faire quoi que ce soit avec lui qu’un père ferait normalement avec son fils. Aller au parc, au cinéma, acheter des glaces. » dira Junior.

La journée le petit Floyd est à l’école, mais parfois lorsqu’il rentre le soir, des seringues jonchent la terrasse de la maison. Sa mère et sa tante sont accros à la drogue. Sa tante d’ailleurs, mourra du SIDA.

Il lui reste la boxe. « Et la Boxe, c’est tout ce que j’ai jamais connu » confesse-t-il. Alors le petit Floyd s’entraîne, et il s’entraîne dur. Au « Pride Gym » de Grand Rapids, où il s’entraîne principalement, il met des étoiles dans les yeux à tout le monde. Tout le monde sauf son père pour qui ça n’est jamais assez, et qui le frappe alors pour tout et n’importe quoi.

Floyd, fatigué de tout ça, de toute cette merde, commence à prier pour le jour ou il pourra s’en éloigner. Il faudra encore quelques années. En attendant, sa famille déménage beaucoup, et il est transbahuté d’une maison à l’autre. À treize printemps il passera trois ans dans un appartement de New-Brunswick, New-Jersey. Il y partage une pièce avec sept autres personnes. « On n’avait pas de chauffage, pas d’eau chaude, rien. »

Conor McGregor, Floyd Mayweather – Nés sous la même étoile

Pourtant au milieu de toute cette boue, de toute cette gerbe, de toute cette chiasse, une lumière subsiste. S’affirmant de jour en jour, elle grandit jusqu’à en devenir éclatante. Floyd Mayweather Junior, le boxeur, se transforme, lentement mais sûrement en l’un des meilleurs artistes de sa génération.

En 1993 Floyd a seize ans et au même moment qu’il gagne son premier Championnat Golden Gloves des moins de 49 kilos, son père est arrêté et jugé pour trafic de cocaïne. Il restera en prison pendant cinq ans et demi. Le jeune prodige dut alors apprendre à vivre et se débrouiller sans son père et sans son coach principal. Les seuls mots que Floyd peut sortir quand il évoque ce moment ? « Je voulais pleurer de le voir comme ça. Mais j’étais supposé être un homme, alors je ne l’ai pas fait. »

C’est son oncle Roger Mayweather aka « Black Mamba » qui prend alors le relais de son frère pour l’entraînement, avec toujours autant de succès à la clé. Floyd Sr et son frère Roger commencèrent alors à se brouiller, chacun tentant de tirer la couverture du succès vers soi. À ce jour, ils ne se sont d’ailleurs toujours pas réconciliés. À son retour, Floyd Sr reprend sa place d’entraîneur, mais peu à peu les relations entre le père et son fils se dégradent, et Senior est bientôt viré de l’équipe. Floyd Jr clame alors au New-York Times, enragé ; « mon père est jaloux de moi. Sa carrière n’a jamais décollé, il sait qu’en tant que combattant il n’a jamais été aussi bon que moi. En fait, il n’a jamais été meilleur que moi sur rien du tout. » Ambiance. Bon depuis, ils se sont théoriquement rabibochés et une série TV sur leur relation a même été montée.

Conor McGregor, Floyd Mayweather – Nés sous la même étoile

Si on devait extraire quoi que ce soit de tout ça, alors une chose est sûre : si McGregor a annoncé vouloir « casser mentalement » Mayweather, ça s’annonce très, très, très compliqué. Voir, soyons honnêtes, quasi impossibles. L’expérience nous a prouvé à de nombreuses reprises ce que donnent les combattants aux enfances perdues comme celle-ci lorsqu’ils sont lâchés au milieu du chaos. Et c’est généralement il en ressort une machine de guerre, un combattant incassable, froid et imperturbable psychologiquement.

Alors on ne va pas se le cacher, il est très peu probable que « renoncer sous la pression » fasse même partie du vocabulaire de Floyd « Money » Mayweather. À bon entendeur Irlandais…

SUR LE MÊME SUJET :

Conor McGregor, Floyd Mayweather – Nés sous la même étoile

Notorious

Pour Conor McGregor, la jeunesse fut beaucoup moins sombre, plus ordinaire (on se demande bien d’ailleurs comment Universal, qui prépare un film sur sa vie, va tourner ça pour que ça ait de la gueule…). Il naît et grandit à Crumlin, une banlieue de Dublin. Il va à l’école sans se passionner pour, et oriente rapidement son intérêt vers les sports. Son premier amour est le football, il est fan de Manchester United et ne loupe aucun entraînement. Mais le destin, sacré coquin, plaça aussi comme « de par mazard » un club de boxe à côté de chez la famille McGregor. Par curiosité, Conor passe de temps en temps voir les entraînements avant et après le foot. À 12 ans, piqué, il franchit le pas et s’inscrit au Crumlin Boxing Club. Très vite alors, son intérêt pour le ballon rond s’essouffle : il n’y en a plus que pour la boxe Anglaise.

