« On Te Regarde Seulement », premier morceau officiel de Eddy Mufasa a été un succès entre le Togo son pays d’origine et l’Italie. En moins de six mois, le jeune homme de 26 ans a su séduire son public togolais, africain et sa fanbase naissante en Europe ! Cet artiste passionné de musique soul, hip-hop, blues propose une nouvelle sauce qui semble s’adresser à tous les âges et à tous les pays : « Guitar Love ». Une originalité inédite que ce jeune talent originaire du sud du Togo nous fait découvrir à travers une vidéo tournée en Italie. Nous sommes partis à la rencontre du rappeur qui nous parle de son nouveau breuvage.

De « On Te Regarde Seulement » à « Guitar Love », tu te découvres d’abord dans un style rap égotrip et farouche, pour te montrer beaucoup plus tendre dans le nouveau titre. Dans lequel de ces univers tu te retrouves réellement ?
Je pense que je me retrouve dans les deux univers. Ça part du fait que j’ai grandi dans une maison où mon père écoutait tout genre de musiques et ayant grandi avec cette oreille mélodique, je me suis découvert une personnalité qui peut voguer un peu sur tous les genres musicaux qui ont bercé mon enfance. Chaque chanson que je fais dépend de l’état d’âme dans lequel je suis et de ce que j’ai envie d’exprimer. C’est pour ça que dans « On Te Regarde Seulement » j’exprime un message particulier qui s’inscrit dans un cadre un peu plus hip-hop, égotrip, par contre dans « Guitar Love » j’ai voulu exprimer ce côté tendre où je dis les choses comme elles sont et je me rapproche plus de la réalité. Je donne plutôt ma vision des choses. Dans les deux univers, je me retrouve parfaitement bien, il y en a encore plus parce que mon univers j’ai commencé à le partager avec mon public il y a juste quelques mois.

Dans quel genre reconnaît-on Eddy Mufasa ? Blues ? Soul ? Hip-hop ? « Guitar love » s’inscrit dans quel genre musical ?
Je dirais que « Guitar Love » c’est un mélange de jazz et de blues en ce sens que les accords de guitare sont dans la mélodie jazz et la façon dont je chante c’est du blues. C’est une inspiration que j’ai quand j’écoute surtout du Bella Bellow. J’ai ajouté aussi la touche hip-hop. 

Pour parler du contenu de la chanson, quel message passes-tu ?
« Guitar Love » part d’une analyse que j’ai faite personnellement concernant les relations amoureuses. J’ai remarqué que j’avais beaucoup d’amis autour de moi qui dans leurs couples avaient des difficultés. La plupart rattachent à la définition de l’amour quelque chose de beau et le moment où tout est parfait. En grandissant dans ma famille où j’ai eu la chance d’avoir mes parents près de moi, j’ai vite compris que les relations d’amour, ce n’est pas seulement des moments de joie, c’est aussi des moments de peine. C’est quand vous vous disputez, vous vous séparez, mais après vous revenez sur votre décision parce que vous avez envie de construire quelque chose. Malheureusement ma génération le voit d’un autre œil, quand une relation ne marche pas, la première réaction est de se fuir, de partir, de chercher autre chose. C’est pour cela que j’ai voulu m’exprimer sur ma façon de voir les choses, ça peut paraître un peu vieux jeu, mais il est important que je donne ma conception des choses, voilà ce qui m’a conduit à faire le morceau « Guitar Love ». Après la touche particulière a été d’avoir essayé d’être vrai le plus possible dans le message et de dire les choses comme je le sentais au fond de moi.

Une musicalité riche et à la fois sobre, un instrumental simple et mélodieux, une vidéo tournée avec professionnalisme, une parfaite mixture qui fait déjà ravage dans ton pays d’origine, le Togo. Au niveau occidental, quels sont tes objectifs avec ce single ?
Je suis de nature à aimer les défis. On a tendance à marginaliser les artistes africains en général donc leur succès étonne. Mais en réalité nous sommes vraiment riches chez nous. J’ai donc envie de dire qu’avec le marché occidental et l’originalité africaine on peut faire beaucoup de choses. Le talent est partout, pas seulement ici. Mon objectif est d’ouvrir les portes, briser les barrières et surtout ses blocages qu’on a dans la tête réussir à les enlever.

