Oui, Mohamed Ali a bien fait du MMA. C’était en juin 1976 contre un certain Antonio Inoki au Nippon Budokan de Tokyo.

Avril 1975. Nous sommes en 42 avant le séisme McGregor-Mayweather. « The Greatest of All Time », qui quelques semaines plus tôt mettait KO l’illustre Richard Dunn pour garder son titre de champion du monde, est à une réception ou se trouve également Ichiro Hatta, président de la Japanese Amateur Wrestling Association.

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Fidèle à lui-même, Ali déclare « Il n’y a vraiment aucun combattant Oriental qui puisse me challenger ? Je lui donne 1 million de dollars s’il gagne ! ».

« étant petit, il amusait ses camarades en creusant des piscines avec sa mâchoire » racontera amoureusement sa mère

Prenant l’Américain au mot, les Japonais lui font une offre de 6 millions de dollars pour combattre en règles mixtes contre un de leurs catcheurs stars : Antonio Inoki. Ne reculant devant aucun challenge, le Louisville Lip accepte les conditions. Le combat labellé « Guerre des Mondes » est organisé et le match se tiendra à Tokyo. Côté Américain, on organise la soirée télévisée avec une première partie retransmise du Shea Stadium, ou une autre superstar du catch, Andre the Giant, affrontera un boxeur pro (Chuck Wepner, qu’Ali avait également mis KO quelques mois auparavant) pour un combat chorégraphié.

Autant vous prévenir, l’essentiel de l’action aura lieu avant même le combat, avec un Ali déchaîné en conférence de presse : « Comment ça s’appelle déjà les oiseaux qui ont une grosse mâchoire comme ça ? Les pélicans ! Désormais, tu seras un pélican. »

Et quand Inoki répondait en Japonais, « Est-ce que tu viens de m’appeler négro ? ».

De son côté, Inoki offrira solennellement à l’américain… une béquille.

Tout ça dans la bonne humeur et la décontraction la plus totale entre les deux hommes, tout sourire.

Pendant la pesée, ils s’amuseront même à se bagarrer comme des enfants sous les flashs des journalistes.

https://youtu.be/70jRxckEdeY

Les règles

La rencontre sera arbitrée par l’ÜBER-LGENDE : « Judo » Gene leBell, champion de Judo qui a appris le grappling a Bruce Lee et endormi dans la vraie vie l’insolent Steven Seagal (qui ne croyait pas à l’efficacité des étranglements arrière).

Côté règles en revanche, c’est la fête du slip. Il était même prévu à la base que le combat soit monté de toutes pièces : Ali mettrait accidentellement l’arbitre KO, et lorsqu’il irait lui porter assistance, Inoki le mettrait KO avec un high kick. Mais quand il apprit qu’il était supposé perdre pour combler les fans Japonais, « The Greatest » a tout de suite été beaucoup moins chaud. Alors ils sont partis sur l’idée d’un vrai combat.

Modifié sans arrêt jusqu’à quelques heures même avant que le combat ne débute, le règlement stipule qu’Inoki n’aura pas le droit de mettre Ali au sol de quelque manière que ce soit, qu’il ne pourra pas mettre de kick à moins d’avoir un genou au sol, et que lesdits kicks ne devront pas monter plus haut que les hanches. Enfin l’entourage d’Inoki affirma que les copains d’Ali les avaient menacés de mort si jamais le Japonais posait un doigt sur leur Champion.

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Bref, un doux parfum de mascarade, une cacophonie totale et pour finir : un bon gros soufflé.

Le combat

Dès le tintement de la cloche c’est le début des hostilités, Inoki se rue vers Ali et tente de lui découper les jambes en flying low-kick. L’Américain se décale et l’évite facilement.

Pour le reste, l’intégralité de la rencontre peut se résumer en trois lignes : Inoki sur son dos qui tente de détruire les jambes d’Ali, qui y parvient d’ailleurs petit à petit, et l’enfant de Louisville qui se moque et provoque le catcheur Japonais sans pouvoir vraiment faire quoi que ce soit.

Il faudra attendre le 7e round pour voir le premier punch lancé par l’Américain. C’est au 7e round également que la rigolade commence à tourner en eau de boudin. Car les low-kicks du Japonais touchent, et commencent à faire de plus en plus mal. Tellement mal qu’à plusieurs reprises Ali est envoyé au sol par la puissance des coups. À la fin du round, la caméra s’attarde sur son genou gauche, sur lequel une boursouflure commence à apparaître.

Vers les dernières reprises, Inoki se lance dans des phases de clinch mais sans en tirer avantage, les règles ne le permettant pas.

Ça aura ressemblé à tout sauf à un vrai combat et on n’est honnêtement pas loin de la farce complète.

À la fin de la rencontre, le public commence à jeter des objets sur le ring de mécontentement, et à la fin des 15 rounds le combat sera déclaré « égalité ». Ç’aura été tellement douloureux à regarder que le lendemain, les médias américains se lâcheront sur l’insipidité du combat : « Ali prend 6 millions, et des huées de la planète entière » titrera l’un d’eux.

Mais au-delà de la farce, Ali garda longtemps les séquelles physiques de sa rencontre du 3e type. Les low-kicks répétés ont causé une hémorragie interne et la formation de caillots de sang dans la jambe d’Ali, le forçant à aller à l’hôpital après le combat. Ce fut tellement sérieux que la légende voudrait même que l’amputation ait été considérée à un certain point. Mais là c’est de source Wikipédia donc on ne va pas non plus mettre le tampon de la « vérité intergalactique » sur l’info…

Aussi douloureux à regarder que ça ait été, Ali vs Inoki (qui devinrent amis par la suite) fût néanmoins le premier superfight entre le monde du combat mixte et celui-là boxe professionnelle.

Il inspira les élèves d’Inoki, Masakatsu Funaki et Minoru Suzuki qui fonderont le Pancrase en 1993. Pancrase qui lui-même inspirera Nobuyuki Sakakiraba (et on vérifiera en fin de séance que vous avez bien retenu tous les prénoms) pour fonder le Pride FC.

Ce qui est un des moments les plus embarrassants de la carrière du boxeur-poète est donc également une des pierres fondatrices du MMA contemporain.

Concernant Inoki, sa mâchoire a continué de grossir sans aucune limite et il est désormais pressenti pour réaliser le motion capture de Godzilla dans le prochain opus. #GodzillaBomaye

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Tags MMA

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