Lorsqu’il eut quinze ans, toute la famille McGregor déménage à Lucan, un bled paumé encore plus en périphérie de Dublin. Pour le jeune Conor c’est un déchirement, il perd tous ses repères, tous ses amis et se retrouve seul. Il en voudra longtemps à ses parents, mais comme il le dit lui-même « je me suis retrouvé isolé. Je me suis retrouvé seul avec mes pensées, beaucoup plus. Et je crois que se retrouver seul avec ses pensées est une bonne chose, car ça te permet de comprendre les choses par toi même. C’est ce qui m’est arrivé à Lucan. »

Conor McGregor, Floyd Mayweather – Nés sous la même étoile

En plus de continuer la boxe anglaise, il prend des cours de kickboxing. Quelque temps après, il se met même au Jiu-Jitsu à la Straight Blast Gym de Dublin ou il rencontrera son futur coach principal : John Kavanagh. Le tigre commence à aiguiser ses griffes.

Niveau scolaire en revanche, le tigre a beaucoup plus de mal à aligner les victimes. Il décide d’ailleurs d’arrêter après le lycée. Mais pour ses parents, pas question de laisser leur fils se perdre dans un milieu ou aucun autre Irlandais n’a jamais percé : il doit trouver un travail. C’est sa mère, Mags, qui lui en dégottera un en temps que plombier.

Conor va alors charbonner dix, parfois jusqu’à douze heures par jour sur les chantiers à jouer de la clé à molette. Il en détestera chaque seconde. Pire, il observe les gens avec lesquels il travaille et il se rend compte des dégâts que les années de labeur peuvent porter au corps. Tous les jours après le travail, il fonce à l’entraînement pour assouvir sa passion. Mais le rythme commence à être insoutenable.

Refusant de continuer une minute de plus, il prend alors la décision qui changera la face du monde des sports de combat à tout jamais : il décide de devenir combattant professionnel.

Conor McGregor, Floyd Mayweather – Nés sous la même étoile

 

Lorsqu’il annonce la nouvelle à ses parents, c’est une explosion de rage. Il faillit en venir aux mains avec son propre père, Tony, qui lui exhorte de lui nommer un seul Irlandais qui a réussi dans cette voie de garage. C’est l’incompréhension, ses parents sont détruits par la nouvelle.

Conor lance alors à son père « tu seras bien désolé quand je serai millionnaire ! À 25 ans je serai millionnaire et je me serai fait tout seul ! ». Ce dernier ricane, chauffé d’entendre de telles absurdités. Il le deviendra à 26. Le reste de l’histoire, on la connaît.

Conor McGregor, Floyd Mayweather – Nés sous la même étoile

Un événement crucial, mais néanmoins oublié de ce conte du 21e siècle, se produisit en parallèle de tout ça. La sœur de Conor, adepte de musculation et de soin du corps en général, découvre et se fascine pour un livre : « le Secret » de Rhonda Byrne. Dans le bouquin, l’auteure explique en détail les tenants et aboutissements de ce que les anglophones connaissent sous le nom de Law of Attraction, la Pensée Positive. Elle explique que si on concentre ses pensées sur certains objectifs, certaines images que l’on souhaite voir se réaliser, alors elles se concrétiseront.

La première réaction de Conor est évidemment d’accueillir le bouquin comme un bon vieux ramassis de conneries. Normal. D’ailleurs il oubliera cet épisode pendant plus d’un an. Mais plus tard, alors qu’il vient de passer une particulièrement mauvaise journée, il se souvient. Il décide alors de jeter un œil à tout ça avec sa copine de l’époque, Dee Devlin, qui est aujourd’hui sa femme et la mère de son Castor Junior. Mais bon comme il a bien la flemme de se farcir la brique, il loue le DVD. À l’ancienne. Le film commence et Conor ne peut s’empêcher de lâcher des petits « booon comme prévu, c’est des conneries ! », mais à un moment, confie-t-il, il y eut un déclic. LE déclic.

Devlin et Conor commencent alors à mettre en pratique leur « pensée positive », l’appliquant partout. Moins de dix ans plus tard, il devient célèbre pour la prédiction des rounds dans lesquels il bâche ses adversaires jusqu’à l’inconscience.

Coïncidence ? Meeeh…

Partager cet article

Tags MayMac

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Frank

    Merci pour cet article bien documenté et au style toujours aussi jouissif !

    Répondre
  2. Plombier a Paris 75

    Cela se voit quue vous maîtrisez ien le domaine, le site est extrêmement enrichissant

    Répondre
  3. Cora

    Quuoi dire de plus ? Vous avez tout résumé sur
    ce post. Très enrichissant

    Répondre
  4. RN

    Ce serait bien de traduire les vidéos aussi . +++++++++++++++

    Répondre