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Tu rappes en anglais et dans un dialecte africain ? C’est lequel ? Pourquoi ce choix ?
C’est « l’Ewé ». C’est un dialecte qui est parlé en Afrique de l’Ouest dans trois (3) pays et un peu plus d’ailleurs. Je rappe dans cette langue parce que c’est la langue que mes deux parents parlent de naissance et j’ai voulu exprimer mon message en Ewé parce que c’est plus simple, ça passe plus et les gens savent se reconnaître dans ce que tu dis surtout dans les régions dont je suis originaire. Je rappe aussi en anglais parce que ce que beaucoup ignorent c’est que je ne suis pas 100% togolais, je suis un peu 50% ghanéen (pays anglophone de l’Afrique de l’Ouest). Cet usage de l’Ewé c’est surtout de pouvoir s’affirmer, d’être comme on est, de pas toujours se cacher derrière la langue de l’autre. On ne peut pas fuir ce qu’on est donc l’Ewé c’est pour moi une manière de prouver que j’ai beau faire ce que je veux faire je reste quand même un enfant du pays. Proposer cela sur le plan international je pense que ça passe. L’expérience que j’ai déjà faite m’a permis de comprendre que ce n’est pas la langue dans laquelle tu chantes qui fait marcher ce que tu fais comme musique. Ce sont les émotions qu’il y a derrière, c’est le travail surtout, il faut être méticuleux. C’est tout un ensemble de choses qui fait qu’une chanson devient un hymne pour plusieurs personnes. Je me rappelle très bien que j’écoutais souvent Angélique Kidjo une artiste que j’adore. Je n’ai jamais vraiment compris ce qu’elle disait, mais cela ne m’a jamais empêché de faire ce que je voulais faire. De la même façon, aujourd’hui j’écoute de la musique jazz, blues ou du funk, c’est des genres de musique dans lesquels tu écoutes seulement les instruments, mais après c’est les émotions que ça dégage, tout le spirituel qu’il y a derrière en fait. Je pense que la langue c’est juste un moyen de s’exprimer et ce qu’il y a derrière c’est la musicalité et les émotions.

Un instrumental très réussi. On pousse la curiosité pour connaître le producteur à la base …
Le producteur il s’appelle Mykal Riley, c’est un Américain. Je l’ai rencontré par hasard, c’était pas prévu. On écoutait des prods qui nous ont plu. À la base cet instrumental c’était un essai, un truc que beaucoup de gens ne voulaient pas, c’est quand même assez drôle qu’on l’ait pris et qu’on ait fait quelque chose de sérieux avec [Rires].

Interview Eddy Mufasa – « Guitar Love c’est un mélange de jazz, blues et de rap ! » 

Une vidéo exceptionnelle réalisée en Italie. D’où l’idée de shooter dans des plaines verdoyantes ?
En fait l’idée du clip est venue de mon collaborateur, ami et beatmaker Kick F qui a eu l’ingénieuse idée de faire un clip différent des autres.  Il m’a dit « Pourquoi on ne fait pas un clip de ce genre, pourquoi pas un truc comme ça… ». Ce que beaucoup de gens ne remarquent pas dans ce clip c’est que la caméra ne s’arrête pas, c’est pas un montage en fait. La caméra continue à tourner et on a dû faire un travail de malade pour ne pas s’arrêter, chaque fois que la caméra tournait il fallait courir se changer. C’est un truc que les réalisateurs appellent « One take », ça se fait généralement au cinéma parce que les acteurs sont professionnels ainsi il y a une marge d’erreur limitée. On s’est donc donné le challenge de le faire. Avant de tourner ce clip, j’avais une tout autre idée en fait, de même que l’équipe, mais Kick F a réussi à imposer l’idée donc tout le crédit du clip lui revient. 

Des artistes européens avec lesquels tu rêves de collaborer ?
Forcement il y en a beaucoup. Sur le marché européen quelqu’un qui me fascine c’est Craig David. Mais plus en général dans le monde, je citerai une artiste africaine comme Angélique Kidjo qui a bercé mon enfance.

Qu’est-ce qui se passe après ? Les projets à venir ?
« Guitar Love » est le premier extrait d’un album que je prépare pour fin 2017. Je ne vais pas dévoiler les sons, mais je promets beaucoup de surprises, beaucoup d’originalité, des artistes inédits, des gens avec qui personne n’aurait pensé que j’aurais collaboré. Ce serait un album un peu particulier, en ce moment je ne peux pas dire plus que ça, mais je veux dire aux fans et à tous ceux qui soutiennent que ça en vaut la peine et que quand l’album sera dehors ça me fera plaisir d’avoir leur avis et de les voir écouter et faire tourner. Par Jude B.